Les bwaba de Solenzo organisent du mardi 14 septembre au jeudi 30 septembre, une série d’initiations des personnes de tout âge.
La communauté Bwa de Solenzo fait un retour à la tradition ancestrale. Du 14 au 30 septembre 2021, une cérémonie d’initiation qui concerne les personnes de tout âge a été organisée à cet effet. Selon Alain Coulibaly, garant de la tradition, cette cérémonie d’initiation ne se fait pas à chaque moment. La dernière en date est de plus d’une vingtaine d’années. Seul un vieil homme initié peut autoriser cette tradition avec toutes ses conséquences. Car, celui qui l’ordonne meurt avant les quatre ans qui suivent la cérémonie. Pour la présente, c’est Ouettien Théophane Kienou, qui l’a autorisée.
Les rituels de l’initiation seront faits en trois phases, c’est-à-dire en 2021,2023 et 2025. Ce retour aux sources ancestrales, selon Alain Coulibaly, nécessite une préparation minutieuse. Des battues de chasse appelées « tchaa » sont organisées ainsi qu’une collecte de céréales devant servir à la préparation de la nourriture. Les villages alliés comme Daboura (Daboura Sya) Baye (Baye Sya) et Solenzo (kandakuy Sya) y participent. Le puits ancestral qui ne contient d’eau qu’en cas d’initiation est vénéré. Après cela, par groupe de trois, les jeunes pilent le mil dans un mortier pour en faire la nourriture car, selon le garant de la tradition, durant la période d’initiation, les candidats ne rentrent plus, ni ne mangent chez eux.
Durant cette épreuve, les aînés administrent des coups de fouet aux pileurs de mil et aux provocateurs. Lors de la cérémonie, les jeunes appelés « yaro taaba » parés de cache-sexe, le torse nu, lancent le cri de guerre (kabakwééé).
Un vieux non initié n’est pas considéré par les siens
Une fois le rassemblement fait, la danse du Do, réservée uniquement aux initiés et aux parents à plaisanterie comme les Peulhs, les Dafings et les Ouattara, peuvent commencer. En file indienne, poulets en mains, les initiés avancent au rythme des tam-tams. En tête, il
Selon Alain Coulibaly, plus de 400 personnes sont devenues de vrais hommes en trois jours en se faisant initier
y a d’abord les forgerons (maîtres du feu et protecteurs des initiés contre tout esprit maléfique). Ils sont suivis respectivement par des initiés des quartiers Taakuy et Gnikakuy. C’est dans ce dernier quartier que l’on trouve la famille Sissian, responsable des masques. C’est Bèhoun qui boucle la file de la danse du Do.
Ce quartier est du chef de terre et a le pouvoir sur toute la communauté. Les grandes décisions lui incombent. Les poulets en mains sont tapés sur le sol et non égorgés. Ils sont déplumés et serviront de repas pour la nuit. Après la danse Do, les candidats regagnent les lieux d’accueil. Là-bas, ils dorment à même le sol et interdiction leur est faite de se laver ou de brosser les dents. Partageant le même repas, ils mènent une vie d’entraide, de solidarité et de tolérance. A l’issue des trois jours que dure chaque session, ils deviennent les hommes de brousse et peuvent porter pour une première fois un masque, le symbole du Do est sacré.
De l’avis de Alain Coulibaly, un vieux non initié n’est pas considéré par les siens. « Il n’a pas le droit à la parole. Et pourtant un enfant de trois ans initié, est considéré adulte et a un mot à dire devant l’autel de la tradition », a-t-il expliqué. Et d’ajouter que cette cérémonie contribue à promouvoir la paix, la quiétude et le vivre-ensemble dans le village de Solenzo.
Salifou OUEDRAOGO
Correspondant
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