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Burkina Faso : « Oui, il faut changer de paradigme, mais comment et avec qui ? »

Ceci est une déclaration de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF) à l’occasion de journée de lutte contre l’impunité et la bonne gouvernance en hommage à Norbert Zongo.

Camarades étudiant.e.s

Le 13 décembre 2021, les militant.es du pays réel, les démocrates, patriotes et révolutionnaires de notre pays et de la diaspora ont commémoré le 23e anniversaire de l’assassinat crapuleux du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune Ernest Zongo, Ablassé Nikièma et Blaise Ilboudo.

Symbole de la lutte contre l’impunité des crimes économiques et de sang, défenseur infatigable des libertés fondamentales, Norbert Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998 sur la route de Sapouy par des ennemis de notre peuple qui ont voulu le contraindre au silence.

Vingt-trois  après cet assassinat barbare et sauvage, des assassins et commanditaires continuent toujours de courir, même si le dossier semble connaître une évolution ces dernières années grâce à la pression populaire. Mais la vigilance doit être de mise. En effet, François Compaoré, l’un des commanditaires présumés en exil en France, tente par tous les moyens d’échapper à la justice.

Faut-il le rappeler, Norbert Zongo enquêtait sur  la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, torturé à mort au Conseil de l’Entente en janvier 1998.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice burkinabè dans le cadre de l’enquête sur la mort de Norbert Zongo, François Compaoré et ses avocats usent de dilatoires pour ne pas répondre devant la justice quand bien même le rapport de la commission d’enquête indépendante mise en place à la suite de son assassinat affirmait sans ambages «  qu’il faut chercher les mobiles de ce meurtre « du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence et frère du chef de l’Etat. ».

L’opinion internationale et le peuple du Burkina Faso ont donc le regard tourné vers la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) et les autorités françaises. François Compaoré et toutes les personnes impliquées dans ce crime odieux répondront de leurs actes tôt ou tard, où qu’ils se trouvent. L’AEBF y apportera sa contribution sans faille, conformément à la plateforme d’union de l’UGEB.

Camarades étudiant.e.s

La journée de lutte contre l’impunité et pour la bonne gouvernance que nous tenons en hommage à l’illustre journaliste Norbert Zongo se tient dans un contexte national marqué plus que jamais par un niveau de corruption et de mal gouvernance jamais égalé dans notre pays, exacerbant ainsi la crise sécuritaire, sociale, humanitaire et la guerre civile réactionnaire dans laquelle notre pays s’est vu plonger.

Les scandales de corruption se sont multipliés depuis l’arrivée au pouvoir du MPP et ses alliés.

Les structures de lutte contre la corruption comme le RENLAC et l’ASCE-LC, la presse ainsi que les activistes sérieux révèlent fréquemment des actes graves de corruption, jusqu’au sommet de l’État.

On peut citer des cas emblématiques comme le scandale du charbon fin, les audiences facturées et les missions fictives à la Présidence du Faso mettant en cause les plus proches collaborateurs du Président, les dépenses sans bases légales  et la gestion opaque des frais de carburant et de missions dans les ministères , les trafics d’or, le pillage du foncier rural et urbain, les détournements des frais de missions des FDS au front, etc.

L’attaque du détachement de gendarmerie d’Inata du 14 novembre 2021 où des gendarmes manquaient du minimum pour s’alimenter a amené le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a lancé son « opération mains propres ». Par là, le pouvoir avoue que sa gestion est faite de corruption et de mal gouvernance, et qu’il est temps d’y mettre un terme.

Oui, il faut changer de paradigme, mais comment et avec qui ? Pour le pouvoir MPP et alliés la solution a été trouvée avec le changement de l’équipe gouvernementale avec l’arrivée à sa tête de Lassina Zerbo et le passage du nombre de portefeuilles ministériels de 34 à 26.

Ces réformes de façades comme toutes les autres entreprises de par le passé échoueront tout naturellement dans la mesure où c’est le système néocolonial qui est en faillite. Il ne s’agit pas d’une question d’individus à la tête de notre pays.

Camarades,

Cette journée se tient également dans un contexte où pratiquement toutes les régions de notre pays sont secouées par le terrorisme. Cette situation a fait plus de 2000 victimes civiles et militaires, près de 1 500 000 déplacés internes vivant dans des conditions très précaires, des centaines de milliers de personnes privées de soins et d’éducation.

Comme si cela ne suffisait pas, la fascisation du pouvoir MPP se poursuit contre d’honnêtes citoyen.nes, élèves, étudiant.es, travailleuses et travailleurs, ouvrier.es, paysan.es, chômeurs, etc. qui revendiquent de meilleures conditions d’existence et plus de sécurité. 

Ainsi, on a assisté à l’interdiction de la manifestation du 27 novembre 2021, à l’arrestation des responsables et leur condamnation par la justice.

Dans le même temps,  le pouvoir MPP est allé jusqu’à suspendre les données mobiles pendant plus d’une semaine, privant la majorité des burkinabè de l’accès à Internet. Les activistes, journalistes, syndicalistes et opposant.es sont  également menacées quotidiennement. C’est donc dire que  les maux contre lesquels Norbert Zongo se battait demeurent.

Le Comité Exécutif de l’AEBF saisit cette occasion pour réaffirmer et renouveler son engagement aux côtés de notre peuple dans sa lutte contre l’impunité et pour la bonne gouvernance. C’est pourquoi l’AEBF :

soutient les mobilisations dans notre pays et partout ailleurs pour exiger la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons, Dabo Boukary, Thomas Sankara, Flavien Nébié, les martyrs de l’insurrection populaire et de la résistance victorieuse au putsch de 2015, ainsi que pour toutes les victimes de la violence en politique.
exige l’extradition de François Compaoré pour répondre des faits qui lui sont reprochés dans le cadre du dossier Norbert Zongo ;
dénonce la gestion chaotique du pouvoir MPP et alliés faite de corruption et de mal gouvernance ;
exige le jugement de tous les dossiers de crimes économiques et de sang ;
appelle les étudiant.es burkinabè en France à rester mobilisés et déterminés pour défendre tous les dossiers de crimes économiques et de sang dans notre pays ;
appelle à la solidarité avec les victimes du terrorisme dans notre pays.

Vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons !

Vérité et justice pour Cissé Fahadou, Balima Hama  et tous les autres !

Non aux intimidations et aux menaces contre les honnêtes citoyen.e.s !

Non au terrorisme !

Non  à la guerre civile réactionnaire !

Pain et liberté pour le peuple !

Fait à Paris le 29 décembre 2021

Le Comité Exécutif

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