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Procès Thomas Sankara et de ses douze compagnons : Pierre Ouédraogo et Pr Basile Guissou témoignent à la barre

Le tribunal militaire a poursuivi ce 17 novembre 2021, l’interrogatoire du témoin Boukari Kaboré dit le lion. Après le témoignage du Lion sur les événements du 15 octobre 1987. Ce fut le tour de deux autres témoins de venir devant la barre du tribunal pour faire leur déposition sur les faits ayant marqué ce jour. Il s’agit du Secrétaire national des Comités de défense de la révolution (CDR) à l’époque, Pierre Ouédraogo et du Pr Basile Guissou.

L’interrogatoire du témoin, Boukari Kaboré dit le Lion, s’est poursuivi ce jour 17 novembre 2021 avec les questions des avocats de la partie civile sur certains points d’éclaircissements. L’avocat de la partie civile, Me Hervé Kam voulait avoir des précisions sur l’attaque du bataillon d’intervention aéroportée (BIA) de Koudougou. Pour le témoin à la barre, Boukari Kaboré dit le Lion, c’était un coup monté pour l’abattre. « À la BIA, le jour du 15 octobre 1987 on avait d’abord des informations que ça chauffait à Ouaga, mais on ne savait pas ce qui se passait. On était en train de discuter pour voir si on allait descendre à Ouaga ou pas. J’ai appris au téléphone que le président Sankara était mort » a-t-il déclaré.

Lorsque « j’ai formé  la troupe de la mort du président, il y avait le découragement sur tous les visages. Il restait 15 militaires seulement au piquet. Et après c’est Hermann Yaméogo qui est venu me voir pour dire que les gens s’inquiètent d’une possible guerre mais je dois faire une déclaration à la place de la nation pour calmer les gens ». « Je lui ai dit non, mais je lui ai proposé de faire en lieu et place, une déclaration à la radio. Ainsi, on a écrit notre communiqué en précisant que nous déplorons la perte de notre président, mais nous n’allons pas faire une guerre qui va encore endeuiller le peuple. Nous sommes prêts à travailler pour le peuple » soutient-il.

Mais, ils sont allés dire que le Lion est devenu fou et qu’il n’était pas d’accord. On a coupé toutes les communications de Koudougou et faire des blocus. L’assaut contre le BIA a entrainé la perte de ses hommes. « Les morts de Koudougou, c’était des assassinats ciblés. Et cela a été le travail de Alain Bonkian comme patron et de Gaspard Somé comme exécutant », a-t-il confié au tribunal. Et certains de ces éléments notamment Kaboré Salfo, actuel gouverneur de la région du Sahel, indique le témoin, lui ont conseillé de sauver sa vie.

La zone des avocats de la défense ©infoh24

Concernant sa déclaration lors du premier jour de son témoignage, le capitaine Boukary Kaboré avait cité Gilbert Diendéré qui aurait reçu une note lors d’une assemblée générale le 14 octobre 1987. Ce qui a fait l’objet d’une confrontation

Le témoin a expliqué qu’« il y a eu une rencontre le 14 octobre de 9 heures à 22 heures, puis le lendemain à 08 heures pour la reprise. Et c’est là que Diendéré a reçu une note. Il a lu à haute voix cette note qui indiquait que Thomas Sankara préparait un coup contre Blaise Compaoré. N’ayant pas pris part à la rencontre, il dit avoir été informé par Henry Zongo qui y était » selon le capitaine Boukary Kaboré.   

Mais Gilbert Diendéré a réfuté l’information donnée par Boukary Kaboré dit le lion « n’est pas exacte ». « Nous avions tenu une assemblée nationale le 14 octobre à 09 heures et elle a pris fin à 12heures. Il était question du renouvellement du bureau des Comités de défense de la révolution. C’était également pour clarifier aux soldats de ne pas se mêler de la chose politique. Je n’ai reçu aucune note ou document qui annonçait quoi que ce soit », a conclu le général Diendéré.

Témoignage à la barre du Secrétaire national des Comités de défense de la révolution (CDR), Pierre Ouédraogo.

 À la barre, Pierre Ouédraogo est revenu sur des propos que Thomas Sankara a tenu dont il se rappelle. « Il a dit que Blaise Compaoré pouvait prendre le pouvoir quand il veut ». Il poursuit en affirmant que des tracts, discriminants des éléments du CNR avaient été distribués dans la capitale par des inconnus. En réponse il avait demandé l’appui de l’Escadron Motocycliste Commando de Pô (EMC) pour arrêter les distributeurs de tracts. Mais sans résultat ». Puis, il revient sur les faits du 15 octobre.  

Selon l’ancien secrétaire national des Comités de défense de la révolution (CDR), Pierre Ouédraogo, après le coup d’état du 15 octobre 1987, il fallait  suivre, accepter le coup d’état, ou « être emprisonné ou radié », les autres moins chanceux étaient tués. Après explication des faits, j’avais des réserves vis-à-vis des événements du 15 octobre, face à Blaise Compaoré, le lendemain. Et avant de lui dire que «  je ne souhaite plus faire partie de ce mouvement », se souvient-il. Le lendemain de cette rencontre, j’ai été encore  invité au Conseil de l’Entente, mais cette fois-ci, pour être mis en résidence surveillée pendant 7 mois, dans une  villa » a relaté Pierre Ouédraogo.

Le tribunal,©infoh24

Témoignage du professeur Basile Guissou

A la barre le professeur,Basile Guissou, ministre des affaires étrangères sous Thomas Sankara est revenu sur certains éléments qui conduit à l’aboutissement des évènements du 15 octobre 1987. Quoiqu’il ne fit plus partie du gouvernement de Conseil national de la révolution, il a été arrêté et torturé. « J’ai été détenu pendant 4 mois sans que personne de m’interroge, même mon nom. On venait me torturer seulement » soutient-il.

Pire, « on me faisait rouler sur du gravier, on versait de l’eau froide sur moi, et le commandant de la gendarmerie en son temps venait superviser. Ce commandant de la gendarmerie disait à ses éléments de le faire pleurer » a soutenu Guissou.

 Qui torturait le  professeur  Basile Guissou

Après l’assassinat de Thomas Sankara, il dit avoir été « chassé comme un lièvre » dans les artères de la capitale burkinabé lors d’une course-poursuite avec des pandores. Convoqué ensuite à la gendarmerie, il sera séquestré et torturé jusqu’à ce que son « slip  se déchire ». Il y serait resté quatre mois durant, sans être interrogé sans aucun motif. « On m’a frappé et torturé cadeau » » a-t- expliqué à la barre. Ces tortures sont l’œuvre du commandant de la gendarmerie au moment des faits, Jean Pierre Palm.

 

Un aperçu de la salle d’audience©infoh24

Pire chaque soir, le commandant de la gendarmerie Jean Pierre Palm à l’époque, venait superviser quand on nous torturait, avec sa cigarette de marque Gauloise au bec » a précisé le témoin. Pourtant lors de son interrogatoire, l’accusé, Jean Pierre Palm avait indiqué à la barre, n’avoir ni torturé, ni orchestré de tortures contre qui que ce soit. Cette déclaration du témoin a été saisie par Me Prosper Farama qui demande une confrontation avec l’accusé.

A cette confrontation, l’accusé Jean Pierre Palm est resté sur sa ligne de défense et maintient « Je n’ai jamais torturé, ni donné l’ordre de torturer quelqu’un, encore moins assister à une séance de torture ». Mais  comme on est de l’autre côté de la barre c’est-à-dire accusé, on devient comme une poubelle sur laquelle on jette tout » a répondu l’accusé Jean Pierre Palm. Le témoin Basile Guissou, quant à lui a rétorqué à l’accusé  « je n’ai aucune animosité, envers Jean Pierre Palm. Je ne lui en veux pas. Je relate juste les faits ».

C’est sur ces échanges que l’audience du jour a pris fin. Elle reprendra jeudi toujours avec l’audition des témoins notamment Jean Marc Palm.  

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