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Dégradation des sols à Ouahigouya : L’engrais chimique pointé du doigt

La ville de Ouahigouya est reconnue sur le plan national pour sa forte production maraîchère, surtout en pomme de terre, en témoignent les données de l’année 2021. 173 656,8 tonnes toutes spéculations confondues ont été produites pendant la saison sèche 2020-2021. Plus de 8 251,95 ha de terre ont été exploités. Mais cette production n’est pas sans conséquence sur la vie des sols, car ces maraîchers utilisent plus l’engrais chimique au lieu de celui organique. Constat!

Seydou Ouédraogo est un maraîcher au quartier Gondologo de Ouahigouya (secteur 12). Il mène cette activité depuis plus de 10 ans. Il produit des aubergines, du poivron, mais surtout de la pomme de terre. Il constate que sa production baisse d’année en année. « En 2020, ma production qui était de 8 tonnes est passée à 6 tonnes cette année. En plus pour la présente campagne, tous mes pieds d’aubergines sont mortes après avoir poussé», explique-t-il.

Pour lui, la raison de cette baisse de production serait due à l’appauvrissement du sol, surtout à cause de l’utilisation abusive de l’engrais chimique. « Pendant la saison pluvieuse, j’ai semé du maïs. Je n’ai pas fait un bon rendement », soutient- t-il. Comme lui, Yacouba Sawadogo est aussi un maraicher dans le même quartier Gondologo. Il fait le maraîchage depuis plus de 25 ans. Il produit uniquement de la pomme de terre sur un espace de 300 m2.

Aujourd’hui, il affirme ne pas pouvoir se passer de l’engrais chimique dans sa production. « Je sais qu’il peut être nocif pour la plante, pour l’environnement, mais aussi pour la santé de l’homme. Cependant il procure de bons résultats au moment de la récolte. Nous avons de gros tubercules », explique-t-il. Dans la province du Yatenga, ce sont plus de 56 814 exploitants qui font de la production maraîchère avec pour ambition d’avoir de gros tubercules même si cela pourrait détruire le sol.

« On est conscient que l’engrais organique non seulement est moins cher (15 000 FCFA le sac de 50 kg, Ndlr), et enrichit le sol. Mais nous sommes obligés d’utiliser l’engrais chimique (dont le sac de 50 kg se vend à 25 000 FCFA). Car il augmente le rendement et donne de plus gros tubercules. On répond tout simplement à la demande des clients. Sinon, on risque de se retrouver avec de la pomme de terre impayée et qui pourrit », confie M. Sawadogo.

La loi du marché Et Seydou Ouédraogo de renchérir que les maraîchers font face à une clientèle très exigeante. « Au moment de la vente, elle vient dans les champs et elle trie les plus gros tubercules. En ce qui concerne les plus petites, nous sommes obligés de les vendre à vil prix. Alors, pourquoi ne pas le faire, car l’engrais bio procure des petits fruits », ajoute-t-il.

En effet, selon le spécialiste en production de l’engrais bio, Cheickna Savadogo, c’est l’ignorance qui leur fait penser ainsi. Sinon, l’engrais organique est un fertilisant constitué de 100% de matière animale et végétale. Il est riche, entre autres, en phosphate, en potassium, en azote, en calcium et en magnésium. « Il stimule la vie micro-organique et rend le sol vivant, rajeuni.

…l’engrais organique, non seulement on a une bonne croissance de la plante,
mais l’environnement se porte mieux.

Il ne pollue pas le sol, ni l’air, ni les eaux. Il apporte les éléments nécessaires pour la bonne croissance de la plante », précise le spécialiste. Avec l’engrais organique, on utilise moins d’eau, opine le maraicher Yacouba. « Par contre avec celui chimique, la plante a besoin de beaucoup d’eau pour grandir. Alors nous sommes contraints d’arroser pendant au moins deux mois avant de récolter.

Au regard du manque d’eau cette année dans la province, j’ai dû réduire mes planches à 50 au lieu de 80 comme l’année dernière », témoigne M. Sawadogo. Et M. Ouédraogo de poursuivre qu’à cause de l’utilisation de l’engrais chimique, les légumes, les fruits et les tubercules pourrissent vite. « On a du mal à faire la conservation » souligne-t-il. A écouter M. Savadogo, c’est le contraire avec l’engrais bio, non seulement les produits ne pourrissent pas vite, mais on peut les conserver pour les revendre au moment opportun sur le marché.

« En plus, on assiste à un développement harmonieux, équilibré et sans carence de l’homme quand il consomme ces fruits », atteste Cheickna Savadogo. Malheureusement, le constat est que la majeure partie des maraîchers ne l’utilisent pas, pourtant il est sur le marché. Il serait temps que les maraichers commencent à utiliser cette matière organique au risque de manquer de terre pour mener leur activité.

Fleur BIRBA

fleurbirba@gmail.com

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