La prise en compte de la budgétisation sensible au genre au Burkina Faso sur la période 2017-2021 a fait l’objet d’une analyse dans le cadre de l’étude intitulée « analyse des dépenses publiques consacrées aux services de base (éducation, santé, agriculture et genre) » et réalisée par le Centre d’Études et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP). Des ministères en charge des secteurs sociaux de base concernés par l’étude, le département en charge de l’agriculture semble être le meilleur élève.
La budgétisation sensible au genre est un instrument efficace de lutte contre les inégalités entre les sexes. Son intégration dans le budget de l’Etat, à travers les ministères en charge de l’éducation, de la santé et de l’agriculture sur la période 2017-2021, a fait l’objet d’une analyse par le Centre d’Études et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP), dans le cadre de son étude intitulée « analyse des dépenses publiques consacrées aux services de base (éducation, santé, agriculture et genre) ».
« Il en ressort que pour la plupart des documents élaborés par les Ministères et les institutions, le principe de la prise en compte de la dimension genre est généralement énoncé mais n’est pas traduit de façon concrète dans les actions prévues. En plus, il y a une multiplicité de documents de planification (politique, plans d’action, programme, projets, etc.) dans les différents départements ministériels et institutions rendant difficile le suivi de l’intégration du genre », souligne le rapport.
Aujourd’hui, l’un des défis majeurs de la nouvelle Stratégie Nationale Genre (2020-2024), demeure l’intégration effective du genre dans les politiques sectorielles et les programmes et projets de développement, notamment au niveau des services sociaux de base.
Au niveau du ministère en charge de l’éducation nationale, la budgétisation sensible au genre s’opère à travers trois programmes opérationnels, à savoir « accès à l’éducation formelle », « qualité de l’éducation formelle » et « accès et qualité de l’éducation non formelle ». Les ressources budgétaires allouées aux activités genre dans ce secteur reste faible. Elles représentent moins de 2% du budget total de ce département. En effet, pour un budget alloué variant entre 348 milliards F CFA et 499 milliards F CFA sur la période 2017-2021, la part allouée au genre oscille entre 2 milliards F CFA et 6 milliards F CFA, soit un ratio allant de 0,2% à 2%. Cette proportion dans le budget exécuté est de 0,08% en 2017, 0,24% en 2018, 0,54% en 2019 et de 2,08% en 2020.
Au département de la santé, la budgétisation sensible au genre se fait à travers le « programme national de santé publique », le « programme national de l’offre de soins » et le « programme national de gouvernance du système de santé ».
« Des efforts exceptionnels du ministère de l’agriculture »
Pour ce qui est des ressources consacrées au genre dans ce ministère sur la période de l’étude, elles sont de l’ordre de 14 milliards F CFA à 31 milliards F CFA pour un budget sectoriel allant de 207 milliards F CFA à 299 milliards F CFA. Ce qui fait un ratio variant entre 5% et 15% sur la même période. Mais après exécution budgétaire, ce ratio passe de 4% à 10%.
Au niveau du ministère en charge de l’agriculture, l’intégration du genre dans le budget s’effectue à travers les programmes « Aménagements hydro agricole et irrigation », « Economie agricole », « Développement durable des productions agricoles », « Sécurisation foncière, formation professionnelle agricole et organisation du monde rural ».
Sur la période 2017-2021, le budget alloué au genre dans ce département varie entre 6 milliards F CFA et 19 milliards F CFA, pour une allocation budgétaire sectorielle se situant entre 95 milliards F CFA et 135 milliards F CFA. Cela donne un ratio variant entre 4% et 20%. La part du budget genre exécuté dans le budget exécuté dudit ministère est 5% en 2017, 2% en 2018, 29% en 2019 et 24% en 2020.
Si au niveau de l’Agriculture et de la Santé, les efforts sont perceptibles sur la base des réalisations de ces secteurs, souligne le rapport, la situation semble plutôt différente au niveau du ministère de l’éducation nationale. « Les différentes affectations de ressources aux programmes sensibles au genre sont très faibles par rapport aux autres secteurs sur toute la période d’étude. Le tableau révèle des efforts exceptionnels du ministère de l’agriculture en matière d’exécution budgétaire des dépenses sensibles au genre qui est de l’ordre 29,2% en 2019 et 24,6% en 2020. Cette performance est à encourager », note l’étude.
Le rapport du CERA-FP indique que l’intégration du genre se traduit en termes de droits humains et leur concrétisation en action à travers les différents ministères doit faire l’objet d’une attention soutenue. « A ce sujet, il apparait que la prise en compte effective du genre dans les politiques publiques est la condition de base pour la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes. … Pour ce faire, il est nécessaire de poursuivre le renforcement des capacités des acteurs/trices à tous les niveaux pour leur permettre d’avoir toute la technicité nécessaire afin d’assurer l’intégration de la dimension genre dans la formulation, la planification, la budgétisation et la mise en œuvre des politiques publiques », recommande l’étude. Avant de conclure que face à la persistance des inégalités et disparités entre les sexes dans la société burkinabè, il est essentiel que les allocations budgétaires se traduisent en résultats concrets sur la thématique du genre.
Mahamadi SEBOGO
Tableau : Evolution du la budgétisation sensible au genre par ministère (en millier de FCA)
Année
2017
2018
2019
2020
2021
Ministère en charge de l’éducation nationale
Budget genre MENAPLN alloué
3 008 597
5 358 835
2 415 231
6 282 288
6 789 321
Budget MENAPLN alloué
348 432 510
353 819 064
465 887 800
499 252 568
491 861 474
budget genre/budget MENAPL
0,9%
1,5%
0,5%
1,3%
1,4%
Budget sensible au genre exécuté
254 836
629 504
2 406 277
6 280 334
–
Exécution MENAPLN
330 763 499
265 945 918
449 766 736
301 782 877
63 271 480
budget genre/budget MENAPL
0,08%
0,24%
0,54%
2,08%
Ministère de la santé
Budget genre Santé alloué
24 326 911
31 720 439
14 977 870
15 669 176
15 815 000
Budget allocation Santé
219 556 122
207 269 766
238 288 246
280 721 494
299 560 810
budget genre/Budget santé alloué
11,1%
15,3%
6,3%
5,6%
5,3%
Budget genre Santé exécuté
8 572 077
17 708 183
13 605 193
15 419 175
Budget Santé exécuté
191 969 745
168 716 214
207 846 946
207 006 427
127 356 860
Budget genre/Bugdet santé exécuté
4,5%
10,5%
6,5%
7,4%
Ministère en charge de l’agriculture
Budget agriculture genre alloué
8 232 887
8 747 296
15 067 961
19 705 507
6 017 109
Budget agriculture alloué
129 693 523
135 680 126
99 580 150
95 524 616
130 350 390
Budget genre/budget agriculture alloué
6,3%
6,4%
15,1%
20,6%
4,6%
Budget genre agriculture exécuté
4 389 764
1 886 972
20 476 486
14 760 905
Budget Agriculture exécuté
86 135 041
81 704 936
70 148 591
60 062 840
36 316 084
Budget genre/budget agriculture exécuté
5,1%
2,3%
29,2%
24,6%
Source : Rapport d’étude
L’article Budgétisation sensible au genre: Encore des efforts à faire est apparu en premier sur Quotidien Sidwaya.
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