Eldaa Koama au président Macron : « L’aide, tant qu’elle n’amène pas à se départir de l’aide, il faut s’en débarrasser »

Un sommet Afrique-France sans chefs d’Etat, mais uniquement avec la société civile. Format à polémique, mais les 11 jeunes Africains qui ont pris la parole ce 8 octobre 2021 devant le président français Emmanuel Macron, n’y sont pas allés du dos de la cuiller pour dire ce qu’ils pensaient. Parmi eux, la Burkinabè Eldaa Ragnimwendé Koama, qui a invité le Chef de l’Etat français à « récurer la marmite » de la relation entre la France et les pays africains.

Assurément, sur le plan vestimentaire, la Burkinabè n’est pas passée inaperçue sur l’estrade dressée où  se sont installés les jeunes Africains de la société civile invités à venir « dialoguer » avec le président Emmanuel Macron sur l’avenir de la relation entre l’Afrique et la France.

Robe en faso danfani et chapeau de Saponé vissé sur la tête, à sa prise de parole, Eldaa Ragniwendé Koama, promotrice de l’entreprise de formation et de conseil Improv’you, s’est d’abord présentée comme « une Africaine » venue du Burkina Faso.

Elle a ensuite campé le décor, précisant qu’en conviant la société civile, le Chef de l’Etat français savait sans doute que le « dialogue » sera sans fard et « sans filtre ». « Tout ce qu’on peut faire, c’est de dire ce qu’on pense », rappelle-t-elle, avant de faire part de sa principale préoccupation.

Il s’agit de  ce qu’elle a qualifié « de vocabulaire dépassé, inadapté, dévalorisant qui réside encore dans vos discours et dans celui de vos institutions lorsque vous vous adressez à l’Afrique ou lorsque vous levez des fonds pour aider l’Afrique ». Et le mot est lâché : « l’aide ».

Eldaa Koama est entrée par la porte ouverte depuis une trentaine d’années par le président burkinabè Thomas Sankara. Pour elle, l’aide au développement devrait être repensée, en commençant par changer le « nom ». « L’aide, tant qu’elle n’amène pas à se départir de l’aide, comme le dit Thomas Sankara, il faut s’en débarrasser », dit-elle. Elle cite aussi le Pr Joseph Ki-Zerbo qui laissait entendre que le développement est intrinsèque.

Elle a enfin invité le chef de l’Etat Emmanuel Macron a se munir de quoi nettoyer la relation entre l’Afrique et la France. « Si la relation entre les pays d’Afrique et la France était une marmite, sachez qu’elle est très sale, cette marmite. Elle est sale de reconnaissance légère des exactions commises, elle est sale de corruption, de non transparence, de vocabulaire dévalorisant, elle est sale, monsieur le Président ! Je vous invite à la récurer.  Si vous refusez de la laver, si vous voulez quand même préparer là-dedans, je ne mangerai pas. Nous ne mangerons pas. L’Afrique ne mangera plus de ce repas ! », a-t-elle imagé.

L’intervention de la jeune Burkinabè a été émaillée puis couronnée par des applaudissements de l’assistance.

Le chef de l’Etat Emmanuel Macron, a par la suite répondu à l’Africaine venue du Burkina. « Oui pour le changement de nom » de l’aide, a-t-il dit, qu’il appellera désormais « investissement solidaire ». Quant à l’ustensile de cuisine où mijote la relation entre l’Afrique et la France, « je suis d’accord, il faut laver la marmite. On ne changera pas la marmite,  mais il restera des traces« , a-t-il indiqué.

Abdou ZOURE (Depuis Montpellier)

Faso7

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