2021 touche à sa fin. Même s’il est encore trop tôt pour évaluer cette année dans son ensemble, on peut cependant faire le point sur les grands moments vécus dans le domaine économique, sur les mesures concrètes adoptées, mais aussi sur les grands points qui ont fait l’objet de régression durant ces douze derniers mois. Retour sur une année qui promettait une relance de l’économie burkinabè.
C’est une année riche en couleurs qui s’achève. Au nombre des points de satisfaction pouvant être relevés, l’activité́ économique en 2021 a enregistré une reprise de son rythme de croissance avec un taux de croissance du PIB réel qui ressortirait à 7,0% contre 2,5% en 2020. Cela s’explique par l’atténuation des effets de la crise sanitaire liée au covid-19, malgré́ la persistance de la crise sécuritaire.
En 2021, dans le domaine agricole selon l’UEMOA, les estimations de la campagne agricole 2020/2021 indiquent que pour le Burkina Faso, la production d’exportation a enregistré des hausses respectives de 31,6%. La bonne performance des cultures d’exportation s’explique, en partie, par des augmentations de 124,8% de la production de soja, de 63,5% de celle de l’arachide et de 14,5% de celle de coton. Ce tableau général comprend toutefois plusieurs nuances de couleurs.
L’économie essoufflée par la hausse du prix des hydrocarbures
Si l’on peut se féliciter pour certains aspects, on doit également s’interroger sur la pertinence de certaines décisions, notamment celle portant sur la hausse du prix des hydrocarbures. En mars 2021, les Burkinabè ont constaté une augmentation de 10 francs sur les prix à la pompe du carburant (super 91, gasoil et pétrole). Ainsi, le litre de super 91, du gasoil et du pétrole ont connu une hausse de 10 francs CFA de plus que le prix qui était pratiqué. Le prix du gaz, pourtant stable, a également connu une augmentation de 500 francs CFA sur la bouteille de gaz butane de 12,5 kg. Une situation qui n’était pas bien passée au niveau des populations. Rappelons que le prix des hydrocarbures à la pompe avaient diminué de 10 francs CFA à partir du 19 novembre 2020.
Biens et services miniers : les entreprises burkinabè désormais prioritaires
Le domaine minier a également connu une amélioration grâce à l’adoption d’un décret accordant une préférence aux entreprises burkinabè pour tout contrat de prestations de services ou de fournitures de biens dans les entreprises minières. Ce décret vise à faire en sorte que l’approvisionnement en biens et services des entreprises minières ne soit pas fait en grande partie par les entreprises étrangères pour que les activités minières puissent avoir des retombées sur l’économie nationale.
L’aéroport de Donsin : la convention PPP signée le 12 octobre
L’ingénierie-construction, estimée à 30 mois, devrait démarrer fin 2022, après la clôture financière. Le nouvel aéroport pourra accueillir un million de passagers par an, lors de sa mise en service. L’impact économique attendu du nouvel aéroport est estimé à 275 millions de FCFA, et la création de 5 000 emplois directs et indirects. Les emplois directement générés par les activités aéroportuaires devraient s’élever à environ 1 400 salariés pendant l’exploitation.
Bon en avant dans le domaine de l’innovation
Dans le domaine de l’innovation, 2021 a permis au Burkina Faso de faire un bond en avant. En effet, le 20 septembre 2021, l’indice mondial de l’innovation a présenté son dernier classement mondial de l’innovation de 132 économies. Dans ce classement, le Burkina Faso grappille des points. En 2021, le pays a gagné trois points. Il est passé de la 118e place à la 115e parmi les 132 pays étudiés. Publié chaque année, l’Indice mondial de l’innovation propose une évaluation des résultats selon leur écosystème en matière d’innovation.
Une autre innovation, et pas des moindres, a été enregistrée dès le début d’année. Sank Pay, une structure de transfert d’argent 100% burkinabè, fait son apparition. Crée et développé par deux jeunes Burkinabè, cette plateforme a pour but de faire économiser les populations puisque le dépôt et le transfert sont gratuits.
Promotion des produits locaux : la plateforme « Made in Burkina » lancée
Dans la dynamique de promotion et de protection de ses produits, le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (MICA) a mis en place une plateforme pour la visibilité et la compétitivité des produits « made in Burkina ». Le lancement officiel du site web Made in Burkina s’est tenu le 3 décembre 2021 à Ouagadougou. Comme objectif, il vise à identifier un produit burkinabè sur un marché donné, orienter et mettre en confiance les consommateurs désirant les produits originaires du Burkina Faso où qu’ils soient. En plus, il permet de renforcer la visibilité des produits du pays sur le marché national et international afin qu’ils soient priorisés par le consommateur.
La production d’or en hausse
2021, fut également une bonne année pour la filière or du Burkina avec une production des champs aurifères qui suit une très bonne dynamique. Sur les cinq premiers mois de l’année 2021, la production industrielle d’or du pays est ressortie à 27,09 tonnes, selon les données officielles du gouvernement. Comparé à fin mai 2020, ce volume est en forte progression de 20%. Et l’on relève que seulement sur le mois de mai 2021, ce sont 5,13 tonnes d’or, en hausse de 4,4% en rythme annuel, qui ont été produits. Un volume qui maintient le Burkina Faso dans le top 5 des pays africains producteurs d’or
Impôts et recettes fiscales : Un taux de recouvrement au-delà des espérances
2021 a également été marquée par des recettes fiscales supérieures aux prévisions. La direction générale des impôts a enregistré, à la date du 29 décembre 2021, un recouvrement record de plus de 1045 milliards 270 millions de francs CFA sur une prévision révisée à la hausse de plus de 956 milliards de francs CFA. Soit un taux de recouvrement de 109,26%. Si, ces résultats exceptionnels sont tributaires des efforts consentis par les agents de l’administration, ils sont surtout le fruit du civisme fiscal de bon nombre de contribuables qui ont compris l’importance de l’impôt.
Des rendez-vous manqués
En 2021, il y a eu également des rendez-vous très importants manqués. Celui de la conférence internationale des partenaires pour le financement du deuxième Plan national de développement économique et social (PNDES II). Initialement prévue les 2 et 3 décembre 2021 à Bruxelles en Belgique, la conférence a été reportée à une date ultérieure du fait de la maladie à coronavirus. Ce plan, qui doit permettre de réunir 19 000 milliards de FCFA s’inscrit dans la dynamique d’une meilleure sécurisation des populations, d’un renforcement de leur résilience, de la modernisation de l’administration et de l’amélioration du climat des affaires dans le but de créer les conditions optimales pour le bien-être des populations.
En dépit du contexte sécuritaire, sanitaire et humanitaire difficile, les ménages et les entreprises burkinabé ont fait preuve d’une capacité de résilience extraordinaire qui a permis à l’activité économique de repartir un tant soit peu. A l’orée de cette nouvelle année, si l’on peut s’inquiéter de ce qu’il adviendra de l’économie burkinabè compte tenu de la situation sécuritaire, on peut tout aussi légitimement se féliciter du parcours certes cahoteux, mais édifiant de l’année 2021, même si plusieurs aspects demeurent perfectibles.
Nado Ariane Paré (Stagiaire)
Lefaso.net
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