L’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a organisé une rencontre d’échanges et d’informations entre les conseils des collectivités territoriales de l’espace, ce jeudi 24 février 2022 à Ouagadougou. Vu l’importance de cette concertation sur la coopération transfrontalière, les collectivités en plus du Burkina Faso, sont venues du Benin, du Sénégal, du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Niger.
Le fonctionnement des collectivités territoriales dans l’espace UEMOA connaît de nombreuses difficultés qui se sont aggravées avec l’avènement du terrorisme et de la pandémie à Coronavirus. Une situation qui réduit considérablement la marge de manœuvre des collectivités territoriales à offrir aux populations des services sociaux de base en quantité et en qualité.
En témoignent la fermeture des écoles, les centres de santé, l’abandon d’ouvrages hydrauliques… À cela viennent s’associer les déplacements massifs des populations internes (PDI) fuyant la terreur des groupes armés qui augmentent la pression sur les infrastructures des zones d’accueil.
Ainsi, l’objectif de la présente réunion vise à ouvrir le dialogue entre les différentes collectivités territoriales pour la réalisation des objectifs de développement attendus par les populations dans un contexte d’insécurité sous-régional.
« La pression sur les ouvrages des zones d’accueil des PDI qui sont surtout les espaces frontaliers souvent défavorisés par les politiques nationales… », révèle Me Coffi Alexis Aquereburu, représentant des présidents des faîtières des collectivités
Ce qui nécessite selon Coffi Alexis Aquereburu, représentant des présidents des faîtières des collectivités transfrontalières, la mise en œuvre de projets prioritaires (allant des projets de route aux marchés) tenant compte des crises sécuritaire et sanitaire. « La pression sur les ouvrages des zones d’accueil des PDI, qui sont surtout les espaces frontaliers, souvent défavorisés par les politiques nationales d’où il est urgent de procéder à leur renforcement », souligne-t-il.
Pour Me Coffi Aquereburu, cette situation constitue une très forte préoccupation pour les autorités locales et les populations de plusieurs communes particulièrement celles frontalières car sa perpétuation risque d’anéantir tous les efforts de développement consentis dans ces zones au point de menacer l’ensemble des efforts de développement des régions entières.
« Je peux vous confirmer que justement le rôle des collectivités territoriales est vraiment au cœur de nos réponses pour les prochaines années », Pilar Palmero, cheffe de coopération de la délégation de l’UE au Burkina Faso
Pour relever ces défis auxquels sont confrontés les États membres de l’UEMOA, le soutien des partenaires techniques et financiers (PTF) s’avère indispensable pour mobiliser les ressources nécessaires en vue de répondre efficacement aux fléaux comme le terrorisme, l’insécurité alimentaire, la migration suicidaire des jeunes…
« La présente rencontre de ce jour a pour objectif essentiel d’échanger sur le Programme de coopération transfrontalière locale (PCTL) et de porter le plaidoyer sur l’urgence de renforcer la synergie avec tous nos partenaires de référence pour le financement et la réalisation des investissements prévues dans les zones fragiles », a indiqué Pr Filiga Michel Sawadogo, chargé de l’intérim du président de la commission de l’UEMOA.
« Il est temps que les zones transfrontalières redeviennent des zones de suture, de contact et de coopération », estime Pr Filiga Michel Sawadogo, chargé de l’intérim du président de la commission de l’UEMOA
Au regard de tout ce qui précède, Pr Filiga Sawadogo, estime qu’il est temps que les zones transfrontalières redeviennent des zones de suture, de contact et de coopération tout en retrouvant leurs missions premières d’expression de la solidarité, de la paix et de la cohésion sociale. Ce d’autant plus que les populations concernées partagent les mêmes traditions, cultures et langues.
Les partenaires techniques et financiers représentés notamment par l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne ont eux signifié que l’appui aux collectivités territoriales est un facteur de succès, de réussite et d’impact. « Comme on parle de financement, je voudrais ajouter que le financement n’est pas tout. Il arrive et je l’affirme sur la base de mon expérience que l’on ne puisse pas mettre en œuvre des projets encore moins de bon projets malgré les énormes financements injectés dans certaines villes », a rappelé Bruno Leclerc, directeur régional de l’Agence française de développement au Sahel.
« Comme on parle de financement, je voudrais ajouter que le financement n’est pas tout », rappelle Bruno Leclerc, directeur régional de l’Agence française de développement au Sahel
Il y a également à côté du financement, précise-t-il, les aspects de préparation, d’études, de renforcement des capacités qui sont d’une extrême importance.
La réussite de la mission que se sont fixée les autorités locales afin de soulager les populations des souffrances que leur infligent les groupes armés, passe par l’internalisation et l’adaptation des programmes respectifs des pays de l’UEMOA, laisse entendre le représentant des présidents des faîtières des collectivités transfrontalières.
Le Conseil des collectivités territoriales de l’UEMOA a été créé le 30 mai 2011 par la conférence des chefs d’État et de gouvernements. Elle a élaboré une feuille de route en définissant des programmes intégrateurs qui permettent à la Commission de l’UEMOA de mieux prendre en compte les besoins des populations à la base dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes communautaires.
Hamed NANEMA
Lefaso.net
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