Dans son essai intitulé « Les gnous du pouvoir – Sonate pour dictateurs », le journaliste Paul Amoussou se penche sur la problématique de l’alternance au pouvoir et la bêtise humaine qui rendent tragiques certaines fins de règne en Afrique.
La plupart des dirigeants africains semblent ne pas tirer les enseignements de la débâcle de leurs pairs à la suite d’une tentative de modification de la constitution. Pour preuve, la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 pour avoir voulu s’offrir un autre bail n’a point servi de leçon à Alassane Ouattara, en Côte d’ivoire ou à l’ex-président guinéen, Pr Alpha Condé. Moins chanceux sans doute que son homologue ivoirien, l’ancien locataire du Palais Sékoutoureya (Conakry) a été victime d’un coup d’Etat perpétré par un groupe de soldats mutins des forces spéciales guinéennes le 5 septembre 2021. Qu’est ce qui explique cet aveuglement ? Comment comprendre cet entêtement bovin à la limite irrationnel des chefs d’Etat africains ? Dit autrement, nos timoniers, guides éclairés ou autres pères de la nation sont-ils des gnous ? C’est-à-dire, ces mammifères ongulés, que l’on rencontre en Afrique australe et parfois considérés comme des antilopes qui « foncent toujours tête baissée ». C’est du moins le constat sans concession fait par Paul Amoussou, le journaliste et Directeur de publication du journal « La Nation », le quotidien national d’information béninois, dans son essai au titre assez évocateur : « Les gnous du pouvoir – Sonate pour dictateurs ». Selon l’auteur, cette « chronique de la gouvernance politique en Afrique » met en relief les déviances du pouvoir en place dans certains pays africains. Composé d’environ 200 pages, « Les gnous du pouvoir – Sonate pour dictateurs » traite, explique le journaliste écrivain, des éconduites de bon nombre de chefs d’Etat sur le continent. A l’entendre, cette nouvelle génération de timoniers rechignent à organiser l’alternance au sommet de l’Etat ou à transmettre le bâton de commandement. S’il est vrai que ces derniers sont parvenus, après la chute du mur de Berlin et le discours de La Baule, à instaurer une « espèce de système » démocratique, il n’en demeure pas moins qu’ils continuent de s’accrocher désespérément et à travers moult subterfuges à leur fauteuil.
Boulimie du pouvoir, alternance politique controversée en Afrique sont, entre autre, les thèmes abordés dans cet essai.
Un ouvrage bilan
Et « cette obstination des chefs d’Etats africains finit toujours plus ou moins de manière dramatique. Malheureusement, cette triste fin semble ne pas décourager ou dissuader les autres présidents, puisqu’ils répètent au final les mêmes erreurs et connaissent la même fin. D’où le titre, les gnous du pouvoir », justifie Paul Amoussou. La particularité du Gnou, rappelle le Directeur de publication de « La Nation », est de reprendre « tête baissée », chaque année, lors de la saison de migration, le même parcours, pourtant parsemé de redoutables prédateurs (lions, crocodiles, etc.). Pour Paul Amoussou, les coups d’Etat sont malheureusement la plupart du temps la conséquence directe de ces velléités de patrimonialisation du pouvoir. Toutefois, ces changements anticonstitutionnels constituent, à son avis, l’autre « gangrène » de la gouvernance politique en Afrique. Ils connaissent aussi, selon lui des fins de chapitres dramatiques ou décevants. « En Guinée, Moussa Dadis Camara s’était engagé à gérer la transition et à organiser des élections libres et démocratiques. Mais, il n’a finalement pas tenu parole », a illustré Paul Amoussou. Afro-optimiste dans l’âme, l’auteur dit garder espoir que l’Afrique connaitra un jour un changement radical au plan politique. Pour lui, le processus démocratique aux quatre coins du continent est en marche, et en phase de croissance. Il passe par des étapes douloureuses et nécessaires comme cela a été le cas des grandes démocraties occidentales, estime le journaliste. « Cet ouvrage se veut un bilan que je souhaite laisser entre les mains de la génération actuelle et à venir afin que tous fassent le constat de ce qu’a été nos dirigeants et leur rapport à l’alternance démocratique », conclu-t-il.
Aubin NANA
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