Les faits divers de Zatibagnan : Les larmes de Safi (épisode 2)

Devant la terrible nouvelle, elle ne savait que faire. Appeler la famille de son chéri ? Attendre les informations sur les médias qui se donnaient au compte-goutte ? Attendre ? Non ! C’était insupportable pour elle.

Safi décida de sortir. Marcher. Ne penser à rien. Espérer que les choses s’arrangent. Elle finit par penser à son cher Joël. Son visage tout le temps souriant. Son regard qui s’enflammait lorsqu’il évoquait la situation sécuritaire nationale.

Une larme perla  qu’elle écrasa très vite. Safi décida d’aller chez son chéri. Il lui avait laissé une clé avait qu’elle s’occupe de la maison pendant ses longues absences. Sur la route, elle fit tout pour ne pas penser au pire. Se concentrant sur la circulation, ces Ouagalais plongés dans leurs soucis quotidiens aux feux tricolores ou ces autres qui s’asseyent dans des maquis à des heures curieuses pour « descendre » des litres d’alcool, assommés par une musique trop forte et sans grande signification parfois.

Safi arriva au domicile de son fiancé. Comme d’habitude, il est très propre. La jeune fille met un point d’honneur à le tenir impeccablement propre pour qu’à n’importe quelle heure que son homme débarque, qu’il ait un gîte accueillant et sain pour ses courts séjours. Il est important qu’après avoir passé autant de temps dans des conditions difficiles et parfois crasseuses, il vienne encore passer ses congés dans un endroit lugubre.

Elle entreprit de visiter pour s’assurer que tout est bien propre et rangé. Elle nettoya quelques grains de poussière par ci et par là. Puis, elle ouvrit un tiroir. Puis, se rendit compte qu’elle ne l’avait jamais ouvert. Elle y vit un gros cahier déposé soigneusement au fond, ainsi qu’un stylo.

Curieuse, elle prit l’amoncellement ordonné de feuilles de papier. Il sentait le parfum de son chéri. Elle poussa un soupir, regarda son téléphone, qui restait désespérément muet depuis qu’elle a appris l’attaque de l’unité de son amoureux.

Puis, Safi s’assit et ouvrit le cahier. A la première page, la belle écriture soignée de Joël l’accueillit, avec un titre simple : « Faits de guerre ». Safi se demanda si ce document n’était pas trop confidentiel. Fallait-il le lire ? N’allait-elle pas découvrir des choses qu’elle n’était pas censée voir ? Mais, se dit-elle, si l’embuscade a été fatale à son fiancé, quelle serait l’importance de garder ceci secret ? Puis, la jeune étudiante se secoua la tête : « Joël n’est pas mort tant que je ne verrai pas sa tombe ! ».

Elle tourna la page suivante  et lit ceci : « je souhaite que ce document soit donné à ma chérie Safi si jamais quelque chose m’arrivait et qu’elle en fasse l’usage qu’elle voudra ». Une larme perla à nouveau. Safi ne l’écrasa pas. La goutte d’eau saline finit sa course sur la page suivante qui commença ainsi : « Voici le récit de chacune de mes missions effectuées pour la défense de la patrie et pour l’honneur du drapeau national »…

A suivre vendredi prochain

Zatibagnan

Pour lire le début de l’histoire, cliquez ici

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