Le deuxième quart de finale de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations disputé, le samedi 29 janvier 2022, au stade Roumdé Adjia de Garoua, a été remporté par les Etalons, victorieux face aux Aigles de Carthage de la Tunisie 1-0. Une victoire qui ouvre les portes des demi-finales à l’équipe nationale d’élite du Burkina Faso, la 4e de son histoire.
Le métronome de l’entrejeu burkinabè, Blati Touré, a encore été énorme. Pour la 3e fois, il a été désigné homme du match.
Les Etalons en communion avec le public de Garoua, d’anciens ministres des Sports burkinabè dansant sur les gradins comme au bon vieux temps, Kamou Malo pris dans une forêt de joueurs comme un gamin et porté en triomphe en pleine interview, des journalistes sportifs burkinabè qui transforment la tribune de presse en boite de nuit… Bref ! Tous les moyens étaient bons pour manifester sa joie après le coup de sifflet de l’arbitre botswanais Joshua Bondo qui a mis fin à la 2e rencontre des quarts de finale de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) entre le Burkina Faso et la Tunisie. Le seul but d’Aboubacar Dango Ouattara, pendant le temps additionnel (45+2) de la première période, a suffi au bonheur de tout un peuple confronté à un problème sécuritaire. L’appel reçu, depuis la capitale burkinabè la veille du match par Kamou Malo et ses poulains, du président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, a, à coup sûr, boosté leur moral. C’est d’ailleurs pour cela qu’avant de répondre à toute autre question après le match, le sélectionneur national a souhaité dédier cette qualification « au peuple burkinabè qui traverse des moments difficiles même si la situation est stable ». Que dire des supporters burkinabè présents en terre camerounaise, qui, dans leur quartier général, à travers des messes, ont soutenu spirituellement Bertrand Traoré et ses coéquipiers pour la victoire.
Garoua acquise à la cause des Etalons
Cette 3e confrontation entre les deux nations à ce stade d’une CAN, il fallait la suivre de près. Les hostilités ont commencé lors des sorties médiatiques d’avant-match des différents états-majors. « Nous respectons le Burkina Faso, mais, nous sommes sûrs de notre potentiel pour gagner ce match », avait ainsi lancé le sélectionneur adjoint de la Tunisie, Jalel Kadri. La réaction de Kamou Malo ne s’est pas fait attendre. « Nous allons donner une belle réplique à la formation tunisienne », avait-il rétorqué. Les dés étant ainsi jetés, place au jeu. A cause du match Cameroun-Gambie qui a précédé Burkina-Tunisie à Japoma, les habitants de Garoua se sont d’abord dispersés un peu partout dans la ville devant les petits écrans pour suivre leur équipe avant de revenir débourser 5 000 FCFA pour soutenir l’équipe burkinabè. En effet, tout le stade (environ 25 000 spectateurs) était presque acquis aux Etalons. L’on s’est cru au stade du 4-Août de Ouagadougou. Chaque action des Etalons est saluée avec de forte clameur. De cette rencontre, chaque équipe a eu sa période. La première pour le Burkina, sanctionnée par un but. La seconde pour la Tunisie qui n’a rien produit, sauf le carton rouge (justifié) d’Aboubacar Dango Ouattara (80e).
La bataille tactique a eu lieu
Sur cette action, Dango Ouattara (28) a mystifié deux défenseurs tunisiens avant de tromper le portier pour le but de la victoire.
La rencontre a permis aux deux staffs techniques de montrer leur science de la tactique. Défensivement, l’équipe des Etalons a laissé voir une maturité. Les erreurs d’autrefois ont été gommées. Le repli défensif des hommes de couloir (Cyrille Bayala et Dango Ouattara) a été bien exécuté. Le pressing haut a été remarquablement enclenché par l’attaquant de pointe Djibril Ouattara. Le secteur médian (Adama Guira, Blati Touré et Gustavo Sangaré), comme à leur habitude, a encore excellé avec Blati Touré désigné homme du match pour la 3e fois dans la compétition. En vérité, Soumaïla Ouattara, par son calme et son sens du placement, a montré qu’il peut être la bonne pioche pour former le duo dans l’axe de la défense avec Edmond Tapsoba. Même si ce dernier est souvent trop lent dans ses prises de décision. Tout compte fait, cette 5e sortie des Etalons à la plus grande des compétitions du continent a montré que nul n’est indispensable au sein de l’écurie. Ce n’est pas pour rien que lors de ces cinq sorties, les Etalons ont scoré en autant de fois avec des buteurs et des passeurs décisifs tous différents. Très fair-play, le coach tunisien a reconnu à l’issue de la rencontre que le Burkina Faso a mérité sa victoire.
« L’équipe burkinabè a procédé par des attaques rapides et a réussi à concrétiser une occasion de but en première période. Mes joueurs ont tout fait pour revenir au score en seconde période, mais, malheureusement, ils n’ont pas eu de la réussite » a regretté Mondher Kbaier. Pour sa première sur le banc d’une équipe nationale en phase finale d’une CAN, Kamou Malo a largement rempli sa part de contrat et prouvé la confiance placée en lui. Il entre dans l’histoire comme le premier technicien local à atteindre une demi-finale de CAN. Très humblement, il a fait un clin d’œil aux autres membres de son staff « qui y sont aussi pour quelque chose ». Pour coach Malo, son équipe est à l’image du peuple burkinabè. « Malgré la situation difficile que vit le pays, le peuple reste débout. Les Etalons aussi resteront debout vaille que vaille » a-t-il laissé entendre. En tous les cas, le Burkina Faso a encore montré qu’il reste la bête noire de la Tunisie. Il a prouvé encore qu’il n’y a pas deux sans trois.
Yves OUEDRAOGO
Envoyé spécial à Garoua
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