Le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des communautés(CISC)se prépare à rappeler à la mémoire collective le massacre de Yirgou, qui aura bientôt 3 ans. En conférence de presse ce jeudi 23 décembre 2021 au Centre de Presse Norbert Zongo, le CISC a aussi émis des recommandations sur la gestion de la situation sécurité.
D’entrée de jeu, le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation (CISC) a rappelé que la situation sécuritaire au Burkina Faso n’a cessé de se dégrader depuis 2016. « Depuis quelques semaines voire des mois, les appels au secours de populations prises en tenaille par les groupes armés terroristes ne cessent de nous parvenir. Les plus assourdissants sont : Dablo, Titao… », a déploré Daouda Diallo, Secrétaire général (SG) du CISC.
Par ailleurs, il a indiqué que le Burkina Faso, dans la lutte contre le terrorisme, a commis plusieurs erreurs qu’il peine à rattraper. Daouda Diallo a cité des « erreurs » tels que la création des groupes d’auto-défense kogleweogo, « ensuite leur parrainage politique ayant favorisé l’impunité dans le dossier Yirgou et autres cas similaires où ils sont accusés de commettre des exactions contre certaines communautés», a-t-il ajouté.
Comme seconde erreur, ce collectif en veut à l’Etat burkinabè d’avoir transvasé des kogleweogo dans les rangs des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). « A cela, il faut ajouter la stigmatisation communautaire qui a déstructuré le tissu social et modifié les conflits intercommunautaires », a poursuivi Daouda Diallo.
Ce que le CISC propose pour sortir de « l’impasse »
Pour faire face à « l’impasse » actuelle, le CISC a invité l’Etat burkinabè à faire toute la lumière sur le massacre d’Inata et sanctionner les fautifs, à lutter « efficacement » contre l’injustice et l’impunité et à mettre en avant la transparence à travers une procédure régulière « quand il s’agit de recruter des auxiliaires de défense qu’il faudra enrôler dans l’armée car des civils armés ne sauraient remplacer une armée régulière », dixit Daouda Diallo.
Aussi, cette organisation a appelé le gouvernement et ses partenaires, à prendre la mesure de la colère qui gronde au sein de la population et à réorienter sa réponse à la crise. De plus, le pouvoir exécutif a été invité par le CISC, à mettre en œuvre les recommandations concrètes du rapport de la Coalition citoyenne pour le Sahel titré : « Sahel : ce qui doit changer ». Selon les conférenciers, cela permettra au gouvernement d’apporter une réponse sécuritaire centrée sur les besoins des populations.
Quant aux forces de défense et de sécurité et les forces partenaires, le CISC les a invitées à faire preuve de transparence et à être redevables dans la conduite de leurs opérations militaires.
A l’ensemble des Burkinabè, le collectif a demandé à ce qu’il soit organisé un dialogue avec tous les acteurs sur le vivre ensemble, l’accès aux ressources naturelles et aux services sociaux de base. Par ailleurs, cette organisation recommande la tenue d’assises communales inclusives de toutes les communautés au niveau national pour discuter de toutes situations ‘conflictogènes’ liées à la situation nationale.
Drame de Yirgou, « le procureur avait pu identifier 180 suspects sérieux »
On se rappelle que le drame de Yirgou a eu lieu les 1er et 2 janvier 2019 et a causé la mort de 216 personnes selon le CISC ou 49 morts, selon le gouvernement burkinabè. « Le procureur avait pu identifier 180 suspects sérieux et avait également dressé des mandats pour qu’ils soient arrêtés, afin qu’il puisse les auditionner et continuer la procédure avec le juge d’instruction. Sur ces 180 suspects, au début il y avait 15 qui avaient été arrêtés et aujourd’hui il faut dire qu’il y a 11 qui sont toujours détenus (…). Il faut dire qu’à ce niveau aussi, les victimes, certaines ont pu être écoutées par le procureur et par le juge d’instruction. Mais il y a beaucoup qu’on a pas pu écouter parce qu’avec l’augmentation de la violence, la dégradation de la situation sécuritaire à Barsalogho, beaucoup ont fuit pour se mettre en sécurité dans d’autres localités au Burkina », a fait savoir le SG du CISC.
A l’occasion de l’an 3 du drame de Yirgou, cette organisation compte tenir un panel à Ouagadougou le 8 janvier 2022, sous le thème : « Quels liens entre les violations des droits humains et la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso ». Également, le CISC projette d’organiser une journée des communautés à Boussouma en mi-janvier et une sortie pour assistance aux PDI, dès début janvier 2022.
Josué TIENDREBEOGO
Faso7
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