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Financement participatif en Afrique : « Eviter de toujours se retourner vers les ressources extérieures », dixit Sibry Tapsoba, ancien cadre de la BAD

<p><strong>Actuel président du conseil d’administration du cabinet Capitalis-SAS&comma; basé à Abidjan&comma; Sibry Tapsoba&comma; dans cette interview accordée à Sidwaya&comma; fait un diagnostic sans complaisance de la problématique de la mobilisation des ressources internes pour le financement du développement en Afrique et y propose des solutions innovantes&comma; tel le financement participatif&period; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Sidwaya &lpar;S&rpar; &colon; Vous êtes le président du Conseil d’administration de la firme Capital- SAS&comma; basé à Abidjan&period; Pouvez-vous nous présentez cette structure &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong> Sibry Tapsoba &lpar;S&period;T&period;&rpar;<&sol;strong> &colon; Avec des amis&comma; nous avons trouvé que la question de la mobilisation des ressources locales mérite une plus grande attention&comma; car les pays africains sont endettés et rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre des projets de développement&period; Sans trop rejeter l’apport des ressources extérieures&comma; l’objectif est de dire que nos pays doivent pouvoir mobiliser conséquemment des ressources locales propres&period; Les ressources extérieures que nous partons chercher viennent en réalité de l’épargne intérieure des pays donateurs&period; Pourquoi vont-ils nous donner cet argent pour que nous nous développions &quest; Ont-ils les mêmes intérêts&comma; les mêmes ambitions que nous &quest; Pour nous&comma; la question de l’amélioration de la mobilisation des ressources nationales pour le financement du développement doit être au cœur de tous les débats&period; Capitalis-SAS est une firme basée à Abidjan et qui ambitionne de mobiliser le maximum de ressources locales pour nos Etats africains&comma; mais aussi de trouver des mécanismes de mobilisation des ressources extérieures qui n’endettent pas nos pays&period; Et ces mécanismes existent&period; Malheureusement&comma; nos Etats sont harcelés par des institutions de financement qui leur proposent des projets fin-prêts au point qu’ils n’ont pas le temps de voir ailleurs &excl; Ces types de ressources qui n’endettent pas l’Etat prennent du temps mais lorsque la mécanique est bien prise&comma; les choses coulent naturellement&period; A Capitalis-SAS&comma; l’objectif est d’explorer toutes les opportunités de financements&period; Et nos Etats ont plusieurs possibilités à travers&comma; entre autres&comma; les ressources naturelles&comma; les dynamiques nationales de transformation des produits locaux&comma; etc&period; Nous nous positionnons exclusivement dans la mobilisation des ressources&comma; des investissements locaux&comma; au profit de l’Etat mais aussi du secteur privé&period; Il faudrait que l’on évite ce réflexe de toujours se retourner vers les ressources extérieures pour financer notre développement&period; Il faut chercher les solutions en nous-même d’abord&period; Car&comma; nous avons assez de ressources dans nos pays &excl; Les deux entreprises les plus rentables de notre pays&comma; le Burkina Faso&comma; sont celles qui fabriquent l’alcool&comma; bien que nous soyons un pays à plus de 50&percnt; musulman&period; L’Angleterre&comma; à un certain moment de son histoire&comma; avait de sérieux problèmes financiers&period; Le pays est sorti de cette situation&comma; lorsque le gouvernement a pris des mesures protectionnistes mais aussi visant à freiner l’excès d’alcoolisme&period; Cela ne veut pas dire que les Anglais ne boivent plus&comma; mais à l’époque&comma; cela a été l’une des dynamiques qui a permis à l’Angleterre de réorienter ces ressources qui partaient dans l’alcool vers l’épargne et l’investissement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Après plus de 60 années d’indépendance&comma; l’Afrique peine encore à assurer convenablement le financement de son développement&period; Comment expliquez-vous cette situation &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; C’est une question qui peut faire l’objet d’une thèse de doctorat&period; Nous pouvons l’aborder sur plusieurs angles et retomber souvent sur les mêmes causes&period; Mais&comma; je dirai que cela est dû à notre très grande dépendance de l’aide extérieure&period; Je ne sais pas ce qu’on nous a injectés pour que nous soyons très attachés à l’aide extérieure&period; Il en est de même à l’intérieur de nos pays où les populations dépendent trop de l’Etat&comma; attentent tout de lui &excl; Cette dépendance est aussi beaucoup liée à notre passé colonial&comma; au système éducatif français &semi; car les choses sont un peu différentes dans les pays anglophones&period; La deuxième raison est due au fait que la culture de l’épargne peine à s’ancrer dans nos pays&period; A une certaine époque&comma; à l’occasion des mariages ou baptêmes&comma; les gens étaient fiers de montrer les carnets d’épargne ouverts pour les mariés ou les enfants&period; Aujourd’hui&comma; cela est révolu&period; Au contraire&comma; on va s’endetter pour se marier&comma; s’acheter une nouvelle voiture qui est un poste de dépense &excl; Alors que l’on doit aller le maximum possible vers des postes qui nous apportent des revenus &excl; La création des postes de dépenses doit se faire sur la base de la nécessité&period; La troisième raison est liée au manque d’engagement dans la collecte des ressources financières locales&period; Il n’y a pas un véritable mécanisme transparent qui permet de collecter l’impôt&comma; les taxes dans les marchés et autres&period; On a un monsieur qui y passe&comma; récupère l’argent auprès des commerçants&period; Mais rien ne garantit que la totalité de cet argent ira dans les caisses de l’Etat &excl; Dans beaucoup de pays de la sous-région&comma; la collecte de l’impôt se fait à travers une plateforme électronique confiée à des privés&comma; avec une clé de répartition bien définie entre la commune et l’Etat central&period; Ce mécanisme a permis à des pays de passer des taux importants de déperdition de l’impôt à des taux de collecte très élevés&period; Cela facilite la reddition des comptes&period; Je ne sais pas pourquoi le Burkina Faso tarde à entrer dans ce système &excl; La quatrième raison est liée au manque d’unités de transformation dans nos collectivités locales&period; Je ne parle pas d’abord d’industrialisation&period; Quand on va arriver à la question sur le financement participatif&comma; j’expliquerai comment les gens peuvent accepter d’adhérer&comma; s’impliquer&comma; de mettre leur agent dans des projets de transformation locale&period; Le cinquième problème est lié à ce qu’on appelle en finances publiques&comma; le gap budgétaire&period; J’ai vu un cas qui m’a beaucoup sidéré où le pays n’arrivait pas à boucler son budget&period; Dans ce cas de figure&comma; vous avez beau faire&comma; vous devenez un gouvernement vulnérable&period; Les partenaires vous malmènent&comma; vos fonctionnaires sont dans la rue&comma; vos créanciers vous talonnent tous les jours &excl; Le gap budgétaire doit être la priorité de tout gouvernement&period; Face au déficit budgétaire&comma; il y a deux solutions &colon; réduire le train de vie de l’Etat ou augmenter les impôts&period; La dernière option est difficile à opérer car plus de la moitié de la population n’a pas un revenu salarial et beaucoup d’acteurs privés sont dans l’informel&period; Il y a probablement d’autres raisons mais en réglant ces cinq préoccupations&comma; nos pays devraient pouvoir avancer dans la mobilisation des ressources internes&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Aujourd’hui&comma; vous faites partie de ceux qui pensent que le financement participatif constitue l’une des alternatives au financement du développement de l’Afrique&period; Que renferme ce concept &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Le financement participatif n’est pas si nouveau&comma; il a commencé dans les pays anglophones&comma; notamment aux Etats-Unis&period; Il vient du mot crowdfunding&comma; crowd qui veut dire masse&comma; peuple&period; Il s’agit donc d’un financement populaire&period; Il implique que celui qui a une idée de projet&comma; la mette sur une plateforme ou la partage avec sa communauté&comma; de sorte que ceux qui sont intéressés par le projet acceptent de mettre leur argent&comma; en y injectant 5000 F CFA ou 10 000 F CFA&period; Au lieu donc de chercher un investisseur qui va vous apporter 1 milliard F CFA&comma; vous cherchez au niveau local&comma; 10 mille investisseurs qui vont apporter chacun 10 000 F CFA &excl; Cet investissement a plusieurs avantages&period; D’abord&comma; ce n’est plus une affaire d’une seule personne ou de X et frères mais devient un projet collectif&comma; avec l’implication et le contrôle des parties prenantes pour le succès du projet&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Concrètement&comma; quels sont les mécanismes ou modalités opératoires du financement participatif &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Les mécanismes du financement participatif sont simples&period; La première des choses est de créer une plateforme d’information de la communauté sur votre idée de projet&period; Elle peut être digitale&period; Toute personne intéressée signe un document de respect des clauses du projet afin d’éviter les éventuels piratages ou vols d’idées&period; En matière d’investissements ou d’épargne&comma; il y a trois choses qui retiennent l’attention des gens &colon; la sécurité de l’investissement&comma; la liquidité et l’accessibilité&period; Ce dernier élément est très important&period; J’ai rencontré des Burkinabè en Côte d’Ivoire&comma; notamment dans la boucle du cacao&comma; qui sont des milliardaires mais qui ont peur de déposer leur argent en banque&period; Car&comma; ils ne sont pas sûrs d’en disposer quand ils veulent comme ils veulent&period; Par exemple&comma; le monsieur dépose 1 milliard FCFA dans sa banque &semi; le jour où il a besoin de son argent&comma; la succursale de la banque en région n’est pas en mesure de lui donner 200 millions pour qu’il gère urgemment une affaire&period; Il y a problème &excl; Le financement participatif est rassurant&comma; car ceux qui ont mis leur argent dans le projet ont des moyens de contrôle de la gestion&comma; surtout qu’aujourd’hui&comma; il y a des textes qui encadrent l’activité et peuvent conduire les contrevenants en prison&period; La deuxième étape consiste à se focaliser sur les éléments de mise en œuvre du projet qui peuvent être confiés au porteur de projet&comma; qui lui-même&comma; peut s’ouvrir à d’autres compétences &excl; Le succès du projet réside dans la possibilité qu’il a de recruter l’expertise locale&comma; au sein de la communauté&period; Car il n’est pas indiqué de collecter l’argent de la communauté pour un financement participatif et faire appel à des experts français ou chinois pour venir gérer le projet&period; Ceux qui ont injecté leur argent sont davantage rassurés quand ils voient que leurs enfants y sont employés &excl; La mise en place d’un mécanisme de redevabilité constitue le dernier élément important dans le financement participatif&period; Il s’agit de faire en sorte que le porteur du projet puisse rendre compte de manière régulière et transparente&period; L’instauration de la confiance est un élément capital&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; A qui s’adresse le financement participatif &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; La beauté du financement participatif est qu’il s’adresse à tout le monde&period; Une femme&comma; un paysan ou un jeune peut lancer un projet de financement participatif&period; Ce qui est important ici est qu’on n’est plus dans le jeu de cache-cache villageois où les gens gardent jalousement leurs projets&period; Il n’y a pas meilleure chose que de mobiliser la communauté pour un projet qui va bénéficier à celle-ci&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Quels en sont ses avantages &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; L’avantage du financement participatif réside dans le fait qu’il permet de mobiliser la communauté&comma; de créer un mouvement d’ensemble&period; Prenons l’exemple d’un projet de construction d’un barrage porté par un jeune&comma; avec un système permettant au projet de générer de l’argent et de rémunérer ceux qui ont contribué à sa réalisation en mettant leur argent&period; Lorsque que ce projet de retenu d’eau connait du succès&comma; il devient un problème de développement résolu pour la communauté&comma; qui va se tourner vers autre préoccupation et avancer ainsi&period; A Capitalis-SAS&comma; nous considérons que le développement est beaucoup plus une question de groupe&comma; d’ensemble et non d’individus&period; Malheureusement&comma; nous oublions très souvent cela&period; Quand on est dans une dynamique de projet de groupe&comma; il y a toujours quelqu’un pour t’interpeller quand tu ne vas pas dans la bonne direction&period; Dans un financement participatif&comma; quelqu’un te dira que si tu n’améliores pas la qualité du produit ou si tu ne fais pas ceci ou cela&comma; notre projet ne réussira pas &excl; S &colon; Peut-on dire que le financement participatif constitue une sorte de retour à ce que Pr Joseph Ki-Zerbo appelle le développement endogène &quest; S&period; T&period; &colon; Oui&comma; il s’agit de cela&period; Nos anciens comme Joseph Ki-Zerbo&comma; Nazi Boni&comma; Thomas Sankara&comma; etc&period; ont développé des idées solides&period; Quand j’étais élève à l’Ecole Normale de Ouagadougou &lpar;actuel Lycée Bogodogo&rpar;&comma; j’ai eu la chance de suivre une conférence du Pr Joseph Ki-Zerbo&period; Jusqu’aujourd’hui&comma; je me souviens de ce qu’il a développé et qui est toujours d’actualité&period; Il disait que la jeunesse constitue l’avenir &semi; mais si les jeunes commettent les mêmes erreurs que leurs ainés&comma; l’Afrique est foutue &excl; Malheureusement&comma; nous sommes en train de commettre les mêmes erreurs&period; Pire&comma; nous transférons à notre jeunesse la responsabilité de gérer nos pays&comma; sans lui avoir montré le cap&period; Il faut faire confiance aux jeunes et à leurs idées&period; Au lieu de cela&comma; on leur tourne le dos et souvent on confisque leurs projets&period; C’est du capitalisme mal assimilé &excl; J’ai toujours dit à certains hommes politiques&comma; il ne sert à rien d’être riche tout seul&period; Nous devons avoir des champions nationaux &semi; nous n’en avons pas&period; Il faut soutenir les jeunes pour qu’ils deviennent ces champions&period; Le financement participatif participe à ce processus de fabrication des champions en soutenant le porteur du projet&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Sur le plan culturel&comma; n’y a-t-il pas des freins au développement du financement participatif sous nos tropiques&comma; surtout quand on est habitué aux projets d’entreprises individuelles &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; C’est une dynamique qui se met en place lentement&period; Car il est difficile d’aller très vite avec le financement participatif&period; Il implique une gestion collégiale à mettre en place&period; Ce qui&comma; culturellement&comma; n’est pas aussi simple à faire &semi; le projet pouvant&comma; par exemple&comma; être porté par le plus jeune&comma; avec des risques de conflits avec les ainés&period; Mais en réalité&comma; le financement participatif n’est pas nouveau&comma; il était pratiqué dans nos sociétés traditionnelles&period; Mais nous avons tout abandonné pour entrer dans le capitalisme mal assimilé &excl; Je demande toujours à mes amis d’enfance&comma; quel est votre projet de vie &quest; Avez-vous l’impression d’apporter quelque chose à votre communauté &quest; Les Burkinabè ne sont pas tous individualistes&period; Si l’on a l’opportunité de mettre en place un projet pilote à financement participatif qui marche&comma; cela va faire tache d’huile &excl;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Au niveau politique&comma; l’Etat n’a-t-il pas un rôle à jouer pour la vulgarisation de cette approche de développement &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Le rôle de l’Etat est de mettre en place des textes&comma; un cadre institutionnel et juridique favorable&period; Une fois que ce cadre existe&comma; les gens vont y opérer&period; Mais l’Etat peut voir une idée fantastique et décider d’accompagner le porteur du projet en lui apportant des ressources &excl; C’est le travail que le Fonds burkinabè de développement économique et social &lpar;FBDES&rpar; est en train de faire&period; En dehors de cela&comma; l’Etat n’a pas forcément besoin de mettre de l’argent dans le financement participatif&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; L’un des freins au développement des PME reste l’accès au financement&comma; notamment bancaire&period; Le financement participatif constitue-t-il une solution adaptée à cette catégorie d’entreprises &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Il faut éviter de faire du financement participatif une alternative à tout&period; Il est une modalité qui doit être mise en place à côté des autres modalités&period; A mon avis&comma; on ne peut pas être un pays assis sur un sous-sol riche comme le nôtre et continuer à tendre la main aux autres pour demander des ressources&comma; cela n’est pas normal&period; Il faudrait un cri d’appel à nos autorités pour qu’elles revoient le code minier afin de permettre à l’Etat d’actionner un certain nombre de sociétés minières&comma; pas telles qu’elles sont mises en exploitation suivant le modèle actuel&period; Mais de sorte que l’Etat puisse utiliser ces mines en garantie et avoir les ressources nécessaires pour les projets de développement &excl; L’endettement n’est pas un problème &semi; le problème réside dans ce qu’on fait de l’argent de la dette&period; Si les revenus générés par la dette contractée sont gérés de manière correcte et transparente&comma; l’Etat sera à mesure de rembourser la dette&period; En s’endettant pour investir dans la construction d’infrastructures comme l’autoroute Ouagadougou-frontière de Côte d’Ivoire&comma; en moins d’une dizaine d’années&comma; non seulement la dette sera remboursée&comma; mais aussi les taxes routières collectées constitueront un fonds qui permettra de contribuer à la construction d’autres autoroutes&period; Personne ne croyait au troisième pont d’Abidjan mais il a été remboursé avant l’échéance &excl; La Côte d’Ivoire est en train de faire l’autoroute Abidjan&sol;frontière du Burkina&period; Si l’on n’y prend garde&comma; le temps que le Burkina Faso commence sa partie&comma; la Côte d’Ivoire aura fini de rembourser son investissement&period; Mais payer par qui &quest; Par nous &excl; Il faut qu’on se réveille &excl; Nous avons plus d’une dizaine de mines&comma; pourquoi attendre un financement chinois pour faire cette autoroute &excl; Nous pouvons affecter exclusivement les ressources d’une mine à la construction de cette infrastructure &excl; Cela peut durer trois&comma; cinq ans&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Pouvez-vous expliciter davantage l’idée d’utiliser les mines comme garantie pour avoir des financements &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Personne ne vous donnera de l’argent sans garantie &excl; La garantie n’est jamais touchée si vous respectez vos engagements&period; Si vous empruntez 500 millions de dollars pour construire l’autoroute que vous ne payez pas&comma; se posera évidemment un problème&period; D’où la nécessité d’une gestion stricte des ressources générées par l’endettement&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Cela est-il possible avec des sociétés minières totalement privées&comma; étrangères &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Une fois que vous donnez la mine à un privé&comma; national ou étranger&comma; vous ne pouvez plus y retourner pour donner cette mine en garantie pour obtenir des ressources pour financer des projets de développement &excl; On peut trouver un mécanisme pour dire qu’à la fin d’un certain nombre d’années d’exploitation&comma; la mine revient à l’Etat&period; Tout dépend des clauses du contrat&period; Cette mine de l’Etat peut être mise en garantie pour construire telle route ou infrastructure&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Au niveau local&comma; les collectivités territoriales n’arrivent pas à mobiliser des ressources propres pour leur développement&comma; avec près de 80&percnt; de leur budget financé par l’Etat&comma; les ONG&comma; les PTF&period; Où réside le problème et comment s’en sortir &quest;<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong> S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; Nous sommes en train de regarder les textes en la matière &excl; Si c’est la commune qui gère toutes les recettes sur son ressort territorial&comma; elle doit pouvoir mettre en place un système qui lui permet de générer des ressources&period; Et l’une des solutions peut résider dans la digitalisation de la collecte&period; Cette digitalisation doit être confiée à un privé et non gérée par l’Etat &excl; Ce privé ne peut gagner de l’argent qu’en collectant le maximum de recettes&period; On peut même lui coller l’obligation de mobiliser 80&percnt; ou 90&percnt; des recettes sur telle période&period; Mais quand vous logez une telle plateforme aux services des impôts&comma; il n’est pas évident qu’elle soit efficace&period; Car elle sera soumise aux humeurs des agents des impôts &excl; Je sais qu’il y a des droits acquis et qu’il est difficile d’y toucher mais il faut régulièrement poser les bonnes questions et y apporter les réponses adéquates&period; Par exemple la question de l’assurance-maladie universelle est intéressante&period; Mais comment faire en sorte qu’elle puisse profiter à tous les Burkinabè&comma; surtout les plus démunis &quest; C’est une grosse question &excl; S &colon; Autrement&comma; nos pays ont les moyens de mobiliser les ressources à l’interne pour financer le développement &quest; S&period; T&period; &colon; Tous les pays du monde sont obligés&comma; de temps en temps&comma; de se tourner vers les ressources extérieures&period; La COVID-19 a ouvert nos yeux&comma; en montrant qu’on peut faire des choses à l’interne &excl; C’est dommage que jusque-là&comma; aucun pays africain n’ait pu trouver un remède&period; Mais&comma; je comprends que les enjeux étaient énormes &excl; Nous n’avons pas forcément besoin d’une recherche sophistiquée mais une recherche endogène qui apporte des solutions à nos problèmes&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong>S &colon; Cela me permet de bondir sur la question de la recherche&period; Peut-on dire qu’elle n’occupe pas la place qui doit être la sienne dans le développement de notre continent &quest; <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>S&period; T&period;<&sol;strong> &colon; C’est évident &excl; J’ai passé dix ans au CRDI&period; Au cours de mes trois dernières années&comma; j’ai été le directeur pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre qui regroupe 24 pays&period; Nous avons financé plusieurs projets de recherche&comma; y compris au Burkina Faso où nous avons financé le programme PTCI pour le troisième cycle en économie&period; Nous avons mis en place des réseaux de recherche sur l’éducation&comma; les langues nationales&comma; la santé&comma; l’environnement&comma; etc&period; La plupart des résultats de ces recherches dorment dans les tiroirs de nos ministères&period; Nous les ignorons alors qu’ils sont connus en Europe&comma; surtout au Canada&period; Nous ne donnons pas à la recherche la place qu’elle mérite&period; Contrairement à ce que nous pensons&comma; la recherche n’est pas unique &semi; elle est biaisée par rapport à la culture&comma; aux enjeux géostratégiques&comma; à ce que les utilisateurs vont en faire&period; Le Burkina Faso doit faire ses propres recherches&comma; explorations&comma; les contrôler&period; Par la suite&comma; il pourra&comma; par appel d’offres&comma; dire que nous avons tel minerai dans telle zone &semi; et inviter ceux qui sont intéressés à postuler pour l’exploitation&comma; dans les conditions définies par le Burkina &excl; La recherche&comma; dans ce sens&comma; il faudrait que l’Etat s’y mette&period; Et le Burkina fait partie des pays de l’Afrique francophone qui a plus de compétences&comma; intègres&comma; travailleuses&period; Nos chercheurs sont très bons &semi; il faut leur donner les moyens de travailler et de s’épanouir dans la recherche&period;<&sol;p>&NewLine;<p><strong> Interview réalisée par <&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p><strong>Mahamadi SEBOGO Windmad76&commat;gmail&period;com<&sol;strong><&sol;p>&NewLine;<p>L’article <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;blog&sol;2021&sol;12&sol;02&sol;financement-participatif-en-afrique-eviter-de-toujours-se-retourner-vers-les-ressources-exterieures-dixit-sibry-tapsoba-ancien-cadre-de-la-bad&sol;">Financement participatif en Afrique &colon; « Eviter de toujours se retourner vers les ressources extérieures »&comma; dixit Sibry Tapsoba&comma; ancien cadre de la BAD<&sol;a> est apparu en premier sur <a href&equals;"https&colon;&sol;&sol;www&period;sidwaya&period;info&sol;">Quotidien Sidwaya<&sol;a>&period;<&sol;p>

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