Sécurité alimentaire au Burkina : les risques et les solutions évalués
La IIe session de l’année du comité de prévision sur la sécurité alimentaire se tient, les 9 et 10 décembre 2021, à Ouagadougou.
Au Burkina Faso, au lendemain de la campagne agricole humide, l’analyse du niveau d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, à l’aide de l’outil Cadre Harmonisé, révèle que huit provinces sont dans un état de crise. Cela signifie que les ménages qui y vivent ont des déficits alimentaires ou arrivent difficilement à trouver de quoi se nourrir ou « liquident » leurs moyens d’existence pour survivre. Il s’agit du Soum, Séno, Oudalan, Komandjari, Tapoa, Kompienga, Sanmatenga, Lorum. D’ici la période de juin à Aout 2022, 6 autres provinces pourraient s’y ajouter (Namentenga, Bam, Gourma, Yatenga, Sourou, et Yagha), du fait de l’épuisement des stocks des paysans, des perturbations des activités de moyens d’existence liées à l’insécurité et de l’accueil massif de personnes déplacées internes. De plus, les provinces du Soum, du Séno et de l’Oudalan pourraient basculer en phase d’urgence caractérisée par une malnutrition aigüe très élevée et une surmortalité au sein des ménages. Au cours de la session du comité de prévision sur la sécurité alimentaire qui se tient, les 9 et 10 décembre 2021, à Ouagadougou, les acteurs étatiques, les partenaires techniques et financiers, les organisations professionnelles paysannes, les acteurs du secteur privé, vont valider ces prévisions. Par ailleurs, les résultats du suivi évaluation qualitatif de la campagne agropastorale 2021-2022, les bilans céréaliers et alimentaires, les résultats provisoires de l’enquête nutritionnelle SMART 2021, font partie des documents qui vont être passés en revue dans le but d’avoir la situation la plus exhaustive possible de la situation de l’insécurité alimentaire.
Trouver des solutions
Au terme de leurs réflexions, ils devraient formuler des recommandations à l’endroit du gouvernement et de ses partenaires stratégiques comme le CILSSS pour améliorer cette situation. C’est la conviction du ministre de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo. «Le processus permettra de mettre à la disposition du gouvernement et de ses partenaires techniques et financiers, des informations fiables et consensuelles sur les perspectives alimentaires et nutritionnelles qui en découleraient », a-t-il détaillé. Le ministre en charge de l’agriculture était accompagné par 5 de ses collègues. Il s’agit des ministres en charge de l’eau, des ressources animales, de la santé, de l’environnement et de la ministre délégué chargé de l’Innovation. Pour lui, c’est la preuve que la question de la faim au Burkina préoccupe au plus haut point le gouvernement. Salifou Ouédraogo a relevé que près d’une personne sur dix dans le monde a été exposée à l’insécurité alimentaire grave en 2019.
Ce qui, selon lui, fait craindre pour la concrétisation des engagements internationaux visant l’élimination de la faim dans le monde en 2030. « Dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, la situation est encore moins reluisante et les facteurs de risques de l’insécurité alimentaire multiples et multiformes , selon le réseau de prévision des crises de l’insécurité alimentaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest », a-t-il poursuivi. Selon lui, le Burkina Faso doit faire face à une mosaïque de chocs dans son combat contre la faim. Il s’agit des facteurs structurels tels que les aléas bioclimatiques ( inondation, poche de sécheresse, infestation et invasion de ravageurs de cultures, épizooties, etc.) qui se retrouvent accentués par l’insécurité. « L’insécurité limite l’accès de plus d’un million de personnes déplacées internes aux facteurs de production et aux activités génératrices de revenus. Elle perturbe aussi le fonctionnement des marchés, écoles et formations sanitaires », a- t-il affirmé. Tous ces facteurs ont entrainé une baisse de la production céréalière au cours de la campagne agricole 2020-2021 par rapport à celle de 2019-2020 et aux 5 dernières années respectivement de 9,07% et 1,60%. Les différents chocs ont occasionné également une augmentation des prix des céréales depuis le début de l’année 2021.
Nadège YE
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