Burkina Faso : Educ’action-BF  lance une collecte pour scolariser les enfants déplacés au Nord

A l’occasion de la collecte de vêtements et de kits scolaires initiée par l’association Educ’action-BF au profit des enfants déplacés de la région du  Nord, Constant Somda, le  chargé de communication, de l’instruction et de la formation de l’association a accordé une interview à l’équipe de Faso7 pour mieux expliquer la démarche de cette collecte. Débutée le  13 octobre, la collecte se poursuit  jusqu’au 19  novembre 2021.

Faso7 : Qu’est-ce que l’Educ’action-BF ?

Somda : L’Educ’action-BF est une association apolitique  non gouvernementale à but non lucratif  qui a été créée en mars 2021, par des jeunes sur un constat que la zone du Nord compte le plus grand nombre  des déplacés internes au Burkina Faso. Elle compte  une vingtaine de membres et reste ouverte à toute personne épousant sa vision. L’objectif  de cette initiative est d’apporter un soutien sur le plan académique, moral, matériel à tous ces enfants déplacés du Nord qui ont besoin d’un petit soutien pour continuer l’école.

Faso7 : Pourquoi ce choix unique des enfants et de la région du Nord ?

Somda :  Le choix de la région n’a pas été fait au hasard parce que c’est la région dans laquelle on n’a le plus travaillé étant dans les ONG et organismes qui ont travaillé dans cette région. C’est une région dont on la maitrise parfaitement. Il y a aussi le fait que le nombre d’enfants déplacés dans la région  du Nord selon les dernières statistiques étaient un peu élevées.

On n’a décidé de concentrer nos efforts sur cette région et par la suite, si nous avons des moyens de le faire, on va essayer de couvrir l’ensemble des régions  touchées  par la crise sécuritaire au Burkina Faso.

Faso7 : Quelle est la visée de cette initiative de collecte ?

Somda : Nous avons initié cette collecte de vêtements et de kits scolaires justement pour venir en aide à ces enfants, qui avec cette période de fraicheur qui s’annonce, ne  sont pas bien outillés  pour affronter cette fraicheur. Nous avons pensé à collecter ces vêtements pour essayer de les maintenir  à  chaud pendant cette période de fraicheur pour qu’ils puissent continuer justement l’école.

Et je profite  saluer les efforts que la plupart des  organismes internationaux et  les structures humanitaires sont entrain de mener sur le terrain avec l’accompagnement  du gouvernement burkinabè. L’action que notre association est entrain de mener est une contribution  aux efforts qui sont déjà déployés sur le terrain.

Faso7 : Comment se passe cette collecte sur le terrain et  quelle somme  comptez-vous atteindre ?

Somda : Actuellement, nous sommes à la phase de collecte qui a débuté le 13 octobre dernier et  qui va prendre fin le 19 novembre. Je pense que nous sommes environ à cinquante mille  francs CFA cash comme argent reçu.

Mais il y a des bonnes volontés qui  ont fait des dons de vêtements, des chaussures, de sacs scolaires et draps pour qu’on remette cela à des  enfants qui vont se couvrir durant cette période de fraicheur.

Ce sont des éléments que nous prenons en compte mais, la plupart, ce sont des transferts que les gens font. Nous espérons d’ici la fin de la collecte, que nous allons atteindre un montant de trois cent mille (300 000) francs CFA qui va s’ajouter déjà au montant que l’association va collecter en son sein.

Avec cela, nous pensons  offrir des vêtements à au moins cinq cent enfants déplacés de la région du Nord. Nous avons voulu au début de la rentrée scolaire 2021-2022 subventionner la scolarité de certains enfants, mais par faute d’accompagnement et de manque de moyens, nous n’avons pas pu le faire.

Mais nous espérons que dans les démarches que nous allons entamer, nous allons  avoir un partenaire qui va croire à notre projet, avoir la même vision que nous pour que l’année prochaine nous puissions subventionner la scolarité de 500 enfants de déplacés internes à Ouahigouya dont 300 filles et 200 garçons.

Constant Somda, le  chargé de communication, de l’instruction et de la formation de l’association © Faso7

Il faut dire aussi que le choix des 300 filles et des 200 garçons n’a pas été  fortuit. C’est dû au fait que la plupart du temps,  l’éducation des filles est sacrifiée quand il s’agit de faire un choix entre le garçon et la fille. Et vu que ces personnes sont des gens qui ont quitté leurs villages et qui n’ont plus assez de moyen, c’est difficile pour eux d’assurer  la scolarisation de tous les enfants.

Nous avons fixé comme objectifs  de faire en  sorte qu’on puisse maintenir encore plus les filles à l’école. Parce que plus elle est retenue à l’école, plus elle sera épargnée des grossesses précoces et mariages précoces afin de devenir des autorités de ce pays.

Faso7 : Bénéficiez-vous d’un quelconque partenariat ?

Somda : Pour le moment non, l’association a lancé l’initiative sur fonds propres. Au sein de l’association, il y a une  cotisation qui été faite pour avoir une certaine somme et par la suite, avec ce que nous allons récolter dans la collecte, nous allons les joindre pour aller sur un marché de la place  pour trouver un certain nombre de vêtements  qui pourront maintenir les enfants au chaud pendant la période de fraicheur.

Faso7 : Quel message voulez-vous faire passer à travers ce don ?

 Somda : Le message que nous avons, d’abord c’est que ces gens là n’ont pas été déplacés par choix,  c’est une crise qui touche tout le Burkina Faso,  et voir des personnes  fuir leurs villages natals pour se retrouver dans des conditions de déplacé, ce n’est pas vraiment intéressant. Nous, nous pensons que ce sont nos petits frères, nos enfants, nos mamans  et papas qui sont dans ces conditions. Si nous avons la possibilité d’apporter notre soutien,  aussi minime soit-il, nous pensons que  c’est nécessaire de le faire parce qu’on ne sait pas de quoi demain est fait. Ces personnes pourront un jour à leur tour sortir leurs parents de l’impasse dans laquelle ils se trouvent s’ils ont eu une scolarisation.

Faso7 : Comment collectez-vous ces fonds ?

Somda : La collecte  se fait physiquement. Si  c’est des vêtements ou des draps que la personne veut offrir, nous nous déplaçons  vers la personne et nous récupérons ce que la personne a à offrir. Mais si c’est un montant que la personne veut transférer, il le fait à travers les numéros 56611200 / 60551865.

Faso7 : Comment seront répartis ces fonds ?

Somda : Cela se fera avec le concours de  la direction régionale du ministère de  l’action sociale  avec la direction régionale du ministère de d’éducation. Comme c’est une collecte qui cible uniquement les enfants  déplacés qui sont scolarisés ou non, nous allons dans un premier temps cibler les écoles qui contiennent des effectifs élevés d’élèves  déplacés et avec les responsables de ces écoles, nous allons essayer de faire une répartition pour que chacun puisse à son niveau faire la distribution au niveau des enfants.

Normalement une semaine après la collecte, nous procéderons aux dons officiels à Ouahigouya parce qu’il faut d’abord que la direction régionale puissent nous indiquer les écoles où il y a plus d’enfants déplacés.   

Faso7 : Quel appel lancez-vous aux bonnes volontés ?

Somda : Nous lançons un appel aux bonnes volontés  qui voudront bien accompagner l’association dans sa vision. Nous espérons  que dans les jours à venir nous allons trouver la bonne personne qui va  nous accompagner pour que nous puissions assurer une éducation de qualité à tous les enfants déplacés du Burkina Faso. C’est la première édition  de la collecte, mais il y a d’autres activités  que nous avons prévues avec l’association pour accompagner les dons.

Faso7 : Des perspectives pour la deuxième édition ?      

Somda : A la prochaine édition, nous espérons toucher une plus grande partie des parents. L’association a eu à mener  une étude sur le terrain et avec les données que nous avons récoltées, nous avons  vu qu’il y a beaucoup de besoin au niveau des parents aussi.

Comment faire que les parents dans les années à venir,  ne puissent pas attendre  forcement les organismes internationaux, qu’ils puissent aller à leur tour avoir des activités génératrices  de revenus qui vont leur permettre de scolariser leurs enfants ? Nous allons voir dans quelle mesure nous allons pouvoir financer  les activités génératrices de revenus pour que  ces parents puissent subvenir convenablement aux besoins de leurs enfants.

Propos recueillis par Joël THIOMBIANO (stagiaire)

Faso7

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