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Lutte contre les violences basées sur le genre :Le défi pour un véritable changement de mentalité

Les différences liées au genre sont une réalité au Burkina Faso dans la mesure où la structure sociale dans plusieurs communautés est traditionnellement basée sur les distinctions entre groupes sociaux. Dans une telle configuration, parler d’inégalité de genre voire de violence basée sur le genre, revient à s’attaquer à des mentalités séculaires. C’est pourtant le pari que se sont lancé une trentaine d’organisations non gouvernementales engagées autour des ministères en charge de la santé et du genre.

Les « 16 jours d’activisme contre les Violences basées sur le genre (VBG) » ont pris fin le 10 décembre 2021 à travers une séance publique d’aérobic sur l’esplanade du monument aux héros nationaux à Ouagadougou. Mais les violences continuent. Dans la majeure partie des cas, elles passent inaperçues du fait du silence des victimes ou de l’absence de service de prise en charge. Pour VBG qui ont été répertoriées, le numéro vert institué pour recevoir les plaintes a enregistré, entre le 2 mars et le 31 octobre 2021, 1 117 cas dont 77% constituent des violences faites aux femmes. En la matière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) insiste d’ailleurs sur les victimes féminines et parle de « violence à l’encontre des femmes ». Selon l’institution onusienne, dans le monde, 1 femme sur 3 est victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. L’organisation a donc érigé les VBG au rang de problème majeur et persistant de santé publique et de violation des droits fondamentaux des femmes.

Qu’elles soient sous forme de viol, de harcèlement, de mariage forcé, d’excision, d’injures, d’entrave à la jouissance de droits (éducation, santé sexuelle et reproductive), les violences basées sur le genre se manifestent depuis la conception jusqu’à la disparition des femmes qui en sont victimes, souligne la juriste Habibou Kabré. Et malgré un cadre juridico-institutionnel davantage porté vers la parité, les ressorts culturels demeurent toujours fortement ancrés de relents de domination masculine, renchérit-elle. Cette prééminence du droit coutumier, sur lequel repose fortement les mentalités des populations, est le principal défi auquel les acteurs de la lutte contre les VBG sont confrontés. C’est donc pour cela que, réunis au sein du « Cluster Protection », plusieurs organisations non gouvernementales, le ministère de la Santé et le département en charge de la Famille et de l’Action humanitaire et dont la nouvelle dénomination tient compte désormais du Genre, ont mutualisé leurs actions de sensibilisation et de prise en charge des victimes en vue de ce changement de mentalité. En 2020, des activistes et féministes ont été mis à contribution pendant la période des « 16 jours d’activisme contre les VBG ». Cette année, le Cluster Protection s’est adjoint la voix de journalistes spécialistes des questions de santé pour donner plus d’échos à leurs objectifs. Toutes les contributions sont utiles pour gérer cette thématique transversale, soutient Georges Coulibaly, le Représentant-pays de Engender Health, membre du consortium d’ONG. « La question des VBG a traversé le temps. J’espère que la génération actuelle y mettra fin pour que nos filles ne connaissent pas ce que nous avons vécu », souhaite M. Coulibaly.

Cet appel lancé se fonde principalement sur le droit de tout être humain à l’épanouissement, ce que les inégalités et surtout les violences de genre, ne favorisent pas. Dr Boureima Ouédraogo reconnait qu’il s’agit d’une lutte de longue haleine. La crise sécuritaire liée au terrorisme et entrainant des déplacés et celle sanitaire relative au Covid-19 étant des situations qui exacerbent les violences, explique-t-il. Néanmoins, note-t-il, la vulgarisation de dispositifs de prise en charge des victimes et de répression des auteurs ainsi que la multiplication d’actions de sensibilisation peuvent permettre d’élever les consciences à ce phénomène qui plombe la pleine expression d’un pan de la société, et partant, entrave le développement du pays.

Mamadou OUATTARA

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