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District sanitaire de Djibo : Une mine d’or pour les responsables du CMA?

Depuis 2018, le district sanitaire de Djibo traverse une situation difficile dans la gestion de ses ressources, aussi bien humaines que financières. La situation s’est dégradée avec la montée en puissance du terrorisme. Dans ce contexte, des partenaires techniques évoluant dans l’humanitaire ont décidé d’accompagner ce district sanitaire pour la prise en charge des malades. C’est dans cette prise en charge que l’on assiste à une gestion opaque des affaires : la répartition des primes. Les responsables du district sont pointés du doigt dans de cette gestion très peu orthodoxe. Des fonds de partenaires gérés en cachette : une affaire de 800.000 F CFA versé à un responsable du district, etc. Comment tout cela est orchestré ? Notre enquête !

Djibo, chef-lieu de la province du Soum dans la région du Sahel est l’un des centres névralgiques du terrorisme au Burkina Faso. Cette ville jadis paisible est en proie à toutes sortes d’agressions terroristes, mettant les populations dans une situation humanitaire presqu’indescriptible. À cela il faut ajouter les populations qui fuient une situation devenue intenable.

Dans cette ambiance douloureuse, le secteur de la santé reste au centre de tous les intérêts des populations. Malheureusement, le district sanitaire de Djibo s’illustre négativement dans la gestion faite par ses premiers responsables. Ce qui n’est pas sans dommage sur les mêmes populations qui n’ont pas où aller.

Pour certains, le district sanitaire de Djibo est devenu comme un centre privé à la solde de certains responsables. Tenaillées par les questions sécuritaires, les populations portent difficilement leur attention sur le fonctionnement de ce service de santé ; l’essentiel étant de pouvoir bénéficier de soins. Pourtant, c’est alors que certains responsables de ce centre de santé ont visiblement voulu profiter de la situation pour se la couler douce. À en croire certaines sources, la situation du district sanitaire de Djibo s’est complètement dégradée depuis l’arrivée du médecin-chef, Dr Richard. P. Salou.

Ça ne sent pas bon!

Avant que la crise sécuritaire ne déclenche, l’on comptait près de 35 à 39 CSPS (centres de santé et de promotion sociale) pour l’ensemble du district sanitaire. Depuis fin 2018, 3 à 4 CSPS étaient fonctionnels, mais pas à plein temps, du fait de l’insécurité. Pour ce faire, il sera mis en place, ce que les professionnels appellent, des postes de santé avancés (PSA). Ainsi, outre le centre médical urbain (CMU), le CSPS de la Croix-Rouge et le CSPS de Diguel, la province du Soum dispose de 7 à 9 PSA.

Avec cette dizaine de postes de santé avancés (PSA), les responsables ont trouvé le moyen d’élaborer des plans d’action qui, curieusement, prennent en compte des centres de santé non fonctionnels. En plus, des rapports de supervision du district vers les CSPS ont été élaborés ainsi que des formations faites au profit du personnel. Les responsables au niveau régional sont-ils au parfum de cette situation qui frise le faux ? Au niveau central, cette réorganisation ne serait pas connue. Apprend-on.

Des officiels au CMA de Djibo ©infoh24

Le MCD pointé du doigt

Depuis 2018 en effet, le fonctionnement du district est devenu l’affaire d’un seul responsable qui régnerait en maître absolu : le médecin-chef du district sanitaire (MCD), Dr Salou. Dans ce contexte, des agents ont été victimes de suspension de salaire et n’en démordent pas. Leur colère ne fait que monter. Et il n’y a pas que cette organisation suspecte de la carte sanitaire du district qui pose problème.

À l’interne, au niveau de la cuisine par exemple, l’on apprend qu’une ONG humanitaire a opté de subventionner les repas pour les malades et le personnel soignant. Le district ne débourse donc que 750 F FCA pour les frais de condiments soit 1.500 F CFA par jour. Sur cette question, selon le MCD soutient qu’au regard du contexte difficile, des efforts déployés avec le soutien de la direction régionale de la santé pour offrir ce qui est meilleur, mais « nos moyens sont limités ». Et il ajoute que le District est fragilisé financièrement. Pour le MCD, les équipes qui travaillent au CMA ont été servi selon les ressources planifiées. Chose que les agents ne partagent pas.

Les 800.000 FCFA à problèmes

L’ONG s’est également proposé d’appuyer la direction régionale du Sahel et le district sanitaire de Djibo. Cet appui visait à financer les instances de fonctionnement. Mais la proposition a été bottée en touche par les responsables du district notamment le médecin-chef du district et la direction régionale de la Santé du Sahel. Selon eux, la proposition de soutien financier de l’ONG sera uniquement réservée au district sanitaire de Djibo du fait de contexte d’insécurité. Soit ! Mais comment cet argent a été utilisé ?

Le MDC interrogé sur la question confirme d’abord l’apport financier. Cependant, il explique que ce montant a été utilisé pour des dépenses de fonctionnement du CMA. Plus précisément, l’argent a été injecté dans l’acquisition du carburant pour le groupe électrogène à une période de délestage de la SONABEL. Mais ce n’est pas tout. Une partie a été utilisée pour résoudre des problèmes de gestion des ressources humaines explique-t-on. Comment ? Selon des sources proches de cette affaire, après le constat sur la gestion du carburant qui ne respecte pas certaines règles, l’ONG a décidé d’installer un groupe électrogène et de prendre en charge tout le nécessaire pour son fonctionnement à savoir, l’entretien et le carburant ; et cela depuis quatre ans.

Le flou continue

Certains agents ne partagent pas cette explication. Quelque temps après, ils ont découvert, lors d’une rencontre, par le pur des hasards, que de l’argent était régulièrement versé au district par l’ONG. Les agents tombent donc des nues en apprenant que l’ONG en question versait chaque mois la somme de 800.000 F CFA dont 300.000 F CFA au compte du responsable du district et 500.000 F CFA à la direction régionale de la Santé. Selon certaines informations, ce versement se ferait depuis trois ans.

En clair, si les 800.000 F CFA ont été régulièrement versés pendant les trois ans, l’on se retrouverait avec la rondelette somme de 9.600.000 F CFA par an soit 28.800.000 F CFA pour la période prise des trois ans. Où est donc passée exactement cette cagnotte ? Qu’en a-t-on fait ?

Outre les fonds versés, il y a cet appui en médicaments qui permettrait le remboursement des examens médicaux effectués, le remboursement de la consultation dans les PSA en raison de 1.500 F CFA par jour, ainsi que le remboursement de l’argent de la gratuité des soins par l’État pris en charge par l’organisme humanitaire. De tout cela, aucun bilan n’a été fait lors des deux assemblées générales que le district a organisées en 2018 et 2021. A quoi jouent le MCD et son équipe ?

Malgré toutes ces situations de gestion anachronique, beaucoup de personnes du côté de Djibo se demandent comment le ministère de la santé n’a jusqu’à présent pas pu voir la gestion chaotique ? Des contrôles d’inspection y sont-ils réellement organisés ? Du côté du syndicat des travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA), l’on se veut clair : il faut vite des explications. Mais au CMA de Djibo, il n’y a pas que cette affaire de primes et de gestion qui pose problème. Le covid-19 également fait parler de lui. Affaire suivre !

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