Retro 2021 : entre désespoir et espoir
2021, conformément à la marche du temps, referme ses portes ce vendredi 31 décembre. Comme de tradition, les médias l’accompagnent, chacun selon ses grands centres d’intérêt. Mais tous font le choix du rétroviseur, en attendant le pare-brise plus ouvert sur les perspectives. Les Burkinabè retiendront trois faits majeurs qui leur sont collés et qui, sans le dire, sont des déterminants de leur vivre. Ou mieux, de leur vivre-ensemble.
Dans ces faits, le triptyque Réconciliation-Santé-Sécurité est devenu une actualité prégnante et présente qui les unit sur des pans, ou les éloigne dans d’autres. Tous étant dans la même dynamique de la recherche du mieux-être. Sur le plan politique, que de péripéties !
En une année, le pays a connu deux remaniements ministériels ; déjà en janvier 2021, avec le gouvernement Christophe Marie Joseph Dabiré II et en décembre, un chamboulement total avec une nouvelle équipe : le gouvernement Lassina Zerbo. Cette nouvelle donne s’inscrit dans la recherche au quotidien des solutions pour faire face à l’hydre terroriste. Les grandes formations politiques ont connu des situations différentes : changement de président au MPP qui a impliqué une passation de charge générationnelle, Simon Compaoré père-fondateur et président « naturel » ayant cédé sa place à Alassane Bala Sakandé, incarnation d’une nouvelle génération.
Le CDP consacre une continuité, avec Eddie Komboïgo, reconduit avec des bisbilles en perspectives sans être un oiseau de mauvais augure. Le Burkina politique, c’est aussi cet ultimatum que des fils qui ne partagent pas la vision du pouvoir en matière de lutte contre le terrorisme, avaient lancé au président Kaboré. Lui demandant presque de rendre le tablier s’il ne trouvait pas de son chapeau magique, une thérapeutique (sans anesthésie pour voler le mot au président Sankara) pour détruire le terrorisme.
Revendication légitime ou politique politicienne ? Les deux à la fois car personne ne pourra à lui seule venir à bout de cette guerre qui revêt plusieurs aspects. Terrorisme, banditisme, contrebandiers, etc. Des moments funestes ont endeuillé ce pays que tout destinait à des lendemains meilleurs après une insurrection qui a sonné le renouvellement de la classe politique, mettant en orbite des jeunes aux dents longues qui tenaient (tiennent) à montrer qu’ils sont prêts à servir leur pays.
Malheureusement, la question demeure, comment venir à bout de l’hydre terroriste qui, à chaque attaque, plonge le pays dans la stupeur générale avec des piques qui fragilisent la paix sociale. 2021 n’a pas trouvé le bon bout. Les derniers mois ont vu le président Kaboré faire appel à d’autres compétences et à renouveler le commandement au sein des forces de défense et de sécurité à la suite d’une énième désolation survenue à Inata le 27 novembre. Inata doit faire prendre conscience à tous les Burkinabè que la guerre n’est pas seulement militaire, elle implique chacun de nous.
D’ailleurs le dernier conseil des ministres qui appelle à réintroduire la formation militaire dans les appelés du service national des élèves en formation est un signe qui ne trompe pas. En 1985, les Révolutionnaires burkinabè avaient introduit la GPG (Guerre populaire généralisée) avec des Bataillons populaires d’intervention rapide (BAPIR) constitués de CDR et encadrés par les FDS lors du conflit contre le Mali.
Les VDP, dont le leader incontesté Yoro est tombé les armes à la main sur le champ d’honneur, sont l’incarnation de cette résilience, de ce Burkina qui se plie, mais jamais ne rompra selon les mots du président Kaboré. 2021 c’est aussi la lutte contre l’autre hydre, mais sanitaire, le Burkina, malgré la modicité de ses moyens, mais grâce à l’ingéniosité de ses fils, jusque-là, a trouvé la parade pour éviter le pire.
Le pays a introduit la vaccination comme mode de prévention, et la complicité avec les populations fait que tout semble baigner. On aura tort de limiter notre pays sur les 365 jours de 2021, à ces moments d’angoisse, de questionnements vitaux. Il y a eu des grands moments. Ces rendez-vous inscrits dans l’agenda national et qui par la rigueur et le dévouement ont été tenus à bonne date.
Le FESPACO, le Tour international du Faso, la Filo et d’autres manifestations d’envergure certes moindres, mais qui ont vu déferler dans notre pays, nombre de personnes qui n’ont jamais douté de la compétence des fils et filles de ce beau pays à affronter toutes les difficultés de la vie. Pour preuve, le pays des Hommes intègres pose un jalon important dans la lutte contre le paludisme.
Avec des moyens qu’on peut considérer comme dérisoires, le Burkina propose à l’humanité un projet de vaccin contre le paludisme. Les peuples qui en souffrent sauront paraphraser le premier astronaute Neil Armstrong et diront de « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’humanité », un grandissime pas pour les Hommes. D’ailleurs, pour coller à cette actualité, Sidwaya a fait du professeur Halidou Tinto, son Homme de l’année 2021 ; au moment où 2021 se referme sur des perspectives sanitaires plus qu’heureuses.
Pour preuve, la décision du dernier conseil des ministres où l’hôpital de référence de Bassinko est sur les chantiers, de même que l’hôpital de Bobo-Dioulasso. En sport, y a-t-il lieu de rappeler que notre peuple est resté éveillé en cette nuit où au Japon, Hugues Fabrice Zango, meilleur espoir du pays, affrontait les « grands » de ce monde d’où il sortira avec une médaille de Bronze le 5 août dernier à Tokyo, la première pour le pays. A
lors que Iron Biby, l’« homme le plus fort du monde » a soulevé un bucher de 240 kg. Le sport roi, le football a bercé le rêve des Burkinabè jusqu’au dernier jour pour un « second » round des éliminatoires pour la coupe du monde. A défaut, le Onze national, sera bien présent en compagnie de la jeunesse du continent aux phases finales de la Coupe d’Afrique des nations de football Cameroun 2021.
Il y a aussi ce procès attendu, comme Godot avant d’arriver ce 11 octobre 2021. Une prouesse et une preuve que la patience mène à tout. A l’unisson, les Burkinabè disent bye-bye à 2021 qui a capitalisé espoirs, désespoirs, espérance, désespérance comme toutes les années.
Jean Philippe TOUGOUMA
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