Nouveau Sommet Afrique-France : « C’est toujours aussi affligeant » (Smockey)

Le 8 octobre 2021 à Montpellier en France, 3000 jeunes dont une quarantaine de Burkinabè vont rencontrer le Président Français, Emmanuel Macron, dans le cadre d’un sommet dénommé « Afrique-France ». A Ouagadougou, chez certains jeunes, le ton est monté d’une part quant au mode de désignation des représentants burkinabè et d’autre part sur le format même de cette rencontre.

Le Conseil national des jeunes du Burkina Faso (CNJ-BF) n’a pas mâché ses mots. Présidé par Moumouni Dialla, cette organisation ‘’apolitique’’ de jeunes a qualifié, le 1er octobre 2021 dans une déclaration, « d’immixtion » l’acte posé par l’Ambassade de France au Burkina Faso et les autres organismes français.

Cette réaction fait suite au mode de désignation des représentants burkinabè devant discourir devant le Président Macron à Montpellier. « La désignation a été faite par l’Ambassade de France en collaboration avec leurs institutions et organismes présents au Burkina Faso, parmi lesquelles il y a l’IRD, le CFI, l’AFD, le CIRDES et bien d’autres », rapporte le CNJ-BF citant un conseiller de l’Ambassadeur de France au Burkina Faso.

Une délégation du CNJ-BF a d’ailleurs rencontré un représentant de l’Ambassade de France pour leur signifier « qu’ils ne sont nullement habilités à désigner des jeunes Burkinabé pour participer à un sommet en France au nom de l’État, et particulièrement au nom des Jeunes ».

Lire Nouveau Sommet Afrique-France : Les attentes de deux jeunes participants burkinabè

Le même sentiment quant au mode de désignation a été partagé par Serge Balaya, secrétaire général du cadre ‘’Deux heures pour nous, Deux heures pour Kamita’’, qui considère que le mode de sélection des participants est « extrêmement déshonorant ».

« La France vend sous nos tropiques, la démocratie et la transparence, mais ne l’applique pas quand il s’agit d’elle », fait constater Serge Balaya. Selon le secrétaire général du cadre ‘’Deux heures pour nous, Deux heures pour Kamita’’, si c’est un sommet de réévaluation des partenariats Afrique-France, c’est au peuple burkinabè, à travers les institutions républicaines dont l’Etat central ou les structures spécialisées telles le CNJ-BF, de choisir ses représentants.

« Pour un sommet de ce genre, la société burkinabè a sa propre opinion de qui la représente. Je pense à Sams’K Le Jah, à Smockey, au Dr Seydou Ra-Sablga Ouédraogo. Ce sont des gens dont la carrure intellectuelle leur permette d’évaluer les enjeux de la politique française en Afrique », a insisté Serge Balaya.

Vidéo – Sommet Afrique-France : « Une farce de plus » selon Serge Balaya

Du côté du Balai citoyen, cette autre organisation de la société civile, la pilule ne passe pas malgré le changement de dénomination. Selon le porte-parole du Balai citoyen, l’artiste Smockey, « ils ont renversé l’appellation pour la rendre moins suggestive, mais c’est toujours aussi affligeant », convient-il.

« D’une part ça frise le délire narcissique que de prétendre « convoquer » un sommet entre une nation et un continent, et cela ne date pas d’aujourd’hui, d’autre part cela montre à quel point certaines nations occidentales et notamment la France sont prêtes à tout pour conserver leur « pré carré » », a commenté le porte-parole du Balai citoyen qui estime que la France n’a pas « besoin d’organiser un énième sommet pour savoir ce que chaque jeune Africain pense des dites relations franco-africaines ».

Pour Smockey, à travers ce sommet, la France veut « s’assurer que les leaders de demain leur seront toujours favorables, du moins à leurs intérêts », et il va plus loin en comparant les rapports qu’entretiennent les grandes puissances dans leur ensemble avec les autres pays.

« Je pense qu’il faut rompre avec ce discours hypocrite qui consiste à dire que les Européens, les Américains, les russes ou les chinois etc. sont nos alliés ! Ils ne veulent que se servir. Mais pour cela, il faudrait aussi qu’ils nous servent. C’est une question d’équilibre et de bon sens. Pas besoin de Sommet pour aboutir à une telle évidence. Nous aussi, nous voulons avoir des intérêts et pas d’amis », tranche le porte-parole du Balai citoyen.

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