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Carême 2022 : le temps d’appel insistant à la sainteté

D’emblée, il n’est pas si facile de définir le mot saint. L’origine est une racine latine, sac, qui a donné sanctus. La foi catholique reconnait en Dieu le seul saint, le seul parfait, le seul vénérable. Et pour les chrétiens, Dieu est absolument saint, parce que totalement amour. Et c’est précisément l’amour de Dieu et du prochain qui nous rend saints. C’est ainsi que la sainte quarantaine est proposée chaque année comme un entrainement à la mise en œuvre de la puissance de l’amour afin de mieux en vivre, avec les grâces pascales, le reste du temps.

Le carême que l’Eglise nous propose de vivre chaque année, me fait penser à ces appréciations des enseignants sur les copies ou bulletins d’élèves: « Peut mieux faire… ». Mutatis mutandis, c’est en quelque sorte ce qui est mis sur la copie de chacun, chaque année, en matière d’amour de Dieu et du prochain, après tous les efforts réalisés : « Peut mieux faire». Et c’est vrai. Car, progresser dans l’amour, pour nous chrétiens, ne consiste pas, dans notre chemin de conversion, à simplement renoncer au mal ! Il s’agit pour nous de grandir dans l’amour pour Dieu et pour le prochain. Différents moyens nous sont offerts à cet effet de façon habituelle. Mais le temps du carême leur confère un caractère pressant et insistant. Ainsi par exemple l’adoration du Saint Sacrement. C’est une faim et une soif de Dieu. A travers l’adoration eucharistique, la foi du croyant se trouve vivifiée par l’amour qui lui donne d’explorer les profondeurs de cette présence du Christ sous les signes du pain et du vin. Bien mieux que s’exposer aux rayons du soleil comme il faut, recharge, pour ainsi dire, nos batteries et booste notre système humanitaire, s’exposer à l’amour brûlant du Christ comme devant un doux soleil, à travers un temps de silence passé à l’adoration eucharistique, ravive la foi.

Mieux encore, cela, selon les termes de saint Paul, donne de devenir soi-même une hostie que le Christ divinise pour que l’on transforme l’humanité en son corps et en son sang : « Nous reflétons tous la gloire du Seigneur, et nous sommes transfigurés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit » (2 Co 3, 18). Et c’est dans une telle dynamique que se concrétise cet appel insistant à la sainteté ; puisque être saints, c’est réaliser pleinement ce que nous sommes depuis la création : Image et ressemblance de Dieu : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gn 1,26). En effet, en insufflant son Esprit dans l’homme modelé de glaise pour qu’il vive, Dieu marque, pour ainsi dire, de son empreinte ou son image en lui.

Une image bien nette, sans tache ni ride au départ, mais par la suite, dévastée par le péché d’Adam et Eve. C’est pourquoi il a fallu, pour rétablir les choses en leur état originel, le Christ Rédempteur et Sauveur…, « Le Saint, le Saint de Dieu », en qui, selon la belle et forte expression de saint Irénée, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Affirmation que résume à merveille la pensée des Pères et théologiens, notamment orthodoxes : « La véritable essence du christianisme : une descente ineffable de Dieu jusqu’aux limites ultimes de notre condition déchue, même jusqu’à la mort… une descente de Dieu qui ouvre aux hommes un chemin d’ascension vers la vision illimitée ou l’union des êtres créés avec la Divinité. » Et c’est à une telle sainteté que rappelle avec insistance, chaque année, le temps de carême. Plutôt un appel de Dieu dont l’écho remonte à Moïse dont les prescriptions dans le livre des Lévites (19, 1-2.11-18), au-delà de leur caractère cultuel, contiennent déjà ce qui sera connu comme l’exigence première de Dieu : la justice et la charité envers le prochain. Partant, la sainteté est à la portée de tous, au contraire de la figure de vitrail souvent donnée au saint, avec sur la tête, une auréole. Imagerie statique et artificielle qui, associée aux saints, devient finalement un obstacle à la sainteté. Or la sainteté telle que voulue par Dieu et dont le carême sonne le rappel chaque année, est la mise en œuvre de la puissance de l’amour.

Dans ce sens, la sainteté, c’est donc être là où Dieu nous veut : peu importe que ce soit à la tête d’une grande entreprise ou dans le foyer d’un humble ménage, pourvu que ce que j’ai à faire, soit accompli avec amour. L’exhortation apostolique Gaudete et exsultate du pape François a remis au goût du jour cette vocation universelle à la sainteté. Dans l’Église, soutient-il, « tous les chrétiens, sont appelés à la sainteté selon la parole de l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4). Et pour mieux montrer que la sainteté, conçue comme un appel universel, est adressée à tout chrétien, et non pas simplement à une élite, il ajoute : « Pour être saints, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre ou religieux ». « Nous sommes tous appelés à devenir saints ». Et c’est cet appel que reprend chaque année le carême, pour nous inviter à ressortir de notre routine et nous ramener ainsi à l’essentiel : – Soigner notre relation à Dieu pendant ces quarante jours bien plus que d’habitude : « Revenez à moi », criait le prophète Joël dans la lecture que nous avons entendue le mercredi des cendres. – Être plus à l’écoute de mon être, de l’Esprit qui parle en moi dans un environnement souvent bien parasité par tout un tas de choses plus ou moins utiles. – Améliorer ma relation aux autres, en profitant de ce temps favorable, à la portée de tous, pour discerner les objectifs réels de ma vie afin de donner le meilleur de moi-même la suite du temps.

Abbé Paul DAH

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