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Hugues Fabrice Zango : « Ensemble, on pourra réellement soulever des montagnes »

Deux mois après sa médaille obtenu aux Jeux Olympiques de Tokyo, l’athlète burkinabè, celui que la rédaction de Faso7 a baptisé « L’Etalon volant », Hugues Fabrice Zango puisque c’est de lui qu’il s’agit, est retourné en France où il prépare un doctorat en Génie-électrique. C’est d’ailleurs dans la salle de réunion de son laboratoire qu’il a accordé un entretien à Faso7, le 30 septembre 2021. Pendant près d’une heure, l’athlète et futur docteur revient sur son expérience à Tokyo. Qu’est-ce qui a fonctionné ? Quels ont été les dysfonctionnements ? « L’Etalon volant » dit tout. Il évoque également ses rêves et ses projets pour le Burkina Faso. Très bonne lecture!

Faso7 (F7): Comment va le médaillé olympique du Burkina Faso ?

Fabrice Zango (FZ): Dieu merci ça va. On a repris tranquillement le cours de la vie, donc ça va. En ce moment, je suis dans la salle de réunion du Laboratoire pour pouvoir prendre l’appel tranquillement. Vu qu’en ce moment, il n’y a pas de sport, on essaie de répondre aux sollicitations des gens. Sinon, tout va pour le mieux. Il n’y a pas de problème.

F7: Comment s’est passée la préparation pour la Diamond League?

FZ : Pour la Diamond League, c’était un peu à l’arraché parce qu’après les jeux olympiques, j’ai fait 10 jours à Ouagadougou et pendant ces dix jours, il n’y a pas eu d’entraînement. C’était de pouvoir partager la joie de la médaille avec tout le peuple burkinabè. Mais on avait beaucoup travaillé. Il y avait un peu de jus pour produire une certaine performance et pouvoir représenter le pays valablement à la Diamond League. C’était beaucoup plus compliqué parce qu’il y a d’autres personnes qui ont continué à s’entraîner pendant que nous avons préféré prendre une petite pause pour la médaille. Mais l’un dans l’autre, la stratégie était bonne parce que continuer à s’entraîner avec cette fatigue, ça pouvait amener une blessure et plein d’autres trucs.

Dès que j’ai fini toutes mes audiences à Ouagadougou, j’ai pu retourner directement. J’ai fait deux Diamond League aux Etats-Unis et à Paris avant la finale de la Diamond League à Zurich. Les deux concours m’ont permis de réadapter ma stratégie, de travailler deux, trois petites choses et pouvoir aller tranquillement à Zurich où j’ai été classé deuxième. C’est une performance encore limite. 17,20m c’est vrai que j’en fais tous les jours normalement lorsque je suis dans ma meilleure forme. Il faut dire que là, on était en descendance, c’est la fin de saison, c’est la fatigue et il y a plein de trucs au milieu. Tout cela fait que la performance n’était pas au rendez-vous. Mais faire deuxième à la Diamond League, je pense que c’est une bonne première. Je prends ça positivement et je pense que je pourrais me préparer pour l’année prochaine.

F7: Premier médaillé olympique de ton pays. Y a-t-il un sentiment de fierté ?

FZ : Beaucoup de fierté. Avec du recul, on est vraiment content. C’est vrai que j’avais voulu faire l’or parce que j’avais une médaille de bronze dans des championnats du monde, mais on est allé aux Jeux olympiques avec beaucoup plus de charges sur les épaules. C’était un rendez-vous avec l’histoire et ce n’était pas facile à gérer. L’un dans l’autre, on s’est laissé prendre dans certains pièges qui nous ont ramené une médaille de bronze. Il faut dire que j’ai sauté avec la pire version de moi-même. Franchement, si je n’avais pas beaucoup travaillé, ça allait être compliqué d’avoir une médaille même à Tokyo.

Ce n’était pas un problème de moyens ni de capacité. C’était plutôt un problème de circonstances. C’était un rendez-vous avec l’histoire et ce n’était pas facile à gérer. J’ai pu faire de mon mieux pour ramener cette médaille de bronze et je pense que là, je suis beaucoup plus libéré. C’est pour cela que je peux me projeter facilement pour l’avenir. Après Tokyo, tous le flux nerveux est retombé. L’entraînement n’a pas été aussi rigoureux que pour préparer Tokyo. Ramener une médaille à la Diamond League, c’est une très bonne chose et je prends ça positivement et ça me redonne encore plus d’envie de travailler parce que je ne suis pas encore le meilleur au monde.

F7: Qu’est-ce que tu penses de Pichardo, ton éternel rival ?

FZ: Pichardo, c’est un très bon adversaire. C’est un vieux loup comme on le dit. Il y a deux jours seulement entre nos anniversaires. On est né tous en juin. Moi, je suis né le 25 Juin et lui, il est né le 27 Juin. On est tous nés de 1993. On a fait toute notre carrière ensemble. Pichardo, c’est un athlète qui a été très fort, très jeune. C’est un surdoué de la discipline parce que lorsque je commençais à sauter, je sautais 12 mètres 80 et lui, il sautait déjà 16 mètres 80. Pichardo a déjà sauté 18 mètres en 2015. Il a vraiment progressé. C’est une personne qui est très forte et qui est présente sur le circuit.  En 2012, il sautait déjà 17 mètres. C’est pour vous dire que c’est une personne qui est là, et depuis longtemps. Il a beaucoup d’expérience dans les championnats. Il a déjà été deuxième en affrontant des champions de tout genre. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expériences. Quand on parle de potentiel, je pense que je peux rivaliser avec lui. En ce moment, moi aussi, j’ai déjà sauté18 mètres.

On a le même record. C’est au niveau de la forme du jour, de la forme du moment qui jouera.  Il faut dire que lui, il a accumulé beaucoup de sauts au très haut niveau. Il a beaucoup plus d’expérience que moi en ce qui concerne les championnats. Moi, j’ai eu mon ascension fulgurante ces deux dernières années. C’est entre 2019 et 2020 que j’ai vraiment progressé. Entre 2019 et 2021, Pichardo ne m’avait pas battu. A chaque fois que je le croisais, je le battais systématiquement.

C’est juste à l’approche des jeux, Il a bien joué sa carte. Il est arrivé très fort aux jeux et là, je pense que si j’avais pu me libérer et que j’avais pu combattre avec mes vrais moyens, ça aurait été une belle bagarre. On ne sait pas qui aurait gagné, mais ça aurait été une vraie belle bagarre. Lui, il est arrivé au top niveau aux Jeux olympiques alors que moi je suis arrivé physiquement au top, mais avec beaucoup plus de charges. L’expérience a joué et je me suis laissé prendre au piège. Mais ces jeux m’ont beaucoup appris. Et je pense que comme on continuera notre carrière ensemble, on fera la beaux jours du triple saur certainement l’année prochaine. Pichardo, c’est un très bel adversaire que je noterai sur ma liste des personnes à battre pour mettre le Burkina Faso sur l’orbite.

F7 : Accueilli tel un héros à Ouagadougou, est-ce que tu as été surpris ?

FZ : J’ai eu beaucoup de surprises en arrivant au Burkina Faso. Je ne savais pas que la population burkinabè avait suivi les jeux olympiques avec beaucoup d’intérêts. Lorsque j’arrive et que les personnes me racontent ce qui s’est passé aux jeux olympiques, je suis agréablement surpris de tout cet engouement qu’il y a eu. Je suis surpris de la mobilisation. Je suis surpris qu’on me reconnaisse à Ouagadougou, même sous un masque. De par ma silhouette, on me reconnaît.

« Il faut mutualiser toutes nos connaissances, toutes nos capacités pour pouvoir propulser le Burkina Faso à un autre niveau d’excellence » (Hugues Fabrice Zango) © Faso7

J’ai été surpris de plusieurs choses et je pense que le Burkina célèbre très bien ses ambassadeurs. Je suis très content que cela se fasse désormais. Les Burkinabè, on est modeste. On le sait. On est souvent mou par rapport à la célébration des athlètes où des figures nationales mais là, je pense qu’on a pris une autre dynamique, une autre tendance. L’identité nationale devient importante pour tous les Burkinabè. J’ai vu récemment qu’Iron Biby a été célébré autant que je l’ai été donc je suis très content. Je suis très content que tout ce que j’ai pu apporter puisse booster cette fierté nationale.

F7: De retour de Tokyo, tu as fait des dons aux personnes vulnérables. Est-ce à dire que tu es préoccupé par la situation du pays ?

FZ : Il n’y a beaucoup de personnes qui s’intéressent au Burkina Faso. Malheureusement, lorsqu’on tape sur le net, on voit des choses qui ne sont pas agréables à lire, notamment par rapport au terrorisme. Il y a des personnes qui s’intéressent au Burkina mais qui reviennent me dire, actuellement, c’est un peu chaud chez vous. Moi, je suis sensible à cela. Étant sensible à tout cela, qu’est-ce que nous pouvons faire faire ? On ne peut prendre la kalachnikov et aller au front. On n’est pas formé pour cela. Il faut trouver un moyen pour apaiser la souffrance du pays en ce moment. L’insécurité et toute cette situation a occasionné beaucoup de déplacements.

Tous ces déplacements favorisent la pauvreté. Je me suis dit qu’en ma qualité d’ambassadeur du Burkina Faso, on pourrait réduire la souffrance des nécessiteux pour ne serait-ce que quelques jours, quelques mois. J’ai pensé que l’acte que je pouvais poser pourrait occasionner d’autres actes, provoquer un effet boule de neige, de sorte à ce que tout le monde travaille à réduire la souffrance nationale. L’objectif était d’inciter à la solidarité nationale envers les FDS en aidant les gens qui sont touchés par le terrorisme. C’est en cela que j’ai posé cet acte qui se veut humanitaire en apportant des vivres et des denrées de première nécessité aux personnes vulnérables.

Aussi, je suis une personne qui base son analyse et ma vie sur le mérite. J’aimerais mériter tout ce qui m’arrive. Par rapport à ça, j’ai posé un petit acte envers les meilleurs au niveau scolaire. Je leur ai apporté une toute une modeste bourse. Ce n’est vraiment rien du tout. C’est justement une contribution pour inciter toute bonne volonté à faire pareil. Il faut célébrer l’excellence. L’excellence nous propulsera au plus haut niveau au concert des nations et c’est très important. Moi, je suis dans le domaine du sport et dans les études. Au niveau du sport, je donne occasionnellement des paires de chaussures aux athlètes qui sont au Burkina Faso, les meilleurs.

Je ne donne pas de paires à ceux qui ne font pas d’efforts et aussi j’essaie de les encourager. Il y a une personne qui a battu des records nationaux, je lui ai offert une paire, je lui ai offert des choses. J’essaie de les encourager à persévérer, j’essaie d’encourager l’excellence, ça me tient vraiment à cœur.

F7 : Dans le même sens, est-ce qu’il y a d’autres projets à venir ?

FZ: Vous savez, j’ai juste commencé. Ça, ce n’était rien du tout. C’était vraiment sur le volet humanitaire et je voulais marquer le coup. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais bien apporter au Burkina Faso, apporter aux populations, non seulement au niveau humanitaire mais également dans l’éveil des consciences. J’ai envie d’aider les personnes à pouvoir comprendre, à pouvoir développer leur propre potentiel. Je vais forcément m’allier à d’autres personnes. On doit mutualiser nos connaissances, nos compétences, c’est ça seulement qui pourra nous propulser. Nous avons beaucoup de choses, beaucoup de ressources à développer au Burkina Faso. Que ce soit des ressources humaines ou des ressources dans d’autres domaines, il faut les développer. Il faut mutualiser toutes nos connaissances, toutes nos capacités pour pouvoir propulser le Burkina Faso à un autre niveau d’excellence.

J’ai des projets forcément pour le Burkina Faso. Nous sommes en pleine réflexion et dans les mois à venir, vous verrez des choses passées en mon nom, des actes que je vais poser pour aider le Burkina Faso à avancer.

FZ : Il est aussi question de construction d’un centre sportif de haut niveau ? Comment cela va se passer concrètement ?

FZ : Personnellement, je n’ai pas de projet de construction d’une centre de haut niveau, c’est la fédération qui porte ce projet. Moi ce que j’ai comme projet, c’est la professionnalisation du sport de façon générale au Burkina Faso.

Faire du sport un domaine professionnel permettrait aux personnes de pouvoir vivre de leur sport, c’est très important. La professionnalisation du sport va permettre d’aider beaucoup d’acteurs qui sont dans le domaine. Tous les acteurs qui travaillent au niveau du sport vont en profiter.

Par rapport à cela, il y a des projets que nous sommes en train de mûrir. Dès 2022, vous verrez les premiers actes de ce projet.

F7 : On a remarqué qu’à Paris, tu as sauté sous une chanson de Floby. Qu’est-ce qui explique ce choix ?

FZ : En fait, il y a une possibilité à certains meetings de pouvoir faire un show. Moi, j’ai demandé à la veille du meeting que pour mon dernier saut, vue que je commence à être reconnu sur le circuit, je suis un athlète international et que j’étais l’une des têtes d’affiche du meeting, j’avais des possibilités de demander certaines choses et plein d’autres trucs donc c’est en cela que j’ai demandé la veille du meeting s’il était possible pour mon dernier saut de jouer une musique qui va me motiver à faire de la performance. En cela, ils n’ont pas trouvé de problème.

C’est pour cela que pour mon dernier saut, ils n’ont pas oublié, ils ont joué la chanson pour pouvoir me donner de la force. Ce saut m’a permis de gagner le meeting de Paris. Nous sommes maintenant des ambassadeurs pas seulement du sport mais du Burkina Faso à l’international. Et nous nous devons à chaque fois que c’est possible, de pouvoir faire connaître la marque du Burkina Faso, qu’on puisse parler du Burkina Faso et qu’on puisse parler du Burkina Faso en bien.

Il faut valoriser la culture. Il faut valoriser nos compétences parce qu’au Burkina Faso, il y a beaucoup de compétences. C’est en cela que moi, lorsque j’ai des projets, je n’aligne pas forcement en premier lieu, les personnes étrangères au Burkina Faso. Mes projets sont réalisés par des Burkinabè parce qu’on a toutes les compétences. Il faut juste les mutualiser. Il faut arrêter de faire les jaloux. Si on se met ensemble, on pourra réellement soulever des montagnes. Il y a des personnes compétentes au Burkina. Je suis très compétent dans mon domaine et je sais qu’il y a des personnes comme moi qui sont compétentes dans leur domaine. Il faut juste allier nos forces et tout ira bien pour le Burkina Faso.

F7 : Iron Biby a récemment battu un record du monde en Log Lifter. Comment as-tu vécu ça ?

FZ : Je suis très content. D’ailleurs, Je l’ai fait savoir à Iron Biby. On s’appelle. Hier soir (29 septembre, ndlr), il m’a appelé pour me demander des conseils par rapport à certaines choses qu’il veut réaliser au Burkina Faso.

Iron Biby, quand il a fait sa performance, je l’ai appelé et je l’ai félicité. Tout ce qu’il a eu, je l’ai encouragé à pouvoir bien les utiliser pour réaliser ses différents projets. J’étais très content que Iron Biby puisse porter aussi haut le drapeau du Burkina Faso parce que quel que soit ce que tu fais, même si tu es un balayeur de maison, si tu es le meilleur balayeur de maison du monde entier, c’est que tu es très compétent.

La compétence et l’excellence sont deux choses qui me tiennent à cœur et il faut vraiment valoriser cela dans tous les domaines au Burkina Faso.

F7 : Des jeunes ont décidé de fabriquer un tracteur solaire made in Burkina. Un projet utopique ou à encourager ?

FZ : J’ai des projets qui viendront et les gens penseront que c’est utopique mais moi, j’y crois. Je ne pense pas qu’il y ait des projets utopiques. Si ces jeunes ont pensé que c’est possible, il faut le faire tout simplement et voir les limites du projet. Ce projet inspirera d’autres personnes à pouvoir l’améliorer et à travailler derrière.

Pour moi, il n’y a jamais de projet utopique. Ils ont entrepris un truc, c’est une très bonne chose. D’ailleurs, nous avons besoin de tracteurs pour pouvoir labourer nos champs et faire plein de trucs. Et si ça marche, on aura confiance en notre technologie parce qu’on a des gens très compétents. Et il faut arrêter de penser que toutes les compétences sont exogènes. Il y a des compétences endogènes et ça, il faut les valoriser. Ces jeunes-là, moi je trouve que c’est une très bonne idée qui pourra casser ce mythe de la technologie vient de l’extérieur. C’est un projet de recherche qui est très très bien et moi j’encourage cela.

« La compétence et l’excellence sont deux choses qui me tiennent à cœur et il faut vraiment valoriser cela dans tous les domaines au Burkina Faso » (Hugues Fabrice Zango) © Faso7

F7 : Selon toi, qu’est-ce que le Burkina Faso devrait faire pour voir naître d’autres Hugues Fabrice Zango ?

On en a déjà beaucoup au Burkina Faso. Comme je l’ai dit, ce ne sont pas les talents qui manquent. Il faut que les talents prennent conscience qu’ils ont du talent déjà et aussi que les autorités prennent conscience que ces talents ont du talent. C’est à deux niveaux.

Il faut que ceux qui ont le talent et qui veulent faire quelque chose pour Burkina Faso commencent leur projet et n’aient pas peur d’être seuls au départ. On sera toujours seul au départ de notre projet. Et il faut toujours se corriger. Il faut oser. En fonction des petits progrès que l’on va engranger, tu trouveras des personnes qui vont te soutenir. Il faut que les jeunes puissent commencer quelque chose en étant seul. Il faut savoir que personne ne va miser par exemple 1 million sur une autre personne qui dit juste par exemple, je veux commencer quelque chose. Non ! Il faut que tu ais commencer la chose et que tu montres des signes de résultats.

Souvent, nous attendons que tout vienne. C’est une erreur, et moi je n’ai pas attendu cela sinon, je ne serai pas à mon niveau. Il faudrait aussi que nous puissions cultiver nos propres moyens, cultiver nos propres solutions pour pouvoir arriver à notre but, pas forcément en nous appuyant toujours sur l’Etat.

L’Etat justement doit créer des situations faciles pour que les athlètes puissent se réaliser. Il faut que l’Etat crée des infrastructures, facilite les projets, appuie certaines choses tels que les voyages. Il y a plein de trucs qui peuvent être faits et créer d’autres personnes qui peuvent exploiter leur potentiel. Pour faire beaucoup de personnes compétentes qui puisse représenter le Burkina Faso à l’international, il faut qu’il y ait des personnes qui veulent bien représenter le Burkina à l’international et qui sont prêtes à faire beaucoup de sacrifices. Il n’y a pas de secret. Il faut beaucoup travailler.

F7: Est-ce ZANGO pense déjà aux jeux olympiques à venir ?

FZ : J’ai eu une très grosse année. Avant d’arriver à Tokyo, l’objectif c’était d’avoir la médaille d’or et arrêter ma carrière en 2023. Je n’ai pas obtenu de médaille d’or donc je me suis dit que je ne peux pas arrêter là. Il faut absolument que j’aille jusqu’en 2023, pour retenter ma chance pour la médaille d’or olympique.

Directement, ma tête est fixée sur 2024. Il n’y a aucun problème. J’ai déjà commencé à y penser avec toute l’équipe en mettant place une stratégie. Toute l’équipe s’est réunie par rapport à ce qui s’est passé à Tokyo. On avançait sur une voie royale pour la médaille d’or. Donc, on avait cet objectif de médaille d’or. Mais finalement, on a flanché à la dernière minute. Tout le monde s’est remis en cause dans l’équipe et donc tout le monde a recommencé à travailler.

Nous allons préparer un plan beaucoup plus bétonné pour 2024. Moi, j’ai commencé à y penser. Mais pour l’heure, j’ai encore un mois de vacances pour souffler, pour récupérer de toutes mes émotions, pour honorer tous mes encouragements ou mes rendez-vous avec différentes personnes.

A partir de novembre, on reprend la marche et cette fois-ci, l’arrêt, ça sera 2024.

F7 : Tu es à quel niveau avec les études ?

FZ: En ce moment, c’est vraiment chaud au laboratoire. Ça bosse beaucoup. Ça dort tard, pas assez, enfin, il y a plein de trucs. Mais je finis ma thèse en mai. Mon contrat finit en mai. J’ai encore 7 à 8 mois de travail intense et là, je suis en train de rédiger mon mémoire de thèse. Il reste un dernier prototype à tester avant décembre et là, je vais pouvoir clore tous mes travaux et publier un document pour pouvoir enfin avoir ce titre de docteur.

F7 : Et ce sera Docteur en quoi ?

FZ: Docteur en Génie- Électrique. Tout ce qui est génie-électrique, j’ai une sensibilité à ça mais spécialement et très concisément, je travaille sur les machines électriques. Pour tout ce qui est industrialisation au Burkina Faso, s’il faut installer des trucs, on a plus besoin d’aller prendre des gens ailleurs. On est là et on sait faire tout. Avec le doctorat, je pourrais transmettre mes connaissances dans tout ce qui est énergie solaire, production d’énergie. On a une sensibilité à tout mais spécifiquement pour l’industrie, on est les plus forts.

FZ: A Tokyo, les choses ne se sont pas bien passées pour tes compatriotes athlètes. Comment vous avez réussi ensemble à gérer ça ?

FZ: Ça aurait pu être pire. Il faut dire que lorsque je suis arrivé à Tokyo et que j’ai rencontré les Burkinabè, je n’ai pas pu voir la course de Paul Daumont, mais je l’ai juste encouragé de loin. Les autres athlètes sont arrivés au fur et à mesure. J’ai vu les nageurs, je leur ai donné pleins de conseils. Il y a mon kiné qui était là et qui les a aidé à se relâcher parce qu’il y a en qui n’étaient pas sûrs de produire de la performance tellement ils étaient stressés. Avec ça, ils ont réussi à faire leurs records personnels, les records du Burkina et ça c’est une satisfaction, c’est une très bonne chose, je trouve dans ces conditions.

Finalement, ces personnes ont produit de meilleurs résultats que moi car elles ont battu leurs records personnels quand on parle de niveau sportif.

J’ai ramené la médaille parce que la pire version de moi pouvait ramener une médaille. J’ai tellement travaillé que la pire version de moi aurait ramené une médaille, même si j’étais au plus bas niveau possible, je devais ramener une médaille.

Mais il faut dire que ces personnes ont fait un prestation très honorable. J’aurai aimé battre mon record personnel. Battre mon record personnel était synonyme de médaille d’or et de record mondial. C’est un truc qui m’aurait plu.

F7: A quoi ressemble une journée de Fabrice ZANGO actuellement ?

En ce moment, ma journée commence à 9h00. Je travaille tard et je commence tard. J’essaie de dormir plus. Je travaille de 9h00 jusqu’à 16h00. Je fais une journée continue. A midi, je fais 15mn de pause pour manger. Je prends un petit déjeuner, je mange un petit pot à midi et à 16h00, je descends. La plupart du temps, je fixe des rendez-vous de 16h00 jusqu’à 20h00 pour soit appeler des gens ou aller voir des enfants dans les écoles.

Il y a quelques activités. Il y a souvent des gens qui se réunissent sur un terrain de sport et me demandent de passer leur faire un bonjour. En fonction de ça, je programme cela à partir de 16h00, 16h30.J ‘essaie d’honorer de ma présence ces activités. Ça, c’est ce que je fais normalement dans une journée.

Mais en ce moment, mon attention est centrée sur la thèse et le soir à partir de 20h00, je travaille sur un projet avec l’école et différents partenaires qui sont au Burkina Faso et qui va jusqu’à 22h00. On travaille sur des papiers pour pouvoir mettre rapidement nos projets en marche. Bientôt, je vais reprendre les entraînements. Je n’aurai plus forcément le temps pour tout ce beau monde-là.

Ma journée type, c’est ma thèse et honorer tout ce qui est social avec les gens et je travaille sur mes projets personnels

F7: Quel message veux tu passer pour conclure ?

FZ: Nous devons prendre conscience de la richesse de notre pays. Apollinaire Compaoré a dit que la première richesse d’un pays, c’est sa jeunesse. C’est une chose qui est très vraie et que j’épouse. Le futur de notre pays va se mesurer à notre dynamisme, au dynamisme de jeunesse et il ne faut pas rater le wagon dès maintenant.

C’est maintenant que ça se passe. C’est maintenant qu’il faut être le plus dynamique possible. C’est maintenant qu’il faut que nous puissions prendre la bonne direction. Si nous ratons ce wagon, je ne sais pas quand est-ce qu’il reviendra.

C’est maintenant que la jeunesse doit se défendre sur tous les projets entrepreneuriaux, de formation. C’est maintenant que tout se passe. Si la jeunesse a conscience de cela, dans quelques années, on sera peut-être le meilleur pays d’Afrique. Mais il faut que tout le monde se réveille. C’est maintenant !

Propos recueillis par Amadou ZEBA

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