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Coopération militaire Burkina-France : ‘’ Nous ne remplissons pas notre part du contrat avec la France dans cette coopération antiterroriste’’ (Maixent Somé)

La coopération militaire entre la France et le Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme soulève des vagues d’incompréhensions. Elle a suscité de nombreuses réflexions. Pour les uns, la France ne joue pas franc jeu dans cette collaboration. Pour les autres, c’est au Burkina Faso de revoir cette coopération pour faire des réglages. À travers cette tribune,l’expert des Tics et passionné de l’analyse politique, Maixent Somé donne son point de vue. Lisez son analyse !

𝐂𝐥𝐚𝐫𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐦𝐚 𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐨𝐩𝐞́𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞

𝐏𝐫𝐞́𝐚𝐦𝐛𝐮𝐥𝐞

Les règles de la méthode. Descartes.

« Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle : c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de la mettre en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième de conduire avec ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre ».

L’expert des Tics et passionné de l’analyse politique, Maixent Somé

Descartes. Discours de la méthode.

Deuxième partie.

𝐋𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝 𝐝𝐞 𝐦𝐚 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞́𝐞

(𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐧’ont 𝐩𝐚𝐬 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬)

Telles sont les règles que j’applique dans l’analyse de la situation sécuritaire au Sahel en général, et au Burkina en particulier.  Notamment sur l’opération Barkhane, le G5-SAHEL, et plus globalement la collaboration de nos pays dans leur lutte antiterroriste avec la France.

Sans nier le continuum de notre histoire compliquée avec la France, je m’efforce de séparer l’analyse de l’intervention française au Sahel de Serval à Barkhane (2013-2021), des relations passées dont certaines perdurent : F CFA, accords de défense, coopération française, AFD, etc…

Et la conclusion que j’en tire, c’est que nous refusons plusieurs évidences.

1) La France a ses objectifs propres dans cette lutte antiterroriste qui sont de deux ordres :

a) Le Containment.

– S’assurer que nos pays ne puissent pas devenir des bases arrière pour organiser des attentats en France et en Europe. D’où l’élimination des chefs terroristes comme Abou Zeid, Abdelmalek Droukdel, Omar Ould Hamaha, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, etc….

– Assurer une stabilité minimale pour éviter l’afflux de réfugiés aux frontières de l’UE, avec pour principales destinations la France, la Grande Bretagne, et l’Allemagne.

D’où le soutien de l’Allemagne qui est aujourd’hui le premier investisseur européen dans un pays comme le Niger !

(Eh oui ! Examinez les chiffres !)

b) Sauvegarder sa zone d’influence en Afrique qui fait partie des éléments de puissance mondiale !

(Ça, je l’ai déjà suffisamment documenté).

2) Nous ne sommes pas organisés pour « encapsuler » notre propre stratégie dans cette stratégie globale de la France, ou pour la réorienter selon nos souhaits.

De plus, nous ne remplissons pas notre part du contrat avec la France dans cette coopération antiterroriste.

Lors de son allocution annonçant la fin de Barkhane en tant qu’OPEX, Macron l’a dit dans un langage peu diplomatique :

« Il est impossible de se substituer au retour de l’État et des services de l’État, à la stabilité politique et au choix des États souverains ».

« Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie 𝙥𝙖𝙧𝙘𝙚 𝙦𝙪𝙚 𝙡𝙚𝙨 𝙀́𝙩𝙖𝙩𝙨 𝙙𝙚́𝙘𝙞𝙙𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙚 𝙣𝙚 𝙥𝙖𝙨 𝙥𝙧𝙚𝙣𝙙𝙧𝙚 𝙡𝙚𝙪𝙧𝙨 𝙧𝙚𝙨𝙥𝙤𝙣𝙨𝙖𝙗𝙞𝙡𝙞𝙩𝙚́𝙨, c’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin ».

À ce jour, je n’ai vu aucune réponse de nos autorités ou de leurs proxies communicationnels à cette lourde charge de Macron…

Et à l’examen des faits, on comprend leur mutisme ! Dire cela, ce n’est pas être un supporteur inconditionnel de la politique française en Afrique sur laquelle il y a tant à dire et à redire !

Mais l’honnêteté et la rigueur intellectuelles nous obligent à reconnaître les faits tels qu’ils sont, et aussi désagréables qu’ils soient ! Retenez bien ces passages du discours du président américain Joe Biden lors de retrait américain d’Afghanistan.

Un jour, Macron où l’un de ses successeurs dira la même chose du Sahel. Notamment du Mali, du Burkina, et du Tchad !

« 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑣𝑜𝑢𝑙𝑜𝑛𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑢 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒-𝑡𝑒𝑟𝑟𝑜𝑟𝑖𝑠𝑚𝑒. 𝑁𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛 𝐴𝑓𝑔ℎ𝑎𝑛𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛 𝑛’𝑎 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑐𝑒𝑛𝑠𝑒́𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑟𝑢𝑖𝑟𝑒 𝑢𝑛𝑒 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛. 𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑛’𝑎 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑐𝑒𝑛𝑠𝑒́𝑒 𝑐𝑟𝑒́𝑒𝑟 𝑢𝑛𝑒 𝑑𝑒́𝑚𝑜𝑐𝑟𝑎𝑡𝑖𝑒 𝑢𝑛𝑖𝑓i𝑒́𝑒 𝑐𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑙𝑖𝑠𝑒́𝑒 ».

« 𝐶𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑒𝑛 𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑢𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑢 𝑓𝑎𝑐𝑖𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑟𝑒 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑐𝑖𝑛𝑞 𝑎𝑛𝑠 𝑜𝑢 15 𝑎𝑛𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟 ».

« 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒́𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒́ 𝑝l𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑎𝑟𝑑𝑠 𝑑𝑒 𝑑𝑜𝑙𝑙𝑎𝑟𝑠 », « 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒́ 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑜𝑢𝑡𝑖𝑙𝑠 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑖𝑙𝑠 𝑎𝑣𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑏𝑒𝑠𝑜𝑖𝑛, 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑝𝑎𝑦𝑒́ 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑠𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 », 𝑚𝑎𝑖s « 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑛’𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑝𝑢 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑙𝑜𝑛𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑠𝑒 𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 », 𝑎 𝑑𝑒́𝑝𝑙𝑜𝑟𝑒́ 𝑙𝑒 𝑐ℎ𝑒𝑓 𝑑𝑒 𝑙’𝐸́𝑡𝑎𝑡 𝑎𝑚𝑒́𝑟𝑖𝑐𝑎𝑖𝑛.

« 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑒𝑢 𝑡𝑜𝑟𝑡 𝑑’𝑒𝑛𝑣𝑜𝑦𝑒𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑝𝑒𝑠 𝑎𝑚𝑒́𝑟𝑖𝑐𝑎𝑖𝑛𝑒𝑠 𝑠𝑒 𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑒 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠 𝑎f𝑔ℎ𝑎𝑛𝑒𝑠 𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠-𝑚𝑒̂𝑚𝑒𝑠 𝑛𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑙𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 ».

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