Dans cette interview, Abdouramane Ouattara, membre du Comité exécutif de la Fédération burkinabè de football (FBF), par ailleurs président de la commission Audit interne, revient sur la prestation des Etalons à la CAN 2021 au Cameroun et les problèmes que traverse la fédération.
Sidwaya (S) : Le Burkina Faso a fait un parcours jusqu’en demi-finale à la CAN 2021 au Cameroun. Comment analysez-vous ce parcours ?
Abdouramane Ouattara (A. O.) : Je pense franchement que l’on peut tirer des notes de satisfaction réelle de la participation de nos Etalons à la CAN 2021 au Cameroun. Notre équipe nous a procuré des moments d’intenses émotions, de joie, de liesse populaire, mais aussi de déception car en réalité, on avait vraiment les moyens de faire plus.
Néanmoins, notre quatrième place est assez honorable à mon sens et il nous faut maintenant travailler à corriger nos insuffisances pour mieux rebondir à la prochaine CAN en 2023. Notre équipe regorge de jeunes joueurs talentueux qui ont de gros potentiels, donc avec un peu plus d’expérience et de détermination, on peut envisager le meilleur.
S : Ce parcours s’est terminé par une ‘’ remmontada ‘’ subie par les Etalons lors de la petite finale (3-0 et 3-3). Quelle est votre appréciation ?
A. O. : Vous savez, il y a plusieurs paramètres qui déterminent les résultats sportifs d’un match de football et même d’une compétition de grande envergure comme la CAN. Les blessures de certains joueurs, les cas de COVID-19 par exemple ne sont, certes, pas des échappatoires, mais ont fortement impacté notre potentiel et surtout déstabilisé notre équipe.
Mais concernant notre défaite au match de classement contre le Cameroun, il faut reconnaitre que notre encadrement a manqué de rectifier à temps certains détails du match et cela nous a été préjudiciable. Sinon l’équipe du Cameroun était à notre portée ce jour et je dirai que même au match d’ouverture, on pouvait la battre malgré les circonstances. Mais, vous savez qu’un match de football se détermine souvent par des petits détails.
Je salue la maturité de Edmond Tapsoba, l’efficacité de Issa Kaboré, la classe de Blatty Touré. Sachez également que Lassina Traoré, notre attaquant fixateur de la défense, a beaucoup manqué aux Etalons dans cette compétition.
S : Avez-vous suivi le coach Drissa Traoré dit Saboteur qui pense plutôt que cette débâcle est due à une faute professionnelle de Kamou Malo qui aurait mal monté l’équipe et commis des erreurs de management ?
A. O. : J’ai effectivement suivi les critiques très acerbes de Drissa Traoré dit Saboteur sur un plateau télé, mais avec beaucoup d’étonnement et de déception. Lui aussi a été maintes fois entraineur des Etalons, il a participé à une CAN et nous connaissons tous ses résultats.
J’estime qu’en tant qu’entraineur de haut niveau, c’est mal indiqué qu’il enfonce en ces moments si cruciaux, son confrère Kamou Malo qui a déjà fait son mea-culpa et demandé pardon au peuple. Je suis entièrement favorable aux critiques objectives et constructives, mais en ces moments présents, la sagesse nous recommande d’éviter d’exacerber les frustrations en remuant le couteau dans la plaie.
Nous avons aussi montré de très belles choses à la CAN et c’est justement sur ces acquis qu’il faut s’appuyer pour mieux rebondir.
S : Par décision du président de la FBF, le contrat du sélectionneur Kamou Malo ainsi que l’ensemble du staff technique des Etalons seniors ne sera pas renouvelé. Comment appréciez-vous cette décision ?
A. O. : Je crois qu’il faut remettre les choses dans leur contexte réel et pouvoir éclairer l’opinion sur ces questions. La publication à laquelle vous faites allusion est un communiqué et ne saurait en aucun cas être une décision qui engage le Comité exécutif de la Fédération d’autant plus que nous ne nous sommes pas encore concertés pour quoique ce soit.
Seul le Comité exécutif dispose de pouvoir statutaire, selon les textes, pour décider des engagements contractuels de ce genre. Une chose est sûre, c’est que les contrats de Kamou Malo et ses assistants arrivent à terme en fin février 2022 normalement, mais il revient aux membres du Comité exécutif de la Fédération de se réunir pour apprécier la situation et prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt supérieur du football burkinabè.
Donc, sur la base des textes qui régissent le fonctionnement de la Fédération, le président, malgré ses prérogatives, ne peut pas à lui seul prendre certaines décisions. Je crois qu’il faut éviter de trop polémiquer afin de ne pas instaurer un climat préjudiciable à la cohésion. Le Comité exécutif se réunira bientôt et nous allons élucider toutes ces questions qui révèlent malheureusement des dysfonctionnements importants.
S : Certains membres du Comité exécutif se sont démarqués de cette décision par une lettre adressée au président de la FBF. Etes-vous désormais à couteaux tirés sur cette question ?
A. O. : En fait, plusieurs membres du Comité exécutif ont eu cette information par les réseaux sociaux avec un grand étonnement. Certains ont donc estimé qu’il y a un vice de forme et de procédure par rapport au communiqué et nous avons manifesté notre désapprobation par courrier adressé au président de la Fédération sur la manière dont les choses ont été faites.
Personnellement, je crois que la garantie de la réussite des organisations associatives comme la Fédération réside dans le respect des règles et des procédures qui définissent la structuration et le fonctionnement. Il est donc normal que lorsqu’il y a des dérives, certains ou même tous les membres puissent s’exprimer clairement pour recadrer les choses. Mais j’ai bonne foi que les prochaines rencontres vont nous permettre de traiter toutes ces questions pour éviter de telles divergences.
S : Cette guéguerre ne va-t-elle pas impacter le futur proche de l’équipe nationale qui doit se préparer pour la CAN 2023 en Côte d’Ivoire ?
A. O. : Non. Pas du tout. Rassurez-vous, nous avons actuellement une très bonne équipe qui a une grande marge de progression et qui va certainement faire des merveilles. Les Etalons seront bien meilleurs dans les compétitions à venir, car les joueurs ont gagné en maturité et en expérience.
Je ne peux pas parler de guéguerre, mais peut-être d’incompréhensions ou de divergences inhérentes à toute gouvernance de la chose publique. Cela est aussi normal, parce qu’un Comité exécutif ou une fédération, c’est un regroupement de sensibilités différentes et de compétences diverses qui peuvent engendrer bien de fois des contradictions.
Mais quoi qu’il arrive, les intérêts supérieurs de notre football et du sport en général doivent être sauvegardés car c’est le but premier de notre engagement.
S : Votre mot de la fin !
A. O. : C’est de rendre un vibrant hommage à nos Etalons, à tout l’encadrement technique qui nous a permis d’obtenir la quatrième place à la CAN 2021. Même si la compétition s’est terminée en queue de poisson pour nous, force est de reconnaitre que cette équipe est bien bâtie pour réaliser des prouesses dans le futur. On dit que les grandes victoires se préparent à partir des enseignements tirés des échecs. Je demeure donc convaincu que notre football triomphera bientôt, s’il plait à Dieu.
Entretien réalisé par Honoré KIRAKOYA
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