Wang Yi, ministre des Affaires étrangères chinois : « L’Asie demeure la région la plus dynamique et la plus prometteuse dans le monde»
Dans notre édition d’hier, nous avons proposé une partie de l’interview que le conseiller d’Etat et ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a accordée à l’agence de presse Xinhua et au China media group. Il y revenait notamment sur la situation internationale et la diplomatie chinoise en 2021. Dans cette seconde partie de l’entretien, le chef de la diplomatie chinoise indique que « la Chine reste déterminée à se tenir du côté des nombreux pays en développement et à approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec eux ».
Q : L’Union européenne a fait savoir à plusieurs reprises que la Chine était un partenaire, mais aussi un rival systémique. La ratification de l’Accord global Chine-UE sur les investissements a rencontré des obstacles à cause des problèmes internes de la partie européenne. Comment voyez-vous l’évolution des relations sino-européennes ? Que fera la Chine pour que cet accord surmonte ces obstacles ?
Wang Yi : Cette année, les relations sino-européennes ont réalisé de nouveaux progrès. Le Président Xi Jinping a présidé deux Sommets Chine-France-Allemagne en visioconférence.
Le Sommet Chine-PECO en visioconférence s’est tenu avec succès. Le Premier ministre Li Keqiang a eu d’amples contacts avec des dirigeants européens et des personnalités des milieux industriel et commercial de l’Europe. La coopération économique et commerciale a progressé malgré une situation difficile et le volume des échanges commerciaux de cette année pourrait augmenter de 30% pour dépasser 800 milliards de dollars américains. L’Accord Chine-UE sur les indications géographiques est officiellement entré en vigueur. Les mécanismes de dialogue de haut niveau sur l’environnement et le climat et dans le domaine numérique ont été lancés officiellement. Le nombre de convois ferroviaires reliant la Chine et l’Europe a battu un nouveau record. Des projets emblématiques dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » comme le port du Pirée et le chemin de fer Hongrie-Serbie ont obtenu de nouveaux progrès. La Chine et l’Europe partagent une large convergence de vues sur les sujets tels que la préservation du multilatéralisme et le renforcement de la gouvernance mondiale, et ont enregistré des résultats encourageants dans les domaines comme la lutte contre le changement climatique et la réponse collective à la COVID-19. Dans le même temps, nous avons constaté une certaine « dissonance cognitive » dans la politique chinoise de l’Europe. Il est difficile d’imaginer que l’Europe, d’un côté, a établi avec la Chine le partenariat global stratégique, et de l’autre, la définit comme rival systémique. Cette logique a non seulement perturbé les relations sino-européennes, mais aussi semé des confusions chez nos amis européens eux-mêmes.
La différence des systèmes de la Chine et de l’Europe ne veut pas dire qu’elles sont forcément des rivaux. Les deux parties peuvent tout à fait se respecter, s’inspirer et se renforcer mutuellement. Nous sommes prêts à multiplier des contacts et communications pour renforcer effectivement la connaissance mutuelle avec la partie européenne et à engager un dialogue franc avec elle dans une attitude ouverte sur les questions liées aux droits de l’homme, à la démocratie et autres. Dans le même temps, nous espérons que l’Europe, en tant qu’acteur majeur dans le processus de multipolarisation, pourra avoir le plus tôt possible une perception plus indépendante, plus objective et plus raisonnable de la Chine, et promouvoir et approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec la Chine conformément au principe de l’autonomie stratégique. Si la Chine et l’Europe, deux grandes forces, deux grands marchés et deux grandes civilisations, peuvent se compléter mutuellement sur la base du respect mutuel et former une synergie, ce sera une chance pour le monde et pour l’humanité. L’Accord Chine-UE sur les investissements est jusqu’ici l’accord économique et commercial doté du plus haut niveau d’ouverture et du seuil d’accès au marché le plus bas que la Chine ait signé. Cet accord est bénéfique pour la Chine et encore plus bénéfique pour l’Europe. Créer des obstacles à cet accord, c’est créer des obstacles à son propre développement. Au final, ce sont des intérêts de long terme des peuples européens qui seront compromis.
Q : En novembre dernier, le Président Xi Jinping a présidé en visioconférence le Sommet spécial commémorant le 30e anniversaire des relations de dialogue entre la Chine et l’ASEAN et porté avec les dirigeants des pays de l’ASEAN les relations Chine-ASEAN au niveau du partenariat global stratégique. Comment voyez-vous les progrès de la diplomatie chinoise de voisinage de cette année ?
Wang Yi : Cette année est une année d’engagement et de récolte pour la Chine et les autres pays asiatiques. Les relations Chine-ASEAN ont été portées à un niveau plus élevé, et les deux parties ont mené une lutte solidaire contre la COVID-19. Le Partenariat économique régional global (RCEP) a été signé et entrera très prochainement en vigueur. La coopération sur l’économie numérique, l’économie bleue et l’économie verte entre les deux parties s’est accélérée.
L’interconnexion a été accélérée sur tous les plans et le chemin de fer Chine-Laos a été mis en service dans d’heureuses conditions. La question de la Mer de Chine méridionale a été effectivement gérée dans le cadre de la Déclaration sur la conduite des Parties en Mer de Chine méridionale et la liberté de navigation et de survol a été strictement garantie en vertu de la loi. Sur les dossiers brûlants comme l’Afghanistan et le Myanmar, la Chine a travaillé en étroite coordination avec les pays de la région pour préserver ensemble la stabilité dans la région. L’Asie demeure la région la plus dynamique et la plus prometteuse dans le monde. Cette situation difficilement acquise est le fruit de la solidarité et des efforts conjoints de la Chine et des pays de la région depuis de longues années et mérite d’être préservée avec soins par tous. Dans le même temps, nous avons constaté que la situation régionale faisait face à de nouveaux défis et qu’il y avait deux tendances tout à fait différentes : l’une consiste à rechercher le développement et la prospérité par la confiance mutuelle et la coopération, et l’autre consiste à provoquer la division et la confrontation par la construction de « murs » et le « découplage ». Les pays asiatiques doivent regarder cette situation d’un œil perspicace, rester fermes dans leur position et faire le bon choix qui correspond à leurs intérêts fondamentaux et de long terme. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de provoquer la confrontation des blocs dans la région et de plonger l’Asie dans une nouvelle guerre froide. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de faire table rase de l’architecture de coopération régionale existante et du processus de l’intégration dans la région pour en créer de nouveau selon leur propre volonté. Nous ne permettrons à aucun pays non régional de provoquer une course aux armements voire la prolifération des armes nucléaires dans la région et de menacer la sécurité et la stabilité en Asie.
Q : En novembre dernier, la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) s’est tenue avec succès. Lors de cette conférence, le Président Xi Jinping a avancé l’idée de construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère. Quelles mesures la partie chinoise prendra-t-elle afin de promouvoir davantage ses relations avec les autres pays en développement, y compris les pays africains ?
Wang Yi : Cette année marque le 65e anniversaire de l’inauguration des relations diplomatiques entre la Chine et les pays africains. Nous venons d’organiser, malgré le contexte sanitaire, la 8e Conférence ministérielle du FCSA qui a été un grand succès. A cette occasion, le Président Xi Jinping a avancé pour la première fois l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique, présenté quatre propositions pour construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère et annoncé neuf programmes pour la coopération avec l’Afrique, posant un nouveau jalon dans les annales des relations sino-africaines. Cette année a aussi été marquée par d’importants progrès dans nos relations avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, les pays arabes, les pays insulaires du Pacifique et les autres pays en développement. Notre coopération s’est avérée fructueuse dans divers domaines. Quels que soient les changements de la situation internationale, la Chine, membre fidèle du camp des pays en développement, reste déterminée à se tenir du côté des nombreux pays en développement et à approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec eux. Le vote de la Chine aux Nations Unies appartient aux pays en développement. Tournés vers l’avenir, nous axerons nos efforts dans les domaines suivants : Premièrement, poursuivre la solidarité et construire ensemble un rempart vaccinal.
La Chine continuera à déployer tous les efforts pour fournir des vaccins et du matériel médical aux autres pays en développement qui en ont besoin, afin d’assurer effectivement l’accessibilité et l’abordabilité des vaccins dans les pays en développement et de renforcer leurs capacités, leur confiance et leur détermination dans la lutte contre le virus. Deuxièmement, poursuivre les bénéfices mutuels et construire ensemble un moteur de développement. Nous resterons fidèles au principe de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés, et continuerons à promouvoir la synergie avec les stratégies des autres pays en développement et à élargir davantage les échanges commerciaux, les investissements et la coopération pragmatique, en vue de soutenir les autres pays dans le renforcement de leurs capacités de développement durable et de développement autonome. Troisièmement, poursuivre le principe de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi et construire ensemble un pont d’amitié. Nous renforcerons davantage les échanges et l’inspiration mutuelle avec les autres pays en développement dans les domaines des échanges entre partis politiques et sur les affaires politiques, de la réduction de la pauvreté, du développement, de la santé et autres, approfondirons sans cesse l’amitié avec les peuples des autres pays en développement et défendrons ensemble les droits et intérêts légitimes des pays en développement, pour que l’esprit d’amitié et de coopération se transmette de génération en génération.
Q : Cette année, avec le retrait précipité des Etats-Unis, la situation en Afghanistan a attiré l’attention de toute la communauté internationale. Quel rôle la Chine a-t-elle joué dans le règlement des dossiers brûlants tels que la question de l’Afghanistan ?
Wang Yi : Cette année, le monde entier a été témoin du « moment Kaboul » avec le retrait précipité des troupes américaines d’Afghanistan. Le désengagement irresponsable des Etats-Unis a laissé pour conséquences une crise humanitaire profonde au peuple afghan et des défis sécuritaires énormes pour la stabilité régionale. Des scènes chaotiques voire inhumaines à l’aéroport de Kaboul resteront à jamais gravées dans la mémoire de l’humanité comme une empreinte historique de l’échec de la prétendue « transformation démocratique ». Face au changement soudain de la situation en Afghanistan, la Chine n’est pas restée les bras croisés. Au contraire, elle est immédiatement venue en aide au peuple afghan avec l’envoi d’aides humanitaires d’urgence dont notamment des dons en vaccins et nourriture et des fournitures pour affronter l’hiver.
Le peuple afghan a souffert des années durant des guerres et des bouleversements, et ne doit pas subir de nouvelles souffrances à cause de l’épidémie ou du manque de nourriture et fournitures. En plus, nous avons favorisé activement la coordination internationale et joué un rôle constructif en faveur d’une transition stable de la situation en Afghanistan, ce qui a été salué et apprécié par les différents milieux de la société afghane. Actuellement, le pays fait toujours face à de sérieux défis en matière d’économie, de bien-être social, de sécurité et de gouvernance. La Chine poursuivra sa politique d’amitié envers l’ensemble du peuple afghan et soutiendra l’Afghanistan dans ses efforts visant à mettre en place un gouvernement inclusif, à mettre fin aux troubles, à rétablir la stabilité et à reconstruire le pays, pour que le peuple afghan vive en paix et en sécurité. Je voudrais souligner que les grands pays majeurs ont des responsabilités particulières et importantes à assumer pour la paix et la stabilité dans le monde. Dans la gestion des dossiers brûlants, ils doivent défendre la justice et non rechercher des intérêts égoïstes, œuvrer à la paix et non recourir abusivement à la force, encourager le dialogue et non imposer arbitrairement des sanctions, et respecter la volonté des pays concernés et non abuser de leur puissance pour imposer leur propre volonté. Depuis un an, la Chine a toujours gardé à l’esprit et rempli ses responsabilités et sa vocation.
Elle a avancé une proposition en cinq points pour promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient et encouragé les pays de la région à sortir des rivalités géopolitiques entre grands pays et à frayer une voie vers l’émergence collective dans l’unité. Elle a avancé une vision en trois points pour la mise en œuvre de la « solution à deux Etats » en vue de contribuer à une solution juste à la question palestinienne et à une gouvernance effective dans l’Etat de Palestine. Elle a présenté une proposition en quatre points sur le règlement de la question syrienne et soutenu la Syrie dans ses efforts pour accélérer la réconciliation et la reconstruction et retourner dans la grande famille arabe. Elle a œuvré à la reprise de l’application du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien (JCPOA) et préservé le régime international de non-prolifération nucléaire. Elle a travaillé à promouvoir le dialogue entre les différentes parties au Myanmar et à les encourager à relancer le processus de transition démocratique. Elle a aussi œuvré à la paix et à la stabilité dans la Péninsule coréenne et continué à promouvoir en parallèle la mise en place d’un mécanisme de paix et la dénucléarisation de la Péninsule. Comme les faits l’ont prouvé, le développement de la Chine augmente les forces pour la paix et la montée de l’influence de la Chine amplifie les facteurs constructifs. La Chine entend continuer à travailler avec les pays du monde pour jouer son rôle dans la promotion de la paix dans le monde et dans la région et y apporter une plus grande contribution.
Q : Lors du débat général de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président Xi Jinping a avancé pour la première fois l’Initiative pour le Développement mondial, ce qui a attiré une grande attention de la communauté internationale. Quel est le rapport entre cette initiative et la vision de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité ? Que fera la Chine pour la mettre en œuvre ?
Wang Yi : Le développement est la première priorité de la gouvernance du pays et un thème perpétuel pour la société humaine. Sans le développement, tout ne serait que de vains mots. L’Initiative pour le Développement mondial, bien public mondial offert par la Chine, est une traduction importante de la vision de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité et illustre la vision mondiale et le dévouement au service du peuple du Président Xi Jinping. L’idée essentielle de l’initiative est de placer le peuple au cœur de l’action. Son principal objectif est de favoriser une mise en œuvre plus rapide du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies en surmontant les défis posés par la COVID-19. Et sa vocation fondamentale est de répondre à l’aspiration des peuples du monde à une vie meilleure et de réaliser les valeurs communes de l’humanité. Lancée il y a seulement un peu plus de trois mois, elle a déjà reçu un écho favorable et le soutien des institutions onusiennes et d’autres organisations internationales ainsi que de près de 100 pays dans le monde. La Chine non seulement est l’auteur de cette initiative majeure, mais elle sera aussi un acteur de sa mise en œuvre. Nous entendons travailler à accroître la synergie des stratégies de coopération pour le développement avec les différentes parties par les plateformes de l’ONU et les voies multilatérale et bilatérale en vue d’un renforcement mutuel entre les processus de développement de différents pays, régions et mécanismes. Nous œuvrerons à approfondir la coopération pragmatique dans les huit domaines prioritaires identifiés par l’initiative pour créer une grande synergie en faveur de la réalisation des 17 objectifs de développement durable de l’ONU dans les délais prévus. Nous concrétiserons activement l’octroi dans les trois ans à venir des aides supplémentaires de 3 milliards de dollars américains pour soutenir effectivement la riposte sanitaire et la reprise du développement économique et social dans les pays en développement, en vue de construire ensemble avec les autres parties une communauté d’avenir partagé pour le développement mondial.
Q : Cette année marque le cinquantenaire du rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations Unies. Comment voyez-vous le rôle de la Chine sur la scène internationale pendant les 50 ans écoulés ? Dans la situation actuelle, pourquoi on insiste sur la poursuite du multilatéralisme ?
Wang Yi : Il y a 50 ans, la Chine nouvelle a été rétablie dans son siège légitime aux Nations Unies. C’était une victoire du peuple chinois et aussi celle de toutes les forces pour la paix et la justice. Depuis 50 ans, la Chine, le plus grand pays en développement et membre permanent du Conseil de Sécurité, a joué un rôle de plus en plus important dans la préservation de la paix mondiale et apporté une contribution de plus en plus grande au progrès de l’humanité. Nous avons toujours poursuivi la voie du développement pacifique. Nous n’avons provoqué aucune guerre et avons toujours œuvré au règlement politique des dossiers brûlants. La Chine est le premier pourvoyeur de Casques bleus parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et le deuxième contributeur financier aux opérations onusiennes de maintien de la paix et à l’ONU. Nous avons défendu résolument l’équité et la justice internationales. Nous avons défendu les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur la Charte des Nations Unies, le droit de tous les peuples de choisir une voie de développement et un système politique en fonction des conditions de leur pays respectif, et les justes causes des pays en développement. Nous avons appliqué la stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique.
La Chine a fait plus qu’elle avait promis lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) il y a 20 ans en ce qui concerne la baisse des droits de douane et l’ouverture du marché et contribué à hauteur d’environ 30% à la croissance mondiale depuis des années. Nous avons participé activement aux affaires internationales. Nous avons approfondi sans cesse la coopération avec l’ONU et adhéré à presque toutes les organisations internationales intergouvernementales et à plus de 600 conventions internationales. Nous avons gagné la reconnaissance et le respect du monde par des actions concrètes, et la nation chinoise se tient dans le concert des nations avec une grande dignité. 50 ans après, le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Certains pays prennent des actions unilatérales sous le couvert du multilatéralisme. Les membres de la communauté internationale doivent dénoncer ensemble le pseudo-multilatéralisme sous toutes ses formes, préserver sans ambiguïté l’ordre international fondé sur le droit international, et promouvoir résolument la démocratisation des relations internationales.
Q : Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing s’ouvriront prochainement. Quelques pays dont les Etats-Unis ont déclaré qu’ils n’y enverraient pas de représentants officiels. Comment le voyez-vous ?
Wang Yi : « La compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play », telle est l’essence de l’esprit olympique. La politisation par quelques pays des Jeux Olympiques est purement et simplement une violation et une profanation de l’esprit olympique. Il y a quelque temps, la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté par consensus une résolution coparrainée par 173 Etats membres sur la Trêve olympique pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Beijing. C’est une illustration parfaite de l’attachement collectif de la communauté internationale à l’esprit olympique et de son soutien énergique aux Jeux Olympiques d’hiver de Beijing. Ce sont des athlètes des différents pays et des centaines de millions d’amateurs de sport du monde qui sont des protagonistes sur la scène olympique. Les manipulations politiques de quelques politiciens occidentaux ne pourront pas porter la moindre atteinte à la splendeur des Jeux Olympiques, et ne feront que révéler leurs intentions ignobles. Fidèle à l’approche verte, inclusive, ouverte et intègre, la Chine mènera à bien tous les préparatifs avec exigence et qualité pour fournir à tous les peuples du monde une édition de Jeux Olympiques simplifiée, sûre et splendide. Nous sommes convaincus que les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing résisteront à toutes les perturbations et qu’ils permettront de faire rayonner l’esprit olympique, de promouvoir l’amitié et l’entraide entre les peuples et d’afficher la force de la solidarité et de la coopération internationales, en vue d’apporter plus de confiance et de courage à notre monde secoué par la COVID-19.
Q : Cette année, la Chine a rétabli ses relations diplomatiques avec le Nicaragua et rétrogradé ses relations avec la Lituanie au niveau de chargé d’affaires, illustrant sa ferme détermination à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Comment voyez-vous les perspectives de la diplomatie chinoise liée à Taïwan ? Wang Yi : Il y a quelque temps, le Nicaragua a rétabli ses relations diplomatiques avec la Chine et s’est remis sur la bonne voie du principe d’une seule Chine. Le cercle d’amis de la Chine s’est ainsi élargi. Cela démontre pleinement que l’attachement au principe d’une seule Chine va dans le sens de la justice internationale, répond à la volonté des peuples et correspond à la tendance générale de notre époque.
Sur la question de Taïwan, je tiens à souligner les points suivants. Il n’existe qu’une seule Chine dans le monde et Taïwan fait partie intégrante de la Chine. C’est un fait historique et juridique indéniable. Malgré la confrontation politique entre les deux rives du Détroit en raison de la guerre civile du passé, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Chine n’ont jamais été divisées et ne seront jamais divisées. C’est cela le statu quo réel de la question de Taïwan et aussi l’essence même du « Consensus de 1992 » qui incarne le principe d’une seule Chine. Tout cela constitue le fondement pour les deux rives du Détroit de rechercher un développement pacifique de leurs relations. Cependant, les autorités du Parti démocratique progressiste se sont obstinées à entraver ce statu quo et ce fondement, et sont devenues l’auteur même des tensions dans le Détroit de Taïwan. Les Etats-Unis, en violant les engagements qu’ils avaient pris lors de l’établissement des relations diplomatiques avec la Chine, ont laissé faire voire encouragé les forces visant l’« indépendance de Taïwan », et cherché à déformer et à vider le principe d’une seule Chine. Cela non seulement entraînera Taïwan dans une situation extrêmement dangereuse, mais aussi fera payer aux Etats-Unis un prix insupportable. La réalisation de la réunification de la Chine est une tendance irrésistible, et tout acte visant l’« indépendance de Taïwan » aboutira inexorablement à un échec. Taïwan n’a aucune autre issue que la réunification avec la partie continentale de la Chine. C’est une tendance inéluctable de l’Histoire et en est un aboutissement logique.
Q : Le XXe Congrès national du PCC se tiendra en 2022. Dans la nouvelle marche vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire, comment la diplomatie chinoise servira-t-elle le développement du pays ? À votre avis, quelles seront les priorités de la diplomatie chinoise en 2022 ?
Wang Yi : En 2022, rassemblés plus étroitement autour du Comité central du PCC ayant le Camarade Xi Jinping en son centre, tous les membres du service diplomatique se mobiliseront pour assumer les responsabilités envers le Parti, promouvoir l’intérêt général du pays et servir le peuple. Nous déploierons nos efforts pour accomplir les huit tâches majeures suivantes : Premièrement, nous ne ménagerons aucun effort pour créer un environnement extérieur favorable au XXe Congrès national du PCC. Le XXe Congrès national du PCC est l’événement de première priorité et l’agenda politique le plus important du Parti et de l’Etat en 2022. Nous préviendrons et résoudrons fermement les risques et défis extérieurs de toutes sortes et raconterons activement les histoires du PCC et du peuple chinois, en vue de créer un environnement extérieur sûr et stable pour la tenue avec succès du Congrès. Ce sera le fil conducteur de la diplomatie chinoise pour toute l’année 2022. Deuxièmement, nous apporterons une contribution solide au succès des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing.
Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing approchent. Nous ferons rayonner l’esprit olympique, créerons une ambiance internationale positive, amicale et harmonieuse pour les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing, et offrirons au monde une édition simplifiée, sûre et splendide. Troisièmement, nous travaillerons activement à orienter la réforme du système de la gouvernance mondiale. En 2022, l’Asie accueillera de multiples agendas multilatéraux. La Chine assumera la présidence et tiendra le Sommet des BRICS. La réunion des leaders de l’APEC et les sommets du G20 et de l’OCS se tiendront également dans des pays asiatiques. La gouvernance mondiale sera à l’heure de l’Asie. Nous y prendrons une part active, y jouerons un rôle d’orientation et continuerons de porter haut l’étendard du véritable multilatéralisme, de sorte à apporter plus de sagesse chinoise et à injecter plus d’énergies asiatiques à la réforme et au perfectionnement du système de la gouvernance mondiale. Quatrièmement, nous œuvrerons activement à relever les multiples défis dans l’après-COVID-19. Nous mettrons en œuvre intégralement l’Initiative pour l’action mondiale de coopération sur les vaccins et développerons activement la coopération sur la R&D des médicaments pour préserver l’intérêt général de la lutte solidaire mondiale contre la COVID-19 et créer une synergie internationale en vue de prévenir rigoureusement les futures pandémies. Nous renforcerons la communication et la coopération avec les autres pays et les Nations Unies et ferons valoir la complémentarité avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et promouvrons sur tous les plans la mise en œuvre de l’Initiative pour le Développement mondial. Cinquièmement, nous approfondirons et élargirons les partenariats dans le monde. L’année 2022 marquera des anniversaires décennaux des relations diplomatiques de la Chine avec plusieurs pays. Nous saisirons ces opportunités pour consolider davantage l’amitié traditionnelle bilatérale et élargir la coopération. Nous travaillerons au développement globalement stable et équilibré des relations entre grands pays, ferons avancer sans cesse le développement intégré avec les pays voisins et soutiendrons pleinement le partage des fruits de développement par les pays en développement. Sixièmement, nous continuerons de défendre fermement les intérêts vitaux du pays. Nous assumerons toutes nos responsabilités pour être à la hauteur des attentes du Parti et du peuple. Nous lutterons résolument et énergiquement contre toute tentative de saboter la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine et réagirons avec détermination et efficacité à tout acte portant atteinte aux droits et intérêts légitimes et légaux du peuple chinois.
Septièmement, nous servirons activement l’ouverture et le développement du pays. Nous poursuivrons la coopération de haute qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », préserverons la stabilité et le bon fonctionnement des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, prendrons une part active à la gouvernance climatique mondiale et contribuerons davantage à la transition et au développement verts et bas carbone en Chine. Nous travaillerons à une bonne mise en œuvre du RCEP, à l’adhésion à l’Accord du Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), à conclure rapidement l’arrangement de libre-échange Chine-Conseil de Coopération du Golfe, à accélérer les négociations de libre-échange Chine-Japon-République de Corée et à explorer les moyens de promouvoir la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement avec l’Europe, l’Afrique et l’Amérique latine et les Caraïbes, de sorte à promouvoir les circulations domestique et internationale et à contribuer à la construction de la nouvelle dynamique de développement. Huitièmement, nous mettrons toute notre énergie au service du peuple. Nous approfondirons la réforme des services consulaires, améliorerons les mécanismes et systèmes de la protection consulaires, et travaillerons à l’accélération de la législation sur la protection consulaire et du développement des services consulaires intelligents et des services consulaires numériques. Nous construirons plus rapidement le système pour la protection des ressortissants et intérêts chinois à l’étranger pour protéger effectivement la sécurité ainsi que les droits et intérêts des ressortissants et établissements chinois légitimes à l’étranger. 2022 est l’Année du Tigre du calendrier lunaire chinois. La diplomatie chinoise œuvrera en solidarité et en coopération avec la communauté internationale, avec une vision mondiale, un moral solide et des actions concrètes, à insuffler une « vitalité du tigre » à la paix et au développement dans le monde, et à faire progresser vaillamment le développement de l’humanité à l’allure d’un tigre sur sa lancée.
Interview réalisée
par l’agence de presse Xinhua
et le China media group
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