Après le président de la Transition Sekouba Konaté qui a regagné son pays la Guinée, le samedi 18 décembre dernier, c’est le tour de l’ex- chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara de poser ses valises à Conakry, la capitale. Il a été accueilli en grande pompe par des milliers de partisans, le mercredi 22 décembre 2021, à sa descente d’avion.
Les deux chefs d’Etat avaient été contraints à l’exil par le régime d’Alpha Condé tombé, le 5 septembre 2021. Pour l’éloigner de son pays, le président Alpha Condé et le médiateur dans la crise guinéenne, l’ex-chef d’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, avaient fait la promesse à Sekouba Konaté qu’il allait diriger une force africaine, après qu’il avait remis le pouvoir au président élu. Parti illico presto pour des soins au Maroc après qu’il avait été blessé à la tête, Moussa Dadis Camara sera contraint de rester au Burkina Faso lorsqu’il a voulu retourner dans son pays.
Ses tentatives de regagner la Guinée ont été vaines à deux ou trois reprises, puisqu’Alpha Condé ne voulait pas de sa présence en Guinée. Les deux chefs d’Etat auront passé en tout une dizaine d’années loin des siens. C’est avec grand soulagement qu’ils ont successivement foulé leur terre natale. Un retour qui sonne comme une promesse tenue par le président du Comité national de redressement et du développement (CNRD), le colonel Mamady Doumbouya d’œuvrer à la réconciliation des fils et filles de la Guinée.
Dans une certaine dimension, le retour des deux ex-dirigeants va un tant soit peu apaiser les cœurs de leurs partisans qui attendaient depuis belle lurette une telle occasion. Ce qui participe à dessiner les sillons d’un dialogue citoyen à même de conduire à la réconciliation nationale. Toutefois, il faudra que les deux leaders s’inscrivent dans la logique de la démarche qui a conduit à leur retour au pays.
Sekouba Konaté et Moussa Dadis Camara devraient, non seulement par devoir patriotique, mais aussi par reconnaissance au président de la Transition, Mamady Doumbouya, militer en faveur d’un rapprochement de tous les Guinéens. Ils devront tenir des discours qui concourent au rassemblement du peuple guinéen dans sa composante plurielle afin que le pays puisse renouer sereinement avec un nouveau départ.
Longtemps, les bisbilles politiques nourries de considérations ethniques et régionales ont fait de la Guinée un géant aux pieds d’argile. L’arrivée de Alpha Condé, en décembre 2010, avait laissé planer une lueur d’espoir dans le ciel guinéen. Mais c’était sans compter avec la trahison des opposants historiques qui, une fois au pouvoir, se révèlent en fossoyeurs de la démocratie. Cette nouvelle parenthèse qui s’est ouverte en Guinée en septembre dernier et la volonté affichée par le président de la Transition, Mamady Doumbouya, de faire chemin avec tous les enfants de la Guinée offrent une occasion à chacun de participer à l’écriture d’une nouvelle page empreinte de fraternité, d’égalité et de justice.
C’est en cela que Moussa Dadis Camara devra accepter de répondre sans difficultés à la justice dans l’affaire inhérente au massacre du 28 septembre 2009. En coopérant avec la justice de son pays pour aider à la manifestation de la vérité dans cet épisode barbare, il va dans une certaine mesure soulager les peines des victimes et les encourager au pardon. Autant l’actuel chef de l’Etat s’investit dans cette quête de la cohésion sociale et d’un vivre ensemble harmonieux, autant les autres leaders de toutes les composantes sociales devraient lui emboîter le pas.
Karim BADOLO
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