Sankara et les 40 d’Alibaba
La voix du héros a retenti ce matin aux confins du malin destin
Devant les siens, hurlait de rage un taquin félin aux dents de lait
Le verbe acerbe, la verve imberbe, il brisait les tabous à dessein
Le poing levé, il n’avait pas peur d’asséner la vérité qui déplaît
Pour marquer son histoire, il faisait de l’intégrité son territoire
De ses mains nues, il bâtissait les fondations de la mère patrie
Avec la motte des pères, il dressait les bastions de la Victoire
Loin des tapis de gloire, il marchait dans la boue avec la fratrie
Pour lui, le peuple était le seul homme digne de sacrifice
Comme Christ, il s’est fait fils pour la destinée de l’agneau
Il n’avait de fortune que des idées par-delà les bras en lice
Il avait sous la chair un combat plus cher que sa propre peau
C’était le héros sans sous vaillant, il avait les poches exsangues
Il valait cent carats, il vivait en paria dans un logis sans excès
C’était un esprit transcendant qui planait au-dessus de son temps
C‘était le convaincu incompris, combattu et abattu, sans succès
Il rêvait gros en solo et un peu trop entre les crocs de l’alter ego
Il allait au charbon sans porter les gants du larron qui filoute
C’était un leader de thriller, chasseur de dealers à la voix de véto
Il avait l’onction du peuple, sa mission : défier le gouffre de la route
Il est allé jusqu’au bout mais, combien l’ont suivi de bout en bout ?
Il nous a montré le chemin par-delà le ravin sans un brin de butin
Qu’avons-nous fait de l’héritage de l’exemple incarné mort en nous ?
De quoi sommes-nous fiers en usant, en rusant avec le nom du fantassin ?
Faire comme Sankara et être comme les 40 voleurs de la caverne d’Alibaba,
Suivre les pas de Sankara et se faire du gras sous les bras tendus des masses !
Poursuivre le combat, le poing rempli en l’air, le ventre repu en bas et crier à bas !
Il y a des mentors même morts qui valent de l’or et d’opulents vivants sans trace.
Clément ZONGO
Clmentzongo@yahoo.fr
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