Burkina-Agriculture-Eau-Difficultés
Zondoma: Des producteurs plongés dans le désarroi par l’assèchement du barrage de Guelba
Gourcy, 09 mars 2022(AIB)- Le barrage de Guelba dans la commune de Gourcy est l’une des retenues d’eau dont l’exploitation fait vivre de nombreux producteurs maraîchers. Cette année au sortir d’une saison pluvieuse déficitaire, le manque d’eau a plongé de nombreux producteurs dans le désespoir. Constat sur une situation préoccupante qui impacte le marché local.
Situé à la périphérie Ouest de la ville de Gourcy, le barrage de Guelba a été construit en 1988 sur financement d’une Organisation Non Gouvernementale (ONG). D’une capacité de stockage de 294 400 m3, selon la fiche technique, cette retenue d’eau fait la fierté des riverains qui y pratiquent le maraîchage en saison sèche.
La pomme de terre, la tomate, l’oignon, le piment, des choux, la salade sont entre autres des spéculations cultivées par des hommes et des femmes. Ces producteurs engrangent des revenus substantiels à travers la vente de leurs produits sur le marché local et vers d’autres villes comme Yako et Ouagadougou.
Gaston Ouédraogo a choisi de réduire son exploitation pour s’adapter au manque d’eau.
Une production en baisse
Selon les témoignages, cette année, le niveau de remplissage du barrage observé à la fin de la saison des pluies était des plus bas. Cette situation a impacté négativement la production aux abords des berges du barrage de Guelba où contrairement à d’autres localités qui utilisent le système de drainage pour l’arrosage, c’est à travers des puits creusés dans le lit du barrage que les plantes sont alimentées. La disponibilité de l’eau dans ces puits est donc directement affectée par l’assèchement du barrage, à en croire les producteurs.
Des superficies non exploitées, des puits complétement asséchés et d’autres au niveau d’eau très bas, des plantes dont l’aspect des feuilles indique une détresse hydrique: tel est le constat peu reluisant que l’on fait en se rendant sur le site maraîcher de Guelba en ce mois de mars.
Des périmètres importants sont restés inexploités à cause du manque d’eau.
Gaston Ouédraogo, un exploitant bien connu que nous avons rencontré nous présente son périmètre à moitié exploitée.
«J’ai l’habitude de produire de l’oignon et de la pomme de terre en grande quantité mais cette année, j’ai juste planté des choux et du piment à cause du manque d’eau», nous a t-il confié.
Non loin de lui, Azèta Sawadogo observe avec impuissance sa production de tomates entrain de jaunir à cause de l’insuffisance d’eau.
»Le puits que j’utilise est déjà à sec. Je me débrouille avec celui de mon voisin pour sauver ce qui peut encore l’être », poursuivra-t-elle.
Le champ de tomate de Azèta Sawadogo a commencé à perdre des feuilles.
Comme eux, ils sont nombreux les producteurs qui verront leurs chiffres d’affaires baisser drastiquement du fait de l’insuffisance d’eau.
Selon le Directeur provincial par intérim en charge de l’Eau et de l’assainissement au Zondoma Oumarou Soulama, l’assèchement du barrage cette année, est lié à la mauvaise pluviométrie, à l’évaporation et à l’infiltration qui sont des facteurs naturels.
Mais, il a aussi déploré l’action humaine aux alentours et parfois même dans le lit du barrage.
La confection de briques dans le lit du barrage favorise l’ensablement, selon Oumarou Soulama.
M. Soulama citera en exemple la pratique de l’agriculture, le maraichage, la construction des briques en banco etc. qui contribuent fortement, selon lui, à l’ensablement.
«Il faut envisager la réalisation de forages équipés de systèmes de pompage et des puits à grands diamètres sur le site pour espérer pérenniser la production et soulager les populations», a-t-il suggéré, en réponse au déficit d’eau pouvant compromettre la production.
Oumarou Soulama préconise de protéger les berges par des arbres.
Mais comme solutions à moyen et à long terme, monsieur Oumarou Soulama préconise la plantation d’arbres en aval pour protéger les berges et l’observation d’une distance d’au moins 30 mètres du lit du barrage pour le maraichage et certaines activités.
Mais en attendant, ce stress hydrique a des répercussions négatives sur le panier de la ménagère.
En effet, la baisse de la production engendrée par la rareté de l’or bleu se ressent sur la place du marché par la flambée des prix des produits maraîchers.
A titre d’exemple, le kilogramme de pomme de terre est à 400 FCFA contre 225 FCFA à la même période l’année passée.
Le vœu qui anime l’ensemble des producteurs est d’avoir quelques pluies précoces afin de compléter la maturité des pousses de piment que certains ont commencé à repiquer sur le site.
Des motopompes sont utilisées pour tirer l’eau qui se trouve maintenant en plus grande profondeur.
Un barrage à usage multiple
En plus du maraîchage, l’eau du barrage de Guelba est aussi sollicitée pour les travaux de construction et pour abreuver le bétail. Cette eau abrite également une importante population de crocodiles qui selon les anciens, sont les protégés des habitants du quartier qui a donné son nom à l’ouvrage.
A en croire les mêmes sources ce sont ces riverains qui sont chargés d’organiser annuellement la pêche rituelle et de gérer le poisson récolté pendant les années de grâce sur la retenue d’eau.
La contribution de l’ouvrage sur l’économie et le bien-être des populations est avérée. Malheureusement, au regard du manque d’eau, toutes les fonctions qui lui sont attribuées seront compromises à cause de la pluviométrie capricieuse enregistrée cette saison.
Agence d’information du Burkina
Aziz KIEMDE
Comments
comments