J’ai de la peine à voir ce monde obscène marcher sur scène avec tant de haine qui se déchaine. J’ai de la gêne à regarder les hommes se sucer les veines entre des murs de valeurs vaines. Le loup n’est plus dans les bois, il est sous le même toit que nous. La force est une aubaine qui mène à l’éden ; la faiblesse est malsaine et mène à la géhenne. Nous sommes dans une jungle où les humbles sont écrasés par les plus baraqués ; où le droit se ploie sous le poids du titan tyran ; où le meilleur n’est qu’un leurre jeté dans le ciel.
Le vainqueur sans cœur brandit le corps de l’ennemi sous les vivats des forçats des chaînes. L’esclave repu se complaît entre les barbelés de sa prise d’otage en attendant que la liberté qui traîne les pas. Dieu a perdu sa place dans le cœur des âmes qui croupissent devant les autels des cartels en duel. Dieu a été vendu par d’impies imbus à la langue fourbie. La Bible et le Coran font le tour de Babel en parlant en langue dans un brouhaha de la discorde. A qui se fier sans se méfier quand la terre entière est sacrifiée à l’honneur des palais fortifiés. Quel monde voulons-nous construire demain quand les bâtisseurs d’aujourd’hui sont des destructeurs gratifiés, élevés et adulés ? La peur de l’homme, du prochain féroce aux desseins atroces révèle la fin de l’humain. Au bout du chapelet s’égoutte le venin des prières mortelles.
La crainte de l’autre qui sourit avec furie est née de la barbarie de l’écurie des félins. La confiance et la méfiance se regardent en chiens de faïence avec un rance de nuisance. Point de repentance, aucune pénitence, le prix de la survie est au bout de la résistance. Un sourire peut cacher le pire des délires ; le mal se mêle au bien pour défaire les liens avec les siens. Une larme de charme peut tout dire sans compatir à l’enfer des martyrs. La piété sans pitié use de cruauté pour égorger l’alter ego sur l’autel de l’amitié. Contre toute attente on peut dorloter un serpent dans son sein et baigner dans son sang. Contre vents et marées on peut défendre le diable aimable et pendre le détestable affable qui crie à l’innocent. La fraternité n’est plus l’antidote de l’adversité.
L’amitié est un masque d’animosité porté par humanité. Le baiser mortel porte toujours l’arrière-goût de la confiance aveugle. On peut être un ami et flirter avec l’ennemi de son ami. On peut être un pompier et regarder la case du voisin s’embraser sans y apporter la moindre goutte d’eau. La fin de l’homme se trame et crame dans les flammes de l’envie qui ravie la vie. La fin de l’espèce se joue à pile ou face sur la pièce de la convoitise de l’intrépide cupide. La terre est une propriété privée, le ciel porte les limites de nos égos perso et l’espace se laisse lotir par la volonté de puissance de téméraires éphémères dans l’antre de l’éternité. Finalement, tout n’est que feu de paille par-delà les supériorités, les suprématies et autres vanités volatiles. Avant cent ans, beaucoup sortiront du temps après avoir perdu le temps à courir après le même temps. Avant cent ans, très peu auront encore du cran pour s’accrocher à la terre qui s’effrite dans l’ère des poussières. Les sabliers s’épuiseront, les courants les plus grands s’arrêteront et se tariront, les ouragans s’essouffleront, le soleil s’estompera pour laisser place aux ténèbres du départ. Et la terre se reposera enfin avec les séquelles du regret d’avoir hébergé une espèce encombrante que l’Homme. L’enfer, c’est MOI !
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr
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