Les assises nationales se sont achevées le mardi 1er mars 2022 et ont débouché sur la signature de la charte de la transition par le président Paul Henri Damiba. Mais aussi trois grands faits sont à retenir : la durée de la Transition a été fixée à 36 mois ; le gouvernement sera composé de 25 ministres maximum ; l’assemblée législative de la Transition sera composée de 71 membres et leur mandat ne sera pas gratuit. Qu’en pensent les Burkinabè, nous avons essayé de recueillir leurs avis à travers le présent micro-trottoir.
Mahamoudou Bagagnan
Mahamoudou Bagagnan
« Pour ma part les trois années ne suffissent pas. Prenons un exemple, dans une famille, on prend le chef et on lui donne que trois ans pour régler les difficultés que rencontrent sa famille il ne pourra pas. Nous demandons au pouvoir en place de garantir la sécurité pour que les réfugiés puissent retourner chez eux. Si les trois ans s’écoulent et qu’il fait notre affaire, il peut même rester au pouvoir. Regardez comment les gens souffrent dans l’insécurité, c’est triste. Les trois ans ne sont pas suffisants. Pour ce qui concerne les députés c’est pour que l’Etat ne dépense pas l’argent qui se trouve dans la caisse, c’est encore plus économique. C’est une bonne décision. Tout ce que nous voulons c’est la paix et la sécurité au Burkina Faso ».
Ibrahim Nadembèga
« Selon moi, trois années ne suffisent pas, surtout avec l’insécurité à laquelle nous faisons face tous les jours. Le pouvoir en place a pris le pouvoir récemment, donc il ne peut pas établir un bon programme. Il lui faut un temps pour bien faire les choses pour qu’on ait moins de problèmes. Nous voulons qu’il fasse plus pour la paix et la sécurité au pays. Nous lui donnons toutes nos bénédictions pour qu’il puisse mener à bien la mission pour laquelle il est venu au pouvoir, à savoir la lutte contre le terrorisme ».
Xavier Ziba
Xavier Ziba
« L’analyse que je peux faire en ce qui concerne le mandat de trois ans pour la transition, ce n’est pas si mauvais pour un groupe de travailler comme ils peuvent pour que les objectifs soient atteints. Même si on leur donnait deux, quatre ou cinq ans, pour moi pratiquement c’est la même chose puisque la mission première c’est d’abord la restauration comme ils l’ont dit quand ils ont pris le pouvoir. Il s’agit de restaurer l’Etat. Donc il faut que les déplacés puissent rejoindre leurs villages et que la paix puisse revenir, pour que tout le monde puisse vaquer à ses occupations. S’ils ont besoin de trois ans pour atteindre leurs objectifs, je pense que c’est l’idéal mais s’ils trouvent que les trois ans sont également peu, je trouve que c’est négociable. Vu ce qu’ils ont planifié on peut faire une prolongation. L’objectif c’est que la paix revienne au Burkina Faso, on ne demande pas au président de venir développer quoi que ce soit, pour cela nous nous préférons élire un président démocratiquement qui va venir avec son programme.
Pour ce qui est du nombre de députés et de ministres, je trouve que c’est raisonnable. Comme c’est juste pour une transition, il faut juste des personnes ressources, des personnes à mesure de faire le travail pendant ce laps de temps. Le nombre pour moi n’est pas si important que ça, la preuve en est qu’en un mois on a travaillé sans ministres, sans députés, même si dans les services comme dans les différents ministères, les choses bougeaient difficilement Concernant la gratuité du mandat de député qui était évoqué, je suis contre parce que tout travail mérite salaire. Il ne faut pas qu’on se leurre en disant que ça sera du bénévolat tout en sachant que derrière cette histoire de bénévolat, il y aura des per diem qui vont tomber peut-être plus élevés qu’un salaire. Moi je trouve qu’il faut trouver un salaire raisonnable, en fonction de la situation, c’est une transition. Il faut juste leur donner un encouragement. Que tout le monde sache que si tu es député, tu as tant de francs à la fin du mois, tu es ministre tu as tant de francs. Il ne faut pas dire que c’est de la gratuité et après la transition on va savoir qu’il y’a eu des choses qui se sont passées et je trouve que là, ce n’est pas intéressant ».
Rouamba Souleymane
Rouamba Souleymane
A mon avis les trois années ne suffisent pas, la transition devait aller à peut-être quatre ans pour pouvoir s’entendre et bien se comprendre. Présentement personne n’a dit qu’ils ne sont pas bons, ils se débrouillent bien et s’ils déroutent, nous allons les interpeller. Nous pensons qu’ils vont travailler. Nous pensons aussi qu’ils viendront à bout des terroristes qui nous fatiguent au Sahel. Ce que nous voulons, c’est qu’ils travaillent en toute transparence et en toute intégrité. Si les gens les applaudissent aujourd’hui c’est parce que le régime passé n’a pas fait ce qu’il fallait. Y’en a qui disent qu’ils vont les accompagner, ce sont des fausses paroles parce que l’accompagnement doit être fait avant, pendant, après. C’est comme quand tu as ton enfant à l’école, tu l’encourages à tout moment. Il ne suffit pas de dire qu’on va les accompagner mais il le faut le faire. Si nous restons là à ne rien faire l’ennemi va nous atteindre. Il faut punir tous les politiciens véreux, ceux qui volent l’argent du peuple. Les députés doivent forcement percevoir un salaire sinon ils seront des voleurs. Si on ne leur donne pas de salaire, comment ils vont arriver à subvenir à leurs besoins ? Moi je pense que si on leur donne un salaire ce n’est pas grave, mais qu’ils travaillent bien. On doit leur rappeler qu’ils ne travaillent pas pour l’argent mais au nom du pays ».
Alpha Abdoulaye Karambiri
Alpha Abdoulaye Karambiri
« Il y a un adage qui dit que pour que faire des lingots d’or il faut fondre l’or. Quand un Premier ministre sera nommé, nous pourrons mieux nous prononcer. Si nous le faisons présentement, ce serait mettre la charrue avant les bœufs. On espère qu’il y aura un grand changement puisque la jeunesse comme vous le voyez elle souffre. L’insécurité que nous vivons fait peur. S’il y a la sécurité, trois ans c’est acceptable. Si les ennemis continuent de frapper à gauche et à droite, là trois ans c’est insuffisant. Par rapport à la gratuité du mandat de député qui était proposée, soyons honnête. S’il faut faire un travail sans rémunération, le travail risque d’être saboté ».
Sayouba Ouédraogo
Sayouba Ouédraogo
« Ce que nous attendons après le coup d’État, c’était le retour des déplacés dans leurs zones d’habitation. Trois ans ou plus, notre préoccupation, c’est simplement la sécurité. Il y a même des gens qui souffrent de soif actuellement. Après le coup d’État, on s’attendait à ce que de grandes opérations soient menées afin que les gens rentrent chez eux. Il faut que les gens puissent rentrer chez eux. Que justice soit rendue à ceux qui ont perdu des proches. Après cela alors, ils pourront parler d’un mandat de cinq ou six ans. Ce à quoi on s’attendait, ce n’était pas un mandat de trois ans. On s’attendait à ce qu’à cette heure, on nous dise que telle ou telle localité a été reprise des mains des hommes armés. Nous avons même appris qu’à Dori, un bidon d’eau de 20 litres coûte 15 000 francs. C’est ce que dit la rumeur.
Vraiment nous souhaitons que nos autorités nous aident parce que ce qui arrive actuellement est tout simplement horrible. Les réfugiés sont laissés à eux-mêmes et on les chasse d’un lieu à l’autre. Je pense donc qu’il faut que les autorités s’activent. J’ai eu la chance voyager plusieurs fois. C’est lors des sessions que l’on paye les députés. Plus il y a des sessions, plus les députés gagnent. Les députés aussi sont nos représentants et ce sont nos préoccupations qu’ils rapportent aux dirigeants. Mais ça ne sert pas. Quand nous leur exprimons nos priorités, ils choisissent de diffuser ce qu’ils veulent et nous laissent ainsi dans le désarroi. Sinon c’est parce que le pays est en paix que le député peux se permettre de rouler dans un véhicule ou avoir un salaire ».
Bela Nefertari Ouedraogo (Stagiaire)
Abdoul Rachid Sow (Stagiaire)
Lefaso.net
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