Transition au Burkina : Allons installer les députés de Paul Damiba !
Dans un communiqué en date du 19 mars 2022, le président de la commission de réception, d’enquête et de la délibération chargée de l’opérationnalisation de l’Assemblée législative de la transition (ALT) a rendu publique, la liste des 71 membres (moins une personne, le représentant de la région du Centre-nord) appelés à siéger à l’hémicycle. Zoom sur certains députés.
Les membres titulaires de l’ALT sont connus. 70 acteurs pour assurer l’aile législative de la « refondation » du Burkina Faso. Si certains sont de « parfaits inconnus » du public burkinabè, d’autres, par contre ne passent pas inaperçus, de par leur militantisme, ces dernières années, au sein d’organisations de la société civile (OSC), de partis politiques ou dans leurs domaines d’activité.
Est de cette dernière catégorie, Dr Arouna Louré, connu pour ses prises de positions courageuses sur le fonctionnement du système de santé au Burkina Faso. Un combat qu’il va étendre à la gouvernance de façon générale par la création d’une organisation de la société civile, « Les Révoltés ». Ce ‘’médecin-activiste » n’est plus un « Révolté » comme le nom de son organisation. Désormais, il sera un acteur de la Transition. L’auteur de l’essai politique « Burkindi : pour une révolution nouvelle », paru en octobre 2018, a les cartes pour « poser les fondements et les fondations d’une gouvernance nouvelle et vertueuse » comme il l’a souhaité dans son ouvrage.
L’on se souvient qu’aux premières heures de la prise du pouvoir par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), des coalitions, collectifs et coordinations d’associations et d’OSC ont vu le jour. Parmi ceux-ci, la Coordination nationale pour une transition réussie (CNTR) dirigée par Pascal Zaïda, par ailleurs coordonnateur du Cadre d’expression démocratique (CED). Ce chef d’entreprise (Ndlr, liste des membres de l’ALT) est un militant aussi connu pour ses prises de position sous le pouvoir déchu. Ses nombreuses auditions liées à cette posture ne l’ont pas découragé. Maintenant, il fera ‘’la bagarre » à l’Assemblée pour faire passer son opinion.
Ancien secrétaire national à la mobilisation des jeunes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Adama Tiendrébéogo dit « colonel », n’aura plus besoin d’organiser « une marche illégale » de protestation comme celle du 27 novembre 2021. Le samedi, 19 février 2022, au cours d’un meeting de soutien au MPSR, colonel a souhaité que les militaires au pouvoir puissent s’inspirer de l’Algérie qui a, à un moment de son histoire, équipé la population pour qu’elle se défende contre les assauts de ses ennemis. Réussira-t-il à donner une arme à chaque Burkinabè pour lutter contre le terrorisme ?
Le communicateur et promoteur culturel, Salif Sanfo, fait également partie des personnalités désignées par les OSC. Malgré que sa candidature ait causé quelques remous au sein de ses frères du show-biz, il a été retenu finalement. Le promoteur de « Ouistiti d’or » (spectacle d’humour) n’est pas choisi, sans doute, pour amuser la galerie à l’assemblée. La « refondation » a besoin de tous les Burkinabè.
Ratoussamba Zaongo est l’identité qui frappe à l’œil, même si on n’arrive pas, pour le moment, à coller un visage à ce nom. En effet, c’est le plus jeune de tous les députés de cette transition. Né le 11 octobre 1995 à Dablo, cet élève a été désigné par le Chef de l’Etat, à l’instar des 20 autres personnes.
Dernier Premier ministre de Blaise Compaoré, le journaliste Luc Adolphe Tiao est l’un des représentants des « autres partis ». Le président du Rassemblement patriotique pour le développement (RPD), qui s’est dit « prêt à accompagner le nouveau pouvoir », le 26 janvier 2022, soient deux jours après le coup d’Etat, est invité à apporter sa pierre à l’édifice.
Alors que la classe politique burkinabè ne connaissait que deux bords (mouvance et opposition), le Pr Abdoulaye Soma a créé, avec ses camarades, l’Opposition non affiliée (ONA) en 2020. Le jeune professeur constitutionnaliste avait qualifié de « catastrophe constitutionnelle », la décision du Conseil constitutionnel portant « dévolution des fonctions du Président du Faso », le 8 février 2022. En siégeant à l’ALT, va-t-il ramener l’ordre dans les aspects juridiques de cette transition ? Affaire à suivre…
Certes, l’accouchement a pris du temps dû à plusieurs complications, mais le bébé est là. Allons à son baptême, ce mardi 22 mars 2022 !
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net