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IIe congrès extraordinaire du MPP : La succession à Roch déjà lancée

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) tient un congrès extraordinaire du 24 au 26 septembre 2021. Le parti au pouvoir, au cours de ce raout, va élire les membres de son bureau politique national. L’actuel président du parti qui devrait voir son poste mis aux voix, assure une chose : Roch Marc Christian Kaboré ne sera pas candidat pour les prochaines élections présidentielles.

Il n’y aura pas de troisième mandat pour le président Kaboré, et s’il n’est pas suicidaire, il n’en demandera pas, dit Simon Compaoré. Concernant son propre sort, il nous renvoie au congrès, avec dans la voix la certitude d’être toujours là, heureux comme quand il se met à parler en langues. Ce congrès va sûrement adouber la fusion avec le MPP, de partis de l’alliance de la majorité présidentielle, sortis bredouilles des dernières élections législatives.

Qu’est devenu le MPP après deux élections présidentielles et législatives gagnantes ? Même si ce sont des majorités étriquées qu’il a obtenu, il a toujours réussi à tisser des alliances et à retourner ses opposants les plus irréductibles pour diriger le pays. Quel est le bilan des six ans de MPP au pouvoir ? Venu au pouvoir avec les attaques terroristes, qu’a-t-il fait pour la sécurité du pays ? Que dire de l’emploi des jeunes et de la lutte contre la vie chère ?

Il est heureux et fait son show devant les caméras, Simon Compaoré, mais en début d’année 2014, il faisait moins le fier, et ils étaient dans la mouise, lui et ses camarades, face à François Compaoré qui tissait sa toile et le Ve congrès du CDP en 2012 qui les a envoyés à la trappe comme conseillers. Mais c’était méconnaître la force et la résilience du regretté Salif Diallo, qui va convaincre Rock Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré d’entrer en dissidence contre leur ancien mentor commun, Blaise Compaoré qui était en pleine campagne pour la révision de l’Article 37 de la constitution et la création d’un sénat.

En décidant de claquer la porte du CDP avec septante deux autres comparses, le trio des pères fondateurs du MPP avait envoyé un boulet de feu contre le régime qui le fera trembler sur ses bases, avant que l’insurrection ne vienne le jeter à terre et provoquer la fuite en Côte d’Ivoire de celui qui avait pris la succession d’Houphouët Boigny en Afrique de l’Ouest, comme médiateur et le sage ayant l’oreille des Occidentaux.

La meilleure leçon de la création du MPP est contenue dans cette citation de Thomas Carlyle : « L’adversité est la poussière de diamant avec laquelle le ciel polit ses joyaux. » Mais après cette lutte contre le dictateur, par les ex sous dictateurs, de l’eau a coulé sous les ponts, et le pouvoir a changé de mains suite à des élections, où le peuple a donné sa confiance à ceux qui étaient avec l’ancien tyran, par deux fois, plutôt qu’une.

Mais qu’ont-ils fait, que feront-ils de la victoire dans les urnes ? Le MPP et ses dirigeants ont-ils regardé le monde et notre pays avec de nouvelles lentilles ? Ont-ils rénové la vie politique et surtout la vie des gens, les vrais gens comme dirait l’autre, les petites gens, les gens d’en bas ?

Reconnaissons leur cela au moins, ils ont fait disparaître des sigles de partis comme la Convention démocratique nationale (CND), la Convention nationale pour le progrès du Burkina (CNPB), Le Mouvement du peuple pour le socialisme/parti fédéral (MPS/PF), Le Parti patriotique pour le développement (PPD), Le Parti pour la concorde et le progrès du Faso (PCD), Le Rassemblement pour la prospérité populaire (RPP Guassigui), l’Union des démocrates pour le progrès social (UDPS), l’Union des patriotes pour le développement (UPD) qui vont se fondre dans le MPP à sa création.

A ce congrès extraordinaire, de nouveaux partis vont rejoindre le MPP, et leurs sigles n’apparaitront plus dans la presse. Mais la création des partis est l’œuvre d’entrepreneurs politiques, de nouveaux se créeront tant que des espoirs de gains existeront dans l’aventure et disparaitront aussi un jour.

Un pays ne confie pas sa défense à des étrangers

Arrivé au pouvoir en 2015, avec les premières attaques terroristes, le MPP a balbutié la gestion de cette question jusqu’à ce jour et son président actuel s’y est cassé les dents. Le secteur de la défense et de la sécurité a fait beaucoup d’anciens ministres. Les deux nouveaux en poste ont annoncé une stratégie de lutte contre le terrorisme. C’est déjà une chose de faite, mais cette guerre nous demande beaucoup.

Considérer les questions de défense et de sécurité comme des choses secrètes et interdites au commun des mortels est une erreur. Non seulement les partis doivent se pencher sur le sujet et avoir des solutions à proposer, mais aussi les députés doivent contrôler l’utilisation des immenses crédits accordés au ministère de la Défense. Le chômage des jeunes peut emmener certains d’entre eux à prendre les armes contre leur pays. Aussi les militaires devraient réfléchir sur comment acheter moins à l’étranger et travailler avec le plus possible d’entreprises nationales, pour que la défense du territoire s’accompagne et soit source d’indépendance économique et de lutte contre le chômage.

À ce niveau, est ce demander la lune que de penser que des choses peuvent se faire au niveau de l’habillement, de la nourriture etc.? Est-ce normal que les soldats en mission soient obligés de faire la cuisine au feu de bois, comme en temps de paix ? Ne pouvons-nous pas trouver des rations alimentaires pour ces périodes ?

Rechercher des solutions, c’est cela que commandent les temps que nous vivons et c’est bien de rechercher nos propres solutions au lieu de penser que ce sont les autres qui ont la solution : Français ou Russes. Un pays ne confie pas sa défense à des étrangers, auquel cas il renonce à la liberté, à l’indépendance et au contrôle sur ses ressources. Personne ne défendra notre pays à notre place. Lier la défense à la lutte contre le chômage des jeunes et à la promotion de l’économie nationale est assurément une question stratégique dans la lutte contre les groupes terroristes.

Simon Compaoré a succédé à Salif Diallo qui avait pris les rênes du parti quand Roch Marc Christian Kaboré a été élu président. Il sera réélu président du MPP, sauf tremblement de terre. Mais que fera-t-il après ? Son CV semble le moins étoffé comparé aux deux autres.

Comme directeur de campagne, il peut se vanter d’avoir fait élire Roch Kaboré, comme l’a fait avant lui, Salif Diallo. Mais cela fait-il de lui le candidat naturel du MPP à la succession ? Il n’est pas loin de le penser, mais l’homme en a-t-il les capacités et les qualités ? Des trois, Roch Kaboré avait le plus les qualités de la fonction par son côté modéré, rassembleur, à l’écoute des autres et peu clivant comme personnage.

Salif Diallo le savait et c’est pourquoi la solution RMCK a été gagnante. Simon Compaoré a beaucoup de qualités, mais il est l’opposé de Roch et il a du travail à faire sur son image, pour faire le candidat idéal. Mais qui alors si ce n’est pas le tour de Simon ? La question n’est pas à l’ordre du jour, mais le parti y réfléchit et les ambitions ne manquent pas.

Sana Guy
Lefaso.net

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