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Système ouest-africain d’accréditation : Un vecteur de la compétitivité de la région

Bâtir une infrastructure qualité communautaire, autour du socle de l’accréditation, constitue un impératif pour les économies ouest-africaines. La tâche est immense, coûteuse, mais les enjeux y relatifs ne laissent pas autre choix. 

L’Afrique représente environ 2% du commerce mondial, avec un commerce intracontinental estimé à moins de 15% du volume de ses échanges avec le monde. Ces éloquentes contre-performances du continent résident dans sa faible compétitivité économique, les barrières commerciales non-tarifaires. L’entrée des produits africains sur le marché international bute sur l’absence des certificats de conformité reconnus à l’international, résultat d’une insuffisante intégration de la démarche qualité dans ses systèmes productifs. L’enjeu semble bien compris par l’UEMOA qui a décidé, en 2005, de bâtir une infrastructure qualité communautaire autour du Système ouest-africain d’accréditation (SOAC).

La norme ISO/CEI 17000 définit l’accréditation comme « une attestation délivrée par une tierce partie, ayant rapport à un organisme d’évaluation de la conformité, constituant une reconnaissance formelle de la compétence de ce dernier à réaliser des activités spécifiques d’évaluation de la conformité ». Autrement, l’accréditation atteste, garantit la compétence, l’indépendance et l’impartialité des organismes d’évaluation de la conformité (OEC), à savoir les laboratoires, les organismes de certification, d’inspection.

Lorsque le Laboratoire national de santé publique (LNSP) du Burkina certifie qu’un jus obéit aux standards de qualité, qu’est-ce qui fait foi qu’il dispose des compétences techniques et humaines requises, s’il n’a pas l’accréditation d’un organisme habilité comme le SOAC ?

Les enjeux stratégiques liés à l’accréditation des OEC sont énormes. Lorsqu’un Burkinabè promoteur d’une laiterie, pour accéder au marché international, est contraint de recourir à un laboratoire parisien pour bénéficier d’un certificat de conformité, peut-il ignorer le gain d’argent, de temps qu’il aurait réalisé si les choses se passaient à Ouagadougou ? Assurément, non !

L’exemple illustre la place centrale de l’accréditation dans les économies ouest-africaines en matière d’accès au marché international, d’accords de reconnaissance mutuels. Pilier de l’infrastructure qualité, elle instaure la confiance du consommateur, renforce la consommation des produits locaux, nécessaire pour assurer la croissance économique, lutter contre la pauvreté dans une région confrontée à une conjonction de crises.

L’accréditation participe également à la santé publique, garantit l’efficacité des systèmes sanitaires. Qu’est-ce qui rassure que les laboratoires d’analyses biomédicales produisent des résultats non-discutables ?

L’impérieux engagement

« Il ne suffit pas de réaliser des tests COVID-19, conclure qu’ils sont positifs, négatifs ! L’accréditation va au-delà, prend en compte le dispositif logistique, organisationnel mis en place : l’échantillonnage, les prélèvements, la conservation, la qualité des réactifs, etc. », souligne le chef de service certification de l’ABNORM, Gustave Yaguibou.

Au-delà du dispositif communautaire, au niveau étatique, des efforts doivent être consentis à la hauteur des enjeux. Si l’existence d’une vingtaine d’OEC accrédités à l’échelle sous-régionale est à saluer, elle est révélatrice de l’immensité des challenges à relever en matière d’accréditation. Et Dieu seul sait combien les défis de la région sont nombreux dans les domaines des matériaux de construction, agroalimentaire, biomédical, de l’énergie renouvelable, de la protection de l’environnement !

Les pays ouest-africains se doivent de les relever s’ils veulent réaliser leur relance économique post-COVID-19, tirer leur épingle du jeu sur le nouveau marché de la ZLECAf. Mieux, le SOAC a un rôle à jouer dans le projet ECOQMARK, la marque de conformité de la CEDEAO.

Tout cela exige un impérieux engagement des Etats, du secteur privé, devant se traduire par un volontarisme, des actions concrètes durables :  mise en place de Fonds d’aide à l’accréditation, formation de l’expertise dans les différents maillons de l’infrastructure qualité. Le tout assorti d’un cadre juridique propice.

Mahamadi SEBOGO

 

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