Café politique : «Comment continuer à gouverner si les individus ne répondent pas de leurs actes? », Boureima Ouédraogo
«Les processus démocratiques face à la persistance des crises institutionnelles et sécuritaires et au retour des coups d’Etat » est la thématique développée, ce 26 novembre 2021, au cours du Café politique. Une initiative de Gouvernance En Afrique (Alliance pour renforcer la gouvernance en Afrique-Burkina (ARGA/Burkina) et l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite, dont le médiateur est le Journaliste Boureima Ouédraogo. Les conférenciers étaient Dr Pierre Millogo, chercheur CNRS et Kalifara Séré, administrateur civil.
« Nous avons des institutions inadaptées qui ne sanctionnent pas les fautifs, des institutions qui ne savent pas amener les uns et les autres à assumer leurs responsabilités, comment continuer à gouverner si les individus ne répondent pas de leurs actes? Aujourd’hui quand on prend les acteurs politiques, ce qui les différencie , c’est ceux qui sont au pouvoir et ce qui ne le sont pas, qu’est ce que ceux qui sont au pouvoir proposent , et ceux de l’opposition ne propose pas? Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, nous avaient promis le bonheur, est-ce que nous sommes heureux aujourd’hui? Est-ce que nous vivons le bonheur collectif? Non! Les autres, qu’est-ce qu’ils disent concrètement, sauf à donner des ultimatums », s’est indigné Boureima Ouédraogo.
Au cœur de cette conférence, les intervenants ont voulu poser le débat en lien avec les situations politiques au Burkina Faso, mais aussi en Afrique qui se débouche sur les retours des hommes en uniformes aux affaires d’Etat. Pour Boureima Ouédraogo, médiateur de l’institution à l’origine de la conférence publique, il « s’agit de poser le débat, en tant qu’organisation de la société civile. Mais les décisions ne nous reviennent pas », relève-t-il. Boureima Ouédraogo veut à travers son organisation » produire des documents suffisamment outillés et proposer ce que nous avons à ceux qui décident », il pense que tous les acteurs politiques doivent continuer de proposer.
Boureima Ouédraogo, médiateur ARGA/Burkina
Selon Dr Pierre Millogo, chercheur en institutions politiques, au CNRS « la faiblesse des institutions dans plusieurs pays de la sous-région constitue une cause de l’instabilité politique et la corruption constitue une cause d’instabilité sociale ». En guise d’exemple, Dr Millogo cite la Cote d’Ivoire et la Guinée Conakry, et pour ce dernier pays, cela a engendré un coup d’Etat, comme au Mali. Ce qui dénote selon lui, d’un retour des militaires au pouvoir. Pour solutionner ces instabilités, Dr Millogo propose de revoir nos institutions pour renforcer son encrage. Mais aussi prendre le pouls des populations dans la définition des politiques publiques.
Dr Pierre Millogo, conférencier
Pour le 2e conférencier du jour, Kalifara Séré, l’instabilité politique est constatée en des Etats francophones, alors que les pays anglophones à l’instar de la Namibie, du Botswana, du Nigeria et de l’Afrique du Sud amorcent leurs transitions économiques vers les Etats développés, couplés de stabilité. Abordant l’analyse au niveau national, pour cet administrateur civil l’histoire du Burkina marquée par l’influence du colonisateur. Pour lui, le Burkina Faso n’a pas une géopolitique particulière, mais une géopolitique élaborée par la DGSE française (direction générale de sécurité extérieure). Dans son analyse, il pense qu’il y a la mainmise de l’impérialiste sur le territoire burkinabè, qui puise non seulement les ressources naturelles, mais tire profit de l’instabilité. Il a également pointé du doigt les velléités ethniques internes qui n’encouragent pas l’accélération de l’unité nationale.
Kalifara Séré, conférencier
Dans son analyse sur la situation politique des derniers jours, Kanfara Séré a laissé entendre : « Depuis 2016, il y a un vide constitutionnel, il est béant de plus en plus. Pour faire les élections de 2020, on dit il faut éviter le vide constitutionnel, j’avais fait une proposition, mais ce n’a pas été prise en compte. On est en coup d’Etat depuis, c’est la première fois, que les autorités telles que Bala Sakandé, président du Faso en parle, mais n’y-a-t-il pas coup d’Etat, quand les militaires refusent d’obéir, les forces armées ont pris le Burkina Faso en otage. Le seul responsable, c’est Roch Kaboré. Son discours hier était vaseux et inconsistant. Il y a un leadership inexistant au Burkina Faso. C’est une gouvernance épicurienne. La sortie du président Kaboré relèvera du miracle divin, mais il faut prier pour le président Kaboré », a relevé Kalifara Séré
Boureima Ouédraogo, entend à travers ces Café politique réveiller les consciences, afin que changent les paradigmes dans la gestion de la chose publique. Il a dénoncé le statut quo politique tant au parti au pouvoir qu’à l’opposition, en ses termes « autant le parti du pouvoir n’a rien à proposer, autant l’opposition ne propose rien, parce que l’opposition veut juste la place du parti du pouvoir. Il faut que les choses changent ».
Pour un deuxième rendez-vous consécutif, le café politique a mobilisé autant les journalistes que les chercheurs pour poser le débat de la gestion politique et des offres politiques.
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