En conseil des ministres d’hier mercredi 15 septembre 2021, le gouvernement burkinabè a décidé de transmettre au Parlement, un avant-projet de loi portant autorisation de ratification d’un accord de coopération dans le domaine de l’industrie de la défense entre les gouvernements du Burkina Faso et de la Turquie. Les deux pays, faut-il le rappeler ont signé des accords bilatéraux depuis 2001 et cela dans plusieurs domaines. « En considérant le contexte d’insécurité difficile que traverse notre pays, sous la houlette du président du Faso qui s’est rendu à Ankara le 11 avril 2019, les gouvernements des deux pays ont signé un accord de coopération dans le domaine de l’industrie de la défense qui concerne le développement, la production, les achats et l’entretien de biens et services de défense.
La ratification de cet accord permettra au Burkina Faso de mettre en place des projets de développement, de production et d’achat d’équipements et de matériels militaires », a précisé le ministre, Porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura. A voir de près, le Burkina Faso, au-delà de ses partenaires traditionnels notamment la France, les Etats- Unis et l’Union européenne, cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en matériels et équipements militaires, mais aussi de formation de ses combattants et d’appui à la lutte contre le terrorisme. Longtemps assujettis à des accords de défense aux contenus toujours tenus secrets, le pays des Hommes intègres , bien que reconnaissant à ses partenaires traditionnels pour leurs multiples efforts , se devait de s’émanciper pour explorer d’autres horizons, surtout qu’il peine à voir le bout du tunnel dans la lutte contre l’insécurité qu’il vit depuis plus de six ans.
Changer de fusil d’épaule ou, à tout le moins, s’offrir du sang neuf ne serait pas un crime, si l’on sait que les initiatives jusque-là développées n’ont pas produit les résultats escomptés. Au moment où le principal soutien sahélien de la lutte contre le terrorisme, Barkhane, a entamé la réduction de ses effectifs sur le terrain, chaque pays doit se donner les moyens de sa politique de défense en diversifiant ses relations à travers le monde. Il s’agit là d’une ambition tout à fait légitime pour un Etat qui, au regard des enjeux de souveraineté, n’a d’autres solutions que de développer des initiatives pour soutenir sa lutte contre les forces du mal. De toute évidence, les enjeux diplomatiques et d’influence peuvent peser dans la balance, en référence au tollé général suivi de pression que suscite, dans certaines chancelleries, le projet d’accord entre le Mali et la société privée russe Wagner.
En effet, si certains Etats mettent en avant le volet « droits de l’homme », rappelant les nombreuses accusations d’exactions, particulièrement violentes, dont les agents de Wagner font l’objet en Centrafrique ou en Syrie, il n’en demeure pas moins que les enjeux économiques sous-tendent, outre mesure, les réactions de ses partenaires occidentaux du Mali. Il reste à espérer que la solution turque à travers cet accord de coopération dans le domaine de l’industrie de la défense que le gouvernement burkinabè s’apprête à soumettre à l’approbation du Parlement ne soulève pas le courroux de ses autres partenaires, si l’on sait que les forces spéciales de l’opération Barkhane sont basées à Ouagadougou.
Jean-Marie TOE
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