Le collectif des Organisations de la société civile (OSC) de la région du Sahel s’est retrouvé dans la soirée du 5 février 2022 au siège de Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) section du Séno. À l’ordre du jour, la mise en place de la délégation spéciale dans la région du Sahel.
Pour le collectif, les populations du Sahel ont passé plus de quatre à interpeller le gouvernement en vain sur la situation sécuritaire qui prévaut dans la région, jusqu’à la chute du régime Roch Kaboré. Les nouvelles autorités du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) ont décidé de la mise en place de délégations spéciales pour conduire la destinée des communes, voire des régions.
De l’avis de ces OSC, il y a des esprits malins, des politiciens qui se déguisent pour venir investir ces délégations spéciales. Une chose que les OSC du Sahel dénoncent. A en croire le collectif, aujourd’hui, il y a des zones de la région du Sahel où l’Etat n’existe plus. Ces OSC pensent que pour le MPSR, la priorité devrait être de restaurer la sécurité dans ces zones. « Il vaut mieux prendre le temps de réfléchir avant de mettre en place une délégation spéciale en bonne et due forme pour ne pas après venir marcher pour une délégation que l’on n’a pas bien pensée », estime le collectif.
Pour le collectif, l’attitude du gouverneur de la région du Sahel est révoltante. Le gouverneur, selon le collectif, a trié des associations dans ses différentes rencontres pour la mise en place de la délégation spéciale. Et pourtant, au niveau communal, la rencontre a concerné toutes les associations. Toute chose qui n’est pas en concordance avec les textes, souligne le collectif.
Abdoulaye Hoeffi Dicko, porte-parole du collectif.
Pour Abdoulaye Hoeffi Dicko, président du MBDHP/Séno et porte-parole du collectif des OSC du Sahel, le MBDHP n’est pas intéressé par une place dans cette délégation spéciale mais travaille pour le bien-être de la population et surtout pour la veille citoyenne.
« Le gouverneur, voilà un monsieur qui est venu et c’est au moment où il sur le point de partir qu’il veut tout gâter. Il a bien dit qu’il est ouvert à la discussion mais aujourd’hui, il ne décroche pas un appel ou bien il nous raccroche au nez. On envoie des gens chez lui, il ne les reçoit pas. Nous pensons qu’un gouverneur d’une zone rouge comme la région du Sahel n’a pas besoin d’un lundi pour recevoir des gens. Nous nous sommes donné rendez-vous chez lui le lundi prochain on va voir s’il va nous recevoir ou pas », a conclu Abdoulaye Hoeffi Dicko, porte-parole du collectif.
Quant à Ibrahim Assane Maïga de Falagountou, membre de la société civile, il indique que depuis la dislocation des collectivités locales suivie de la note de la mise en place de la délégation spéciale, il y a un tohubohu au sein des communautés en ce sens que beaucoup de gens se posent des questions et ces questions sont différentes d’une commune à l’autre car les réalités sont différentes. Ibrahim Assane Maïga affirme que la mise en place des délégations spéciales soulève beaucoup d’inquiétudes dans la région du Sahel, à cause de ce que la population traverse.
Ibrahim Assane Maïga, membre de la société civile de la commune Falagountou.
« Je suis de Falagountou. Voilà pratiquement deux mois qu’il n’y a pas de commissariat ni de gendarmerie. L’Etat est quasi-absent, il n’y a aucune autorité. Qu’on nous dise qu’il faut mettre une délégation spéciale à Falagountou, ça m’étonne. Le préfet de Falagountou, je ne sais même pas quand il a mis pied à Falagountou. Les vécus et les réalités de la population du Falagountou, ce monsieur ne connaît rien de tout ça. Aujourd’hui, la mise en place de la délégation spéciale va causer d’énormes problèmes. Comment la population va choisir ces membres sans l’Etat ou sans régulation des instances de l’Etat dans la zone ? La population risque de s’entredéchirer », explique M. Maïga.
Il va plus loin en disant qu’il y a beaucoup des problèmes endogènes à régler d’abord avant la mise place de cette délégation spéciale, en commençant par les préfets. En effet, dit-il, « il y a des préfets qui n’ont pas fait leur travail et qu’il faut simplement changer ».
Pour mieux se faire entendre, le collectif des associations du Sahel compte organiser une marche le lundi 7 février 2022, pour interpeller les plus hautes autorités à bien penser la mise en place de ces délégations spéciales, surtout dans la région du Sahel.
Daoula Bagnon
Correspondant Dori
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