A quelques jours de l’ouverture officielle de la quatrième édition du Festival Gastronomique Ouest-Africain (FEGOA) qui doit se tenir du côté de la Maison de la culture Jean-Pierre Guingané les 29, 30 et 31 octobre 2021, le promoteur Roland Batoua, s’est prêté aux questions de Faso7. Il évoque les points d’orgues de cette édition 2021 du FEGOA.
Faso7 (F7) : Le Festival Gastronomique Ouest-Africain (FEGOA), à quoi ça répond ?
Roland Batoua (RB) : Le FEGOA est un festival qui vise à promouvoir les valeurs culinaires de la zone Ouest-Africaine. Selon les rapports de l’Organisation internationale du tourisme, il ressort qu’après la culture et la nature, la gastronomie vient en troisième position comme facteur ou du moins alibi de voyage à travers le monde. Donc, c’est un secteur qui est vraiment très important pour la promotion de nos valeurs et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre en place ce festival, pour promouvoir l’intégration et auprès de cela nos valeurs culinaires.
F7 : Quand est-ce que le FEGOA a fait ses débuts ?
RB : La première édition a été lancée si j’ai bonne mémoire en mars 2017, à Ouagadougou à la Maison du Peuple et nous avons réussi à réunir quelques restauratrices de pays étrangers, notamment le Benin, la Côte d’Ivoire et le Ghana.
« Du côté de la sous-région, nous avons une quinzaine de restaurants qui viendront » (Roland Batoua) © FEGOA
F7 : Vous êtes en pleine préparation de la 4ème édition du FEGOA. Dites-nous, quel bilan faites-vous des trois (3) éditions passées ?
RB : Le bilan, il est satisfaisant et encourageant, dans la mesure où notre initiative, portée par des jeunes, aujourd’hui, est en train de faire parler d’elle à travers la sous-région. C’est déjà un pas important. Il y a quelques semaines, j’ai été reçu par le ministre de la Culture du Togo. J’ai été en Côte d’Ivoire rencontrer les autorités. A Niamey également. Pour dire que c’est un projet auquel des gens s’intéressent et je pense que pour dire vrai, nous sommes satisfaits des résultats. Même sans grand soutien, la deuxième édition, la troisième édition, aujourd’hui nous sommes à la quatrième édition. En tout cas, merci à tous ceux-là qui depuis la première édition nous soutiennent et on est très heureux. On espère travailler afin de positionner le Festival Gastronomique Ouest-Africain dans le quota des grands évènements africains.
F7 : Vous dites avoir tenu les 3 éditions sans grand soutien, dite nous les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?
RB : Il faut dire déjà que nous avons fait trois éditions sans appui institutionnel, parce que là, on déposait les courriers au ministère de tutelle sans réponse. Ce n’est que cette année qu’on a pu avoir un courrier de la Direction des Arts, qui s’est dite très touchée par cette initiative et nous accompagne juste institutionnellement. Déjà, l’organisation d’un tel festival requiert des moyens qui n’existent pas auprès des institutions. Je ne sais pas, peut-être que c’est nous qui n’avons pas la bonne manière, ou le projet peut-être n’est pas intéressant. Mais à la base le projet est porté par une jeune entreprise de communication. On essai avec nos propres moyens de tenir ce festival, et j’espère que les autres comprendront au mieux les objectifs de ce festival afin de nous accompagner, quand il sera temps
F7 : Comment se prépare la 4e édition du FEGOA ?
RB : Cette quatrième édition, on a décidé de mettre les petits plats dans les grands afin de se révéler à l’Afrique toute entière. C’est pourquoi nous avons opté pour un plateau artistique sous-régional. Déjà, je peux citer Santrinos Raphaël, un jeune artiste togolais qui monte en puissance, qui sera convié. Nous avons Molière de la Côte d’Ivoire, professeur Abawoé un jeune humoriste togolais qui sera là. Au niveau national, nous aurons Awa Boussim, Campus Ambiance, Bébéto Bongo, Kalam et bien d’autres artistes, qui viendront meubler cette édition.
« Après la culture et la nature, la gastronomie vient en troisième position comme alibi de voyage » (Roland Batoua) © FEGOA
F7 : A quelles innovations doit-on s’attendre pour le FEGOA 2021 ?
RB : En termes d’innovation, il y en plusieurs, notamment la formation aux méthodes HACCP (Ndlr :Hazard Analisis and Critical Control Points), qui visent à promouvoir les pratiques sanitaires. En Europe par exemple, pour ouvrir un restaurant, il vous faut avoir la certification HACCP. Et donc nous allons permettre aux restauratrices inscrites au FEGOA 2021 de participer à cette formation, afin déjà de comprendre comment conserver les aliments, comment dresser une table et tout ça. Auprès de la formation, nous aurons en plus du plateau artistique, des jeux.
Cette année, on va mettre en place un espace de jeux traditionnels, notamment le Ludo, awalé et dames, pour meubler le temps passé au Festival Gastronomique Ouest-Africain. Nous avons une matinée, également appelée matinée « Bouillie au lait », pour remettre au goût du jour cette vieille façon de prendre le petit déjeuner à l’africaine, c’est-à-dire prendre la bouillie et des galettes le matin, avant de partir au boulot. En soirée, on aura des restauratrices qui viendront de la Côte d’Ivoire. On aura du placali chaud de 23 heures à 5 heures du matin, pour les noctambules qui vont passer manger du bon placali chaud. Aussi, en termes d’innovations, nous avons un espace premium, un espace VIP qui nécessite une entrée et cette entrée donnera droit à un buffet Ouest-africain.
F7 : Des festivals gastronomiques, ce n’est pas ce qui manque. Alors dites-nous en quoi le FEGOA se distingue des autres ?
RB : Le FEGOA, c’est un festival qui est exigeant sur le nombre de participants. Déjà, nous avons trente (30) restaurants Ouest africains inscrits à ce festival. Et pour prendre part à ce festival, ce n’est pas juste avoir l’argent du stand. Il faut avoir une enseigne existante de deux (2) ans au moins avant de participer au FEGOA. Il y a un comité de dégustation qui passe pour observer les règles d’hygiène si elles sont respectées, avant même justement de vous envoyer un courrier pour vous notifier que vous êtes éligible.
F7 : Du côté de la sous-région, combien de restaurants ont décidé de s’inviter au FEGOA 2021 ?
RB : Du côté de la sous-région, nous avons une quinzaine de restaurants qui viendront. Nous avons la Côte d’Ivoire, le Togo, le Benin et le Mali. Pour le Sénégal, nous avons des sénégalais sur place qui y participeront
F7 : Plusieurs promoteurs de spectacles ou de festivals pointent du doigt le manque de sponsors. Qu’en est-il chez vous ?
RB : Pour dire vrai, je suis de cette jeunesse-là qui a choisi de ne pas faire la victime, qui a choisi de ne pas constamment tendre la main, mais de se battre avec les moyens en sa possession, pour justement prouver au monde que la jeunesse africaine est résolument tournée vers le développement de l’Afrique. Cette Afrique se doit de compter sur la jeunesse qui se bat. Et si les initiatives ne sont pas accompagnées, tant mieux. Le plus important, c’est déjà faire ce qu’on peut faire. Parce que je suis de ceux-là qui ne croient pas au fait des accompagnements. Non, il faut montrer, il faut donner l’envie aux gens de vous accompagner et depuis 2017, nous nous battons comme nous pouvons.
« On peut faire de notre gastronomie un pôle d’attraction » (Roland Batoua) © FEGOA
Je suis peut-être l’individu à la tête du projet, mais c’est un projet qui sera profitable à toute l’Afrique, je dirai. Parce qu’aujourd’hui, vous voyez les grandes enseignes qui se positionnent dans nos Etats pour servir. Je ne veux pas faire de contre-publicité, mais c’est ce qui ne vient pas de chez nous. Aujourd’hui, l’Africain est plus apte à donner 5000 FCFA pour une pizza, que de prendre 5000 FCFA pour participer à un buffet africain, qui lui garantit des produits bios et aussi toutes les règles d’hygiène réunies. Aujourd’hui, notre combat, c’est de positionner la gastronomie Ouest-africaine.
Aujourd’hui, nous avons quelques entreprises qui ont cru en nous et c’est une édition qui pour la première fois a un soutien. Les trois premières éditions reposaient sur les épaules d’une petite équipe qui se cotisait pour louer les stands et permettre à d’autres femmes de participer, même sans moyens. Je pense que les choses sont en train d’avancer, les choses sont en train d’évoluer et les uns et les autres comprennent le but du FEGOA.
Le FEGOA ce n’est pas un festival de quartier. C’est un festival sous régional. Donc, nous voir en train de tourner dans la sous-région, rencontrer les directeurs de cabinet des ministères, ce n’est pas pour faire du tourisme, mais c’est pour montrer l’impact de ce festival sur notre économie. Vous vous souvenez en 2020, l’industrie de la restauration avait pris un coup. Il y a eu les entreprises de livraison qui ont apporté un soutien vraiment grand au développement de ce secteur. Pour revenir à l’évidence, c’est promouvoir les valeurs culinaires, il y a un rapport de l’Organisation internationale du tourisme, qui stipule que l’une des raisons fondamentales de voyage après la culture et la nature, c’est la gastronomie. Donc on peut faire de notre gastronomie un pôle d’attraction. Permettre aux gens de venir découvrir le mouï kôlgo au Burkina, rien que venir manger le mouï kôlgo, le gonré, parce qu’il est bien fait, il est bien présenté, il est mieux vendu sur le plan international. Ça peut justement créer des devises. Voilà un peu la raison qui a motivé ce festival
F7 : Un appel à lancer ?
RB : Pour tous ceux-là qui découvrent pour la première fois le Festival gastronomique Ouest-africain, venez sans hésiter. Déjà communier avec vos artistes préférés, découvrir et goûter l’Afrique de l’Ouest, visiter l’Afrique de l’Ouest par votre assiette. A partir de votre assiette, vous découvrirai ce qui se passe au Togo, au Benin, Ghana, au Nigéria, au Mali et au Sénégal. Venez massivement. L’entrée est gratuite et je rappelle que c’est avec les artistes Santrinos Raphaël du Togo, professeur Abawoé du Togo, Molière de la Côte d’Ivoire, Awa Boussim du Burkina Faso, Bébéto Bongo, Campus Ambiance, Greg, Kalam du Burkina Faso.
Faso7
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