Le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) a donné sa lecture sur le budget national, adopté le 16 décembre 2021 à l’Assemblée nationale. A l’occasion d’un café presse, organisé le mercredi 22 décembre 2021 à Ouagadougou, la structure a relevé les points de satisfaction et d’insuffisance de ce budget.
Le directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara, et son chargé de programmes, Drissa Ouattara, ont passé au peigne fin le budget 2022. Mais avant, ils ont fait un briefing de la composition de ce budget. Il est de 36,45% pour les services généraux des administrations publiques ; 21,56% à l’enseignement ; 16,35% aux affaires économiques ; 9,17% à la défense ; 6,17% à l’ordre et la sécurité publique : 4,93% à la santé, etc.
Pour le directeur exécutif, Youssouf Ouattara, il y a des motifs de satisfaction au niveau des dépenses de ce budget qui sont en hausse comparativement au budget de l’année 2021. De 2 672,783 milliards de francs CFA en 2021, les dépenses publiques se chiffreraient à 2 919, 149 milliards en 2022, soit une hausse de 9,22%. Cette hausse des dépenses publiques, selon lui, donne un coup d’accélérateur à l’investissement.
Sur les recettes publiques, les conférenciers ont apprécié l’évolution qui est dominée par les recettes fiscales. A en croire le principal orateur de la conférence, Youssouf Ouattara, de 2020 à 2022, les prévisions de recettes budgétaires sont passées de 2 057,798 milliards en 2020 à 2 349, 112 milliards de francs CFA en 2022, soit un accroissement annuel de 6,19%. Cette logique arithmétique, de l’avis du CIFOEB, traduit une amélioration des recettes fiscales sur la période 2020-2022 et une prédominance des recettes fiscales dans les recettes totales.
La mobilisation de la presse a été saluée par les organisateurs
L’allocation budgétaire de la défense et de la sécurité a été aussi saluée par Youssouf Ouattara, qui estime qu’il y a eu une bonne alchimie au regard du besoin pressant de ces deux domaines. En effet, le secteur de la sécurité et de la défense qui sont prioritaires, bénéficient d’une augmentation de 15, 54% en 2022 contre 14, 33% en 2021. Cependant, déplore le directeur exécutif, le budget de la sécurité-défense augmente alors que le terrorisme s’aggrave.
Une baisse budgétaire affectée à l’ASCE/LC
Selon le secrétaire exécutif du CIFOEB, le budget national affecté à l’Autorité supérieur de contrôle d’Etat et lutte contre la corruption (ASCE/LC) est passé de plus de 2 milliards en 2021 à 1,7 milliard en 2022. Cette réduction, selon lui, va davantage diminuer les capacités de la juridiction à assurer le contrôle des ressources publiques. D’ailleurs, argue-t-il, cette diminution budgétaire de l’autorité nationale de contrôle est en contradiction avec la volonté du président du Faso, qui a annoncé une opération mains propres.
« Il y a une incohérence entre le budget et cette volonté du chef de l’Etat » a-t-il dénoncé, ajoutant que cela va considérablement réduire les capacités de l’ASCE/LC dans le cadre de ses missions. Pour le chargé de programme du CIFOEB, Drissa Ouattara, il faut plus de moyens pour l’ASCE/LC afin de la rendre plus opérationnelle. En plus de la minceur budgétaire de l’ASCE/LC, Youssouf Ouattara, pense qu’il faut renforcer même le partenariat entre L’ASCE/LC, la presse et les organisations de la société civile (OSC) afin de lui permettre d’être plus efficace.
Le directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara, a dénoncé une faible allocation budgétaire à l’ASCE/LC
A entendre le directeur exécutif du CIFOEB, le secteur de la santé est l’un des domaines mal lotis dans ce budget national 2022. En substance, la part de la santé est de 4,93%. Et pour le CIFOEB, cela traduit un faible effort de l’Etat en matière de santé surtout dans un contexte à enjeu sanitaire persistant. « L’indice de sécurité sanitaire mondiale qui présente une évaluation complète des capacités du système de santé d’un pays, indique que le Burkina Faso ne dispose pas d’un système de santé robuste capable de faire face aux défis sanitaires », a expliqué le premier responsable du CIFOEB, soutenant qu’en 2021, le pays a obtenu un score de 29,8% et classé 138e/195 contre 30,1/100 et classé 145e pays en 2019.
Autre insuffisance relevées dans ce budget 2022, c’est l’absence d’une inclusion réelle des citoyens dans le processus d’élaboration du budget. « Même si l’Assemblée nationale est la représentation du peuple, nous pensons qu’il faut associer les citoyens dans le but d’améliorer les indicateurs du Burkina en matière de transparence budgétaire », a conclu le patron du CIFOEB.
Serge Ika Ki (stagiaire)
Lefaso.net
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