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Pathé Ouédraogo dit Pathé’O, styliste burkinabè : « Habiller les chefs d’Etat n’est pas un objectif »

<p><strong>En marge du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou &lpar;FESPACO&rpar;&comma; le styliste burkinabè&comma; Pathé Ouédraogo dit Pathé’O&comma; a célébré ses 50 ans de carrière par un défilé de mode&period; A travers cette interview qu’il a accordée à Sidwaya&comma; il dresse le bilan de son activité et partage son expérience sur la mode africaine&period;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Sidwaya &lpar;S&rpar; &colon; Vous venez de célébrer 50 ans de carrière dans la mode&period; Quel bilan dressez-vous&quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; L’être humain de façon générale a tendance à ne pas trop reconnaître ce qui est fait par soi-même et pour les autres&period; Pour ce qui me concerne&comma; je suis satisfait&period; Cela m’a permis de m’approcher davantage des gens et de surtout parler aux jeunes qui pratiquent le même métier que moi&period; Fêter 50 ans de pratique de mode&comma; cela paraît petit puisqu’elle continue de s’éloigner de vous&period; Tous les jours&comma; vous devez innover&comma; anticiper&comma; transformer pour pouvoir maîtriser réellement la mode&period; D’ailleurs&comma; il est difficile de maîtriser la mode parce que chaque fois que vous finissez de confectionner une tenue&comma; vous pensez à la prochaine&period; Donc&comma; on ne sait pas qu’on a travaillé pendant 50 ans&period; Car&comma; il y a tellement de choses à faire dans la mode&comma; notamment en ce qui concerne la création&period; C’est comme si vous ne finissez jamais d’aller de l’avant&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Pourquoi avoir choisi de célébrer ce cinquantenaire au cours du FESPACO &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Ce n’était pas prévu&period; Quand j’ai célébré le cinquantenaire à Abidjan&comma; j’ai eu pas mal de contacts de l’extérieur&period; Mais en réalité&comma; je ne voulais pas faire une tournée pour fêter ce cinquantenaire&period; Je ne suis pas un musicien pour aller chanter devant un public comme les artistes en ont l’habitude quand ils le peuvent&period; Avec la mode c’est différent &excl; Quand vous voulez montrer ce que vous savez faire&comma; cela vous demande de créer de nouvelles tenues&period; Présenter une collection demande beaucoup d’investissements &lpar;humain&comma; financier et matériel&comma; Ndlr&rpar;&period; En fait&comma; l’idée est venue d’un de mes fils qui m’a proposé de célébrer les 50 ans pendant le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou &lpar;FESPACO&rpar;&period; J’ai contacté le délégué général du FESPACO&comma; Moussa Alex Sawadogo&comma; un monsieur très gentil&period; Il m’a dit qu’il n’y a aucun inconvénient&period; Il m’a ainsi intégré dans le programme des activités de cette biennale du cinéma africain&period; Peut-être que mon activité fera désormais partie du FESPACO&comma; on ne sait jamais &excl; C’est vrai qu’à chaque édition du FESPACO&comma; il y avait un défilé de mode organisé par des stylistes venant de l’extérieur&comma; mais si on décide d’instituer un évènement de mode&comma; c’est bien&period; Parce que cinéma et mode vont ensemble&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Quelles sont les collections qui ont été présentées au cours de cette soirée &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; C’est difficile de citer des collections&period; Ma collection&comma; ce sont des couleurs tous azimuts&period; C’est-à-dire que nous créons plusieurs motifs et formes&period; J’ai présenté près de 195 modèles&period; Pour un défilé c’est vraiment énorme&period; En même temps&comma; c’est pour encourager les jeunes qui veulent embrasser le métier de la mode&period; C’était également pour dire aux burkinabè qu’il y a tellement de talents et de possibilités au Burkina Faso&period; Malheureusement&comma; le talent se meurt faute d’accompagnement&period; En Côte d’Ivoire par exemple&comma; quand un apprenti veut embrasser la carrière de couturier&comma; vous le payez et vous le formez&period; C’est nouveau &excl; Dans les pays industrialisés&comma; quand vous formez des gens&comma; vous êtes payés pour les former&period; Mais en Afrique en matière de mode&comma; ce n’est pas le cas&period; Si vous voulez avoir des apprentis&comma; c’est vous qui les payez&period; Vous payez leur transport et leur nourriture sinon ils ne viennent pas au travail&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Avez-vous déjà été sollicité pour la confection de costumes d’un film africain &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Oui &excl; J’ai habillé plusieurs acteurs de cinéma&comma; notamment dans le film ivoirien « Bal poussière »&period; J’ai habillé des acteurs de quatre ou cinq films en Côte d’Ivoire&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Et au Burkina Faso &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Pas encore&comma; mais j’habille les acteurs individuellement&period; Pour l’instant&comma; je n’ai pas été sollicité par un cinéaste pour habiller ses acteurs&period; Il y a également des acteurs et actrices qui viennent solliciter une tenue pour aller à des soirées&period; Je leur donne volontiers parce que ce sont des stars qui nous vendent et elles véhiculent des messages à travers nos tenues&period; Si ces stars sont habillées en tenues africaines&comma; cela veut dire qu’elles sont sur la voie que nous avons tracée&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Vous êtes très populaire dans certains pays&comma; notamment la Côte d’Ivoire&period; Pensez-vous avoir le même succès dans votre pays d’origine le Burkina Faso &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Un couturier n’est pas comme un musicien qui a besoin de popularité&period; Ce dont nous couturiers avons besoin&comma; ce sont des consommateurs&period; Ce n’est pas seulement le monde qui est autour de vous qui est consommateur&period; Que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso et dans bien d’autres pays comme le Congo ou en Afrique de façon générale&comma; j’ai de nombreux clients qui consomment du Pathé’O&period; Mais le pays des Hommes intègres&comma; c’est ma patrie&period; Pendant la soirée du défilé marquant mes cinquante ans de carrière&comma; la salle était comble &excl; Les personnes qui n’avaient pas de place sont pratiquement restées debout jusqu’à la fin&period; C’est comme si le public était venu regarder un concert alors que c’était un défilé de mode&period; Cela prouve qu’il nous soutient et croit en nous&period; Et cela nous encourage à bien travailler&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Vous êtes aujourd’hui un styliste modéliste très connu en dehors des frontières du Burkina Faso&period; Quel est le secret de votre succès &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong> Pathé’O<&sol;strong> &colon; Je ne pense pas qu’il y a un secret&period; Mais dans le domaine de la mode&comma; il faut suivre une voie&period; C’est-à-dire que vous devez créer votre ligne personnelle&period; Ou vous utilisez une matière ou une couleur qui constitue votre identité&period; C’est en général une tendance que vous renouvelez à chaque fois&period; Celui qui se conforme à cette tendance aura des clients fidèles&period; Quand nous avons commencé avec les pagnes&comma; nous sommes passés aux pagnes tissés et même l’indigo&period; Plusieurs personnes ne croyaient pas en nous&period; Mais aujourd’hui&comma; c’est un effet de mode&period; Cela nous encourage à faire des recherches et à créer davantage concernant la matière&comma; les couleurs et les lignes&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Quelles relations entretenez-vous avec les stylistes burkinabè &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Nous avons de très bonnes relations parce que tout le monde m’appelle « papa »&period; Ce n’est peut-être pas mon âge&comma; mais c’est peut-être le respect que je mérite dans le milieu&period; Il y a le styliste François 1er qui est venu me rendre visite dans mon hôtel&period; Je l’ai connu il y a très longtemps&period; Depuis Paris&comma; nous avons travaillé pour arriver là où nous sommes&period; Je collabore avec de nombreux jeunes couturiers burkinabè&period; Certains me demandent des conseils en ce qui concerne leur métier&period; Nous devons nous unir pour arriver à créer quelque chose de solide afin de faire avancer la mode&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; « On ne peut pas rattraper la mode&period; Au fur et à mesure que vous la suivez&comma; elle fuit »&comma; que faut-il comprendre à travers cette citation &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Cela voudrait tout simplement dire que la centaine de modèles que j’ai amenée avec moi pour le défilé est épuisée&period; Donc&comma; je pense aux prochains modèles&period; D’où la question « Qu’est-ce que je vais créer &quest;» Donc&comma; toutes les idées que nous avons rassemblées pour créer ces modèles&comma; nous allons les capitaliser pour en créer d’autres&period; Ce qui veut dire que même si nous allons créer des modèles semblables&comma; il y aura toujours des changements parce qu’on ne peut pas figer la mode&period; Quand vous créez un modèle&comma; dès qu’il est rendu public&comma; ce n’est plus une création&comma; c’est fini &excl; Donc&comma; il faut créer de nouvelles formes&comma; lignes&comma; couleurs et tendances&period; Au fur et à mesure que vous avancez&comma; vous découvrez beaucoup de choses à faire &period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Vous avez habillé la majorité des chefs d’Etat africains&period; Comment expliquez-vous cela &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Je pense que la question devait être posée autrement&period; Par exemple pourquoi malgré vos efforts&comma; les chefs d’Etat africains ne s’habillent pas chez vous &quest; Et je ne parle pas seulement de moi &excl; Plus nous sommes nombreux à les habiller&comma; plus nous gagnons&period; D’ailleurs&comma; habiller les chefs d’Etat africains n’est pas l’objectif&period; Mais quand nous créons des modèles qui leur plaisent&comma; c’est un avantage pour nous&period; Ils vont nous vendre parce que notre combat&comma; c’est d’arriver à ce stade&period; Prendre un avion pour aller à Paris&comma; à Milan ou à Londres pour s’habiller&comma; ça ne devrait plus être à l’ordre du jour&period; C’est du passé&comma; parce que nous avons réussi à travailler la matière et à utiliser les couleurs de chez nous&period; Ils n’ont pas le droit de nous laisser et aller s’habiller ailleurs&period; Donc&comma; ce n’est pas un secret&comma;c’est le travail&period; Les chefs d’Etat qui acceptent s’habiller avec nos matières nous donnent réellement un coup de pouce&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Le Président Roch Marc Kaboré est-il l’un de vos clients &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Bien sûr &excl; Vous savez quand le Président Roch Marc Kaboré est arrivé au pouvoir&comma; il n’a pas fait un pressing pour que les Burkinabè portent le Faso dan fani&period; Il l’a tout simplement porté et les Burkinabè lui ont emboité le pas&period; Par exemple quand j’ai rencontré le Président Thomas Sankara pour la première fois en 1987 avant son assassinat&comma; je portais le Faso dan fani&period; Il m’a dit voilà&comma; c’est comme ça que je veux que les Burkinabè s’habillent&period; Il avait à cœur qu’ils consomment le Faso dan fani&period; Il faut qu’on arrive à l’industrialisation de ce pagne&period; Je pense que le Président Roch a trouvé une idée géniale et simple de porter le Faso dan fani&period; Les gens se sont identifiés à lui et ils ont commencé à le porter&period; Les tisserands et les créateurs ont suivi le pas&period; Aujourd’hui&comma; nous avons des pagnes dan fani qui ne déteignent plus&period; Présentement&comma; on peut avoir des pagnes de 100 à 150 cm de large&period; On peut faire maintenant la décoration et bien d’autres choses&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Quel sera le rôle de la fondation Pathé’O que vous avez créée &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Quand vous atteignez un niveau&comma; il y a certainement des gens qui n’ont pas atteint ce stade&period; Il y a d’insignifiantes contributions qu’on peut faire si on n’est pas négligeant&period; Nous nous sommes rendus compte qu’avec la fondation&comma; nous pouvons récupérer des jeunes qui sont à la recherche de lieux où apprendre la couture&period; A travers la fondation&comma; nous voulons donc les former et les orienter&period; C’est l’objectif de cette fondation&period; L’idée c’est comment aider ces jeunes à croire en ce qu’ils font&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Le livre autobiographique « Pathé’O &colon; du Fil en aiguille » parle de votre parcours&period; Comment est venue l’idée d’écrire ce livre &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Il faut dire qu’il y a un deuxième livre qui va bientôt paraître&period; Il est écrit par des Suisses&period; Le premier livre a été écrit par un journaliste ivoirien très dynamique du nom de Cheick Yvhane&period; C’est au cours d’une causerie qu’il m’a fait part de son intention d’écrire un livre sur moi&period; J’ai dit pourquoi pas &quest; C’est ainsi qu’il a commencé à faire des recherches sur moi&period; Il est allé un peu partout pour réunir tous les éléments qui lui ont permis d’écrire sur moi&period; Les Suisses ont aussi fait pareil&period; Ils sont allés un peu partout y compris dans mon village pour collecter des informations<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Le terrorisme gangrène le Burkina Faso depuis plus de cinq ans&period; En tant que Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire&comma; comment vous vivez cela &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Pathé’O<&sol;strong> &colon; Tout le monde a mal&period; Même ceux qui font ce mal ont mal aussi&period; Peut-être qu’ils ne le disent pas&period; J’ai apporté ma petite contribution à Kongoussi qui est ma localité d’origine où j’ai offert près de 500 tenues aux personnes déplacées&period; Nous sommes conscients des affres du terrorisme&comma; même si nous nous ne sommes pas loin de la mère patrie&period; Tout ce que nous pouvons faire&comma; c’est de prier que le terrorisme prenne fin et voir comment aider ceux qui sont dans la détresse&period; Tôt ou tard&comma; le terrorisme prendra fin parce qu’on ne peut pas faire disparaître un Etat aussi facilement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>Interview réalisée par <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>W&period; Aubin NANA et P&period; Oumar OUEDRAOGO <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>L’article <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;blog&sol;2021&sol;10&sol;26&sol;pathe-ouedraogo-dit-patheo-styliste-burkinabe-habiller-les-chefs-detat-nest-pas-un-objectif&sol;">Pathé Ouédraogo dit Pathé’O&comma; styliste burkinabè &colon; « Habiller les chefs d’Etat n’est pas un objectif »<&sol;a> est apparu en premier sur <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;">Quotidien Sidwaya<&sol;a>&period;<&sol;p>

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