Province des Banwa : Yézouma Coulibaly, de militaire radié à agriculteur millionnaire
Militaire radié de l’armée en 2011 à la suite de la mutinerie, Yézouma Coulibaly fait désormais la fierté de son pays à Bayé, son village natal situé à 16 km de Solenzo, dans la province des Banwa. Devenu agriculteur modèle, il raconte à Sidwaya sa vie de militaire qui s’est muée par la force des choses, en celle de producteur agricole multimillionnaire. Retour sur une reconversion forcée !
Le soja fait également partie des spéculations de M. Coulibaly.
Militaire de son Etat, il y a 10 ans, Yézouma Coulibaly a effectué un retour forcé à la terre. En effet, ce natif du village de Bayé, dans la province des Banwa, s’est vu obligé de devenir agriculteur, pour avoir été rayé des effectifs de l’armée en 2011, à la suite de la mutinerie militaire qu’a connue le Burkina Faso, sous l’ère du président Blaise Compaoré. Dix ans après, il a réussi sa reconversion au point d’inspirer plus d’un. Issu d’une famille de cultivateurs, Yézouma Coulibaly (né en 1983) a été envoyé à Daboura, un autre village, à l’âge de quatre ans, pour garder les bœufs de son grand-père maternel où il dormait presque au champ avec ses oncles. En 1991, quand il avait sept ans, son grand-père, Patrice Coulibaly, l’inscrit à l’école primaire publique de Bonza.
Faute de bons résultats, Yézouma Coulibaly a été rappelé à Bayé, son village natal, par son père, Leydoun Coulibaly, pour être réinscrit au Cours préparatoire première année (CP1) avec ses petits frères. Dès lors, il suit un cursus scolaire (primaire) normal au terme duquel il parvient à obtenir son Certificat d’études primaires (CEP) et son entrée en classe de sixième. Au collège, il obtient son Brevet d’études du premier cycle (BEPC) en 2003. En décembre de cette même année, il est admis au test de recrutement des militaires où il effectuera neuf mois de formation de base à Bobo-Dioulasso, au Groupement d’instruction des forces armées (GIFA). Après cette formation, il intègre l’Académie militaire Georges-Namoano de Pô. Il y passe cinq ans avant de réussir au concours professionnel de gestion des ressources humaines des forces armées. Il effectue alors son stage à l’aéroport, Base 571 à Ouagadougou et à sa sortie, il est affecté à Bobo-Dioulasso comme secrétaire des services des ressources humaines.
Le choix de l’aventure retoqué
Yézouma Coulibaly fait une année et demie dans la ville de Sya avant d’être muté à Gaoua comme secrétaire de gestion des ressources humaines. Six mois après, la mutinerie se déclenche dans les garnisons en 2011. Il a été désigné par ses collègues de Gaoua pour participer à la rencontre présidentielle de sortie de crise.
« A ma grande surprise, j’ai vu mon nom sur la liste des personnes à radier de l’armée, alors que je n’ai pas participer aux troubles », a-t-il témoigné. Cette décision de l’armée marque un tournant décisif dans la vie du désormais ex-militaire. Il contacte sur-le-champ son géniteur afin qu’il reçoive sa femme et ses enfants car ayant l’intention d’aller à l’aventure. « Mon père s’y est catégoriquement opposé et m’a envoyé une somme de 50 000 F CFA comme frais de transport pour rejoindre le village avec ma famille », s’est-il rappelé. Suivant les conseils de son géniteur, il se lance donc dans l’agriculture.
Alors, il range sa moto et enfourche le vélo pour le champ. En 2013, son papa lui construit une mini-villa, puis lui achète une nouvelle moto et un tricycle en 2014 avec les retombées de l’agriculture. A la mort de son père en 2016, Yézouma Coulibaly fait face, dorénavant, seul à son destin. Il redouble d’ardeur en produisant sur une superficie de 60 à 75 hectares. Au même moment, il prend la place de son père qui était semencier et partenaire de l’entreprise Neema agricole du Faso (NAFASO), spécialisée dans la production et la com-mercialisation de semences certifiées des variétés améliorées. Cette société l’aide à acquérir un tracteur. Les variétés cultivées dans son champ sont le maïs, le sorgho, le soja, le petit mil, le sésame et le riz.
40 tonnes de maïs par an
Le militaire radié ne regrette pas de revenir à la terre, car il récolte près de 40 tonnes de maïs par an et 30 tonnes de riz, dans le cadre du programme du président « produire un million de tonnes de riz par an ». S’essayant à un petit calcul, il explique que si le coût moyen du sac de maïs est de 15 000 F CFA, avec 800 sacs, il peut gagner 12 millions F CFA par an. Quant au riz, s’il se monnaye à 12 000 F CFA, le sac, avec plus de 600 sacs en sa possession, Yézouma Coulibaly s’en sort avec environ 7,2 millions F CFA.
Dans ses travaux, M. Coulibaly dispose d’une main d’œuvre constituée de quatre permanents payés à un million F CFA par an. Il fait également recours à des contractuels de 7 à 30 personnes, selon le moment et les besoins. Ce qui lui fait également une dépense de près d’un million F CFA. En tout, le désormais agriculteur millionnaire est reconnaissant envers sa femme, Lucie Coulibaly qui est le pilier de son travail. « Pendant les semis et surtout les récoltes et le vannage, c’est elle qui organise le travail », a-t-il indiqué. Il invite les jeunes à se lancer dans l’agriculture, car pour lui, la terre nourrit son homme, pour peu qu’on en fasse son métier. Le mérite de l’entrepreneur agricole a été reconnu par la nation lors de la Journée nationale du paysan (JNP) tenue à Manga dans le Centre-Sud en 2018. Il a été élevé au rang de chevalier de l’Ordre du mérite avec agrafe agriculture.
Salifou OUEDRAOGO
AIB/Banwa
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