Le cinéaste, producteur et réalisateur sénégalais, Alain Gomis, a permis au pays invité d’honneur du 27e FESPACO de monter par deux fois sur la plus haute marche de la biennale du cinéma africain, en rapportant la plus prestigieuse distinction de ce festival, l’Etalon d’or de Yennenga, en 2013 et en 2017. Sidwaya est allée à la rencontre de ce double lauréat du FESPACO le dimanche 3 octobre 2032, dans son centre de formation et de production dénommé, à Dakar. Il parle de ce que le FESPACO lui a porté, de son centre de formation et de post-production Yennenga, des contraintes auxquelles le cinéma africain fait face, ainsi que des perspectives pour un meilleur décollage de l’industrie cinématographie sur le continent.
Alain Gomis, producteur et réalisateur sénégalais, fait partie des cinéastes qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire du cinéma de son pays mais aussi de l’Afrique. Par deux fois, il a permis à son pays, le Sénégal, de se hisser au sommet du cinéma africain en décrochant la plus grande distinction du FESPACO, l’Etalon d’or de Yennenga, avec ses chefs-d’œuvre Tey en 2013 et Félicité en 2017. Faisant ainsi enter le pays de la Térranga dans le cercle très restreint des pays africains ayant remporté plus d’une fois l’Etalon de Yennenga.
Plusieurs années après, les émotions et les souvenirs de ce double sacre sont encore vivaces chez le lauréat. « C’est un grand honneur de remporter ces deux prix. C’est au moment où l’on reçoit l’Etalon de Yennenga que l’on se rend compte de toute sa force, de toute sa puissance. Remporter l’Etalon de Yennenga est plus important que remporter n’importe quel trophée dans n’importe quel festival au monde », clame Alain Gomis. Accueilli en héros national dans son pays, son nom a fait le tour du monde ; et il a reçu des félicitations, des hommages des quatre coins de la planète.
Panafricaniste, la combattivité de la princesse Yennenga a inspiré le fondateur du centre qui en a fait le logo de sa structure.
Honneurs et responsabilité
« Je ne pouvais imaginer l’accueil qui m’a été réservé au Sénégal. J’ai été accueilli comme un footballeur qui a remporté la coupe du monde. Il y a eu un impact que je ne pouvais pas imaginer, que je ne me représentais pas avant », confie-t-il. Le FESPACO m’a beaucoup apporté, a changé énormément de choses dans la façon dont j’étais perçu, ajoute-t-il. Mais, pour lui, au-delà des honneurs, cette distinction constitue un appel à un devoir de responsabilité. « C’est aussi une responsabilité, celle de faire bénéficier à d’autres ce que le FESPACO m’a donné », insiste M. Gomis. A la question de savoir s’il rêve d’offrir encore au Sénégal son troisième sacre, d’or voici la réponse du double Yennenga d’or, après un grand rire : « Un troisième Yennenga ? Je n’en sais rien ! En tous les cas, j’ai déjà été comblé ! Faire des films est mon oxygène. Mais aussi continuer à dialoguer avec les jeunes sur leurs projets de films pour leur faire progresser ».
Cette volonté de tendre la main, surtout à la jeune génération, l’a amené à mettre sur pied à Dakar, une structure de formation et de post-production cinématographique (montage, mixage, étalonnage, …) dénommée « Centre Yennenga », dont il est le directeur artistique. En choisissant le nom Yennenga, il dit vouloir rendre hommage au FESPACO qui lui a tant donné, mais aussi exprimer son attachement au panafricanisme. « Vous connaissez plus que moi la princesse Yennenga. Le choix de son nom pour le Centre montre à quel point le FESPACO est à l’origine de ce centre », explique-t-il.
Selon son promoteur, la création de ce centre vise a comblé un maillon manquant de la chaine de l’industrie cinématographique en Afrique, à savoir la post-production. Aussi, ambitionne-t-il de permettre à la jeunesse de réaliser son désir de faire du cinéma. L’idée du centre Yennenga est d’avoir des installations de post-production sur place et d’y former des techniciens de post-production, de sorte que l’on puisse faire des films de A à Z en Afrique et réduire le coût des productions.
Accorder la primauté au FESPACO
Les cinéastes du continent ne seront donc plus contraints d’aller en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique pour la post-production de leurs œuvres. Cela a l’avantage de lutter contre la sous-production filmique dont l’Afrique souffre, poursuit le directeur artistique du Centre Yennenga. Il est convaincu qu’un pays comme le Sénégal ne peut pas faire vivre l’industrie de son cinéma avec un ou deux films par an ; le minimum pour lui, est de permettre au public de voir un nouveau film par mois. Cette nouvelle structure s’inscrit dans une dynamique de recherche d’adéquation entre formation et la professionnalisation du secteur cinématographique. « Le défi pour nous, est de faire en sorte que les jeunes qui sortent du Centre s’intègrent dans le monde du travail, dans le domaine cinématographique », souligne-t-il.
Pour un avenir radieux du FESPACO, Alain Gomis appelle les Africaines et les Africains à faire leur ce patrimoine collectif. « Le FESPACO est un bien continental. Ce n’est pas une affaire des Burkinabè. Il est important que tout le monde supporte la nouvelle équipe dirigeante du FESPACO à réussir cette édition du renouveau du cinéma africain. Car, on n’a pas droit à l’échec », interpelle-il. Son souhait, à moyen terme, est de voir les cinéastes africains accorder la primauté au FESPACO par rapport aux autres festivals. Y parvenir, serait une grande réussite ! En tous les cas, poursuit-il, le FESPACO, au regard de son passé, de son histoire, a son avenir devant lui, certes avec beaucoup de défis à relever.
« Les perspectives sont immenses, car le cinéma africain est en dessous de sa capacité réelle. Nous devrons travailler à être à la hauteur de nos propres capacités de productions », soutient celui qui dit être venu au cinéma, par l’entremise de feu Idrissa Ouédraogo. Et de conclure que son rêve est de voir émerger le prochain ou la prochaine grande cinéaste du Burkina qui est « un grand pays de cinéma ».
Joseph HARO
Mahamadi SEBOGO
L’article Alain Gomis, double Etalon d’or de Yennenga :« Le FESPACO m’a beaucoup apporté » est apparu en premier sur Quotidien Sidwaya.
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