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Recherche de l’emploi : Le salut dans les dépotoirs d’ordure

Le secteur 24 de bobo abrite une crevasse devenue le nid des ordures ménagères et le lieu de travail des personnes de tout âge qui y sont à longueur de journée à la recherche de leur pitance quotidienne. Nous avons rencontré certaines d’entre elles pour qui la crevasse est leur caverne d’Ali baba.

Secteur 24 de la ville de Bobo-Dioulasso. Vendredi 17 décembre 2021, il est 10 heures 15 minutes. Le soleil emprunte son itinéraire habituel vers le zénith. Dans une poussière annonciatrice de l’harmatan, Rasmata Kondobo, âgée d’une quarantaine d’années, et sa collègue de travail, Georgette Yaméogo, déversent leur charrette d’âne pleine d’ordures ménagères dans une crevasse à ciel ouvert au centre des habitations, à quelques centaines de mètres au nord de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la police nationale.

« Nous avons constaté que depuis un certain temps, les gens viennent y jeter leurs ordures, c’est pourquoi nous aussi, nous venons jeter celles que nous collectons dans les familles », explique la quadragénaire. Mme Kondobo a fait de la collecte des ordures ménagères son gagne-pain depuis une dizaine d’années. Un travail peu rémunéré, mais qui lui permet d’avoir de quoi subvenir à certains besoins essentiels de sa famille.

« C’est pour éviter le misérabilisme et la mendicité que je n’ai pas hésité à me lancer dans ce métier même si la rémunération n’est pas ça », se justifie dame Kondobo. Aussitôt le contenu de la charrette de Rasmata Kondobo déversé, le petit Alassane Diané de 13 ans, vêtu d’une tenue d’école, et Ramata Zongo, se disputent les objets « précieux » dans ce dépotoir au cœur des habitats du secteur 24 de la cité de Sya.

« Ce sont des sachets, du fer, des bouteilles, des bidons et autres objets « de valeur » qui sont recherchés dans ces décombres pour revendre », souffle le gamin qui a été contraint

Sur les mêmes lieux, Zakaria Sanou est venu trouver de la matière pour la fumure organique de son champ .

d’abandonner le chemin de l’école. Bravant les odeurs nauséabondes des déchets en putréfaction, à mains nues avec pour seule protection son cache-nez, munie d’un petit fer, son bébé bien noué au dos, Ramata Zongo tourne, et retourne les ordures pour soustraire les résidus qui peuvent lui valoir quelques pièces de monnaies.

Un travail de tous les risques C’est par la force des choses que Ramata Zongo se retrouve quotidiennement dans les dépotoirs d’ordure pour gagner sa vie. « J’ai un enfant malade, mon mari aussi souffre de troubles mentaux. Donc je suis sans aucune assistance, c’est pourquoi je viens fouiller les ordures pour avoir de quoi vendre afin de faire face à certains besoins de la famille en entendant de trouver mieux », témoigne dame Zongo toute dépitée. Son « concurrent » de 13 ans, sans aucune protection, un gros sachet à moitié plein en mains, poursuit le même but.

Celui de fouiller dans les décombres de ce dépotoir dans l’espoir de trouver de quoi mettre sur le marché. « J’étais à l’école, mais par manque de moyens j’ai abandonné les bancs. Je viens ici trier les ordures pour extraire des sachets et du fer que je vends pour assister mes parents dans les dépenses familiales », explique Alassane Diané sur les raisons de sa présence dans ce dépotoir d’ordures.

Le kilogramme de déchets collectés est acheté entre 50 et 75 F CFA, en fonction de la magnanimité de l’acheteur. Sa charrette bien chargée de sacs d’ordures triées dans la soirée du mardi 21 décembre 2021, Alimatou Soré collectionne le maximum d’objets dans les dépotoirs et poubelles avant de faire appel aux acheteurs pour la pesée.

« C’est quand je gagne une grande quantité que j’appelle les acheteurs qui nous payent à leurs prix. Souvent c’est à 50 F CFA ou 75 F CFA tout au plus qu’on nous paye le kilogramme des déchets collectés », se confie-t-elle toute satisfaite de la moisson de la journée du 21 décembre 2021. Si Ramata Zongo et le petit Alassane Diané sont là en cette matinée du vendredi 17 décembre 2021 pour trier des objets de valeur, Zakaria Sanou, cultivateur de profession, est là pour rassembler des ordures pour la fumure organique afin d’enrichir le sol de son champ.

« Au regard de la paupérisation des sols, il faut trouver un palliatif pour les rendre propices à la production. C’est pourquoi je suis là dans ce dépotoir pour trouver de quoi fabriquer de la fumure organique pour la campagne agricole à venir », décrit M. Sanou qui entend se donner toutes les chances pour de meilleurs rendements la saison agricole à venir.

Kamélé FAYAMA

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