An VII de l’insurrection populaire : L’UAS s’inquiète de la situation sécuritaire au Burkina Faso

Ceci est une déclaration de l’Unité d’action syndicale (UAS) à l’occasion de l’AN VII de l’insurrection populaire.

Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè, en particulier sa jeunesse, s’insurgeait contre le régime de Blaise COMPAORE qui s’était installé au pouvoir depuis 27 ans. 

A la base de cette insurrection, il y avait certes l’entêtement du régime COMPAORE à se pérenniser au pouvoir, à travers la tentative de révision de l’article 37 de la constitution. Si cette volonté de révision de la Constitution peut être considérée comme l’élément déclencheur de cette action, elle traduisait fondamentalement l’option de rejet de politiques néolibérales engendrant des conséquences énormes dans tous les domaines de la vie. Il importe donc de souligner qu’elle est le fruit d’un vaste et profond travail de sensibilisation et d’éducation des masses populaires mené par les organisations démocratiques de notre pays.

En effet, l’assassinat notamment le 13 décembre 1998 du journaliste Norbert ZONGO et de ses trois compagnons sur la route de Sapouy, a déclenché une crise sociopolitique qui a évolué depuis en plusieurs phases. Le mouvement syndical de notre pays a pris une part active à ce travail patient et profond de sensibilisation et d’organisation.

Il a aussi, comme il l’a toujours fait aux tournants majeurs de l’histoire de notre peuple, activement pris part à cette lutte du peuple ayant abouti à la chute du régime de Blaise COMPAORE qui a dû fuir le pays, en compagnie de certains de ses proches, avec la complicité des autorités françaises.

Aujourd’hui, en ce septième anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre, l’Unité d’Action Syndicale salue la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’avènement de cette insurrection.

Elle déplore qu’à ce jour, justice ne leur soit pas encore rendue. Pire, les maux qui ont servi de ferment à leur révolte en 2014 se sont maintenus et même amplifiés avec comme conséquences la vie chère qui tenaille les populations, une crise foncière due à l’accaparement des terres et le déni du droit au logement, la non prise de mesures pour combattre conséquemment l’impunité des crimes économique et de sang, la remise en cause des acquis et droits des travailleurs, le bafouement des principes du dialogue social.

Plus grave, le pays, confronté à des attaques terroristes depuis 2015, voit des pans entiers du territoire contrôlés par des groupes armés qui dictent leurs lois aux populations, procèdent à des enlèvements, à des exécutions, à des vols de bétail, à des destructions d’infrastructures publiques et privées et de récoltes.

Les exactions et pillages de ces groupes ont contraint les populations de plusieurs localités à trouver refuge dans les grands centres où elles sont confrontées à la faim, à la soif, à la maladie, à l’absence d’abris décents et à des humiliations diverses.

En termes de bilan, à ce jour, les attaques ont provoqué plus de deux mille (2000) pertes en vies humaines et le pays compte plus de 1,5 millions de déplacés internes, près de trois mille (3000) écoles fermées ou détruites, privant ainsi des millions d’enfants de l’accès à l’école.

Face à cette crise sécuritaire, les autorités ont pris diverses mesures allant des nombreux changements à la tête du commandement (ministres de la défense, ministres de la sécurité, chefs d’Etat-major) à l’accroissement significatif des budgets de la défense et de la sécurité, à la prise de mesures de restriction des libertés des populations dans certaines régions touchées par le phénomène. Cette situation a même servi à l’installation de bases militaires étrangères dans le pays. Malgré tout, la situation se dégrade de plus en plus et aujourd’hui, les régions de l’Est, du Sahel, du Centre-Nord, du Nord, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades subissent l’emprise des groupes terroristes qui gagnent du terrain et dictent leurs lois sans réaction immédiate des autorités quand bien même leur présence est signalée par des citoyens. Les populations se sentent abandonnées à elles-mêmes, confrontées à l’impossibilité de mener leurs activités. Cette situation nous inquiète à plus d’un titre.  

Dans ce contexte particulièrement difficile, l’UAS exprime sa compassion aux populations meurtries et leur témoigne sa solidarité et ses encouragements. Tout en demandant aux autorités d’améliorer les conditions des FDS, elle interpelle les autorités sur leur devoir d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens et leur rappelle que c’est la non prise en compte des attentes populaires, notamment en matière de lutte contre l’injustice, l’impunité, la corruption, la vie chère, qui justifie l’explosion des luttes des travailleurs et des différentes couches sociales de notre pays.

Aux travailleurs et aux populations en général, elle rappelle une des grandes leçons de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, à savoir que le peuple, notamment la jeunesse regorge d’énergie et quand il est déterminé et organisé, il peut prendre en main sa destinée et combattre toute forme de dictature.

A l’occasion de cet anniversaire et au regard du tableau ci-dessus peint, elle exige :

la lumière sur les auteurs et commanditaires des tirs contre les manifestants des 30 et 31 octobre 2014;
la vérité et la justice sur les crimes économiques et de sang ;
la prise de mesures sérieuses de lutte contre la vie chère ;
l’arrêt des atteintes aux droits et acquis des travailleurs ;
le respect des décisions de justice,
la sécurisation des populations.

Dans ce sens, elle invite l’ensemble des militant(e)s, des travailleuses et travailleurs à renforcer leurs différents cadres de lutte, à s’engager dans la défense et l’approfondissement des acquis de l’insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance populaire et héroïque du 16 septembre 2015.  

Vive l’insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 !

Vive l’Unité d’Action Syndicale (UAS) !

Ont signé :

 

Pour les Centrales syndicales                                                                   Pour les syndicats autonomes                              

Le Président de Mois                                                                                             Le président de mois

 

 

                                                          

Bassolma BAZIE                                                                                                       Blaise R. NEBIE

Secrétaire Général CGT-B                                                                            Secrétaire Général/ SYNATRAD

             

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