La session inaugurale de l’Assemblée législative de Transition (ALT) s’est déroulée hier 22 mars 2022. Une séance consacrée à ce qui pourrait être « une validation de mandat » dans le cas d’une assemblée élue et à l’élection du président de l’institution. Soixante-onze personnes la composent, en principe, mais une a manqué à l’appel, la région du Centre-Nord n’étant pas parvenue à désigner son représentant. Conformément à la Charte de la Transition, l’Assemblée législative est constituée de vingt-et-une personnalités désignées par le chef de l’Etat, treize personnalités non affiliées à un parti ou mouvement politique désignées par les forces vives des régions (une par région), huit personnalités représentant les partis et mouvements politiques, seize représentants des Forces de défense et de sécurité (FDS) et treize représentants des Organisations de la société civile (OSC). Si a priori, le quota de personnalités désignées par le chef de l’Etat peut paraitre élevé (21), il faut reconnaitre qu’à décrypter la liste rendue public samedi dernier, ces choix ont plutôt procédé du souci de la prise en compte de toutes les couches sociales, que de la volonté de se tailler du « sur mesure » au sein de l’organe législatif de Transition.
Le président Damiba ne disait-il pas dans son discours de prestation de serment « qu’il faut donner à nos populations l’envie de s’engager à nos côtés et de nous soutenir de toutes leurs forces » ? Dans ses choix en effet, Paul-Henri Sandaogo Damiba, s’est fait l’obligation de prendre en compte toutes les couches sociales en cherchant l’équilibre entre religieux (2 personnalités désignées par le Chef de l’Etat), coutumiers (3), organisations paysannes (2), personnes déplacées internes (1), personnes vivant avec un handicap, blessés de guerre (1), anciens militaires (2), ainsi qu’une dizaine d’autres représentants des organisations de commerçants et du secteur informel…Le troisième organe de transition est en ordre de marche et a pu designer son président, élu parmi trois candidats. En effet, quatre candidatures ont été enregistrées au départ. Il s’agit de celles de Zarata Zoungrana, Arouna Louré, Moumouni Dialla, tous trois issus des Organisations de la société civile (OSC), et de Aboubacar Toguyéni issu, quant à lui, des personnalités désignées par le chef de l’Etat. Le professeur titulaire en sciences halieutiques de 58 ans aura à travailler avec une équipe composite pour voter les lois, contrôler l’action gouvernementale et consentir l’impôt, comme stipulé dans la mission du Député. Et c’est en homme averti qu’il a pris place au perchoir, sur invitation du président de séance. Après ses mots de reconnaissance à ses collègues qui l’y ont placé, à travers leurs votes, il a enclenché la mise en place du comité ad hoc qui sera chargé de la rédaction du règlement intérieur, préalable à l’installation des organes de l’ALT. Un comité de dix membres comme prescrit par la charte de la Transition qui devra travailler d’arrache-pied pour proposer ses résultats dans un délai d’une semaine. Une célérité qui ne surprend pas, car il faut agir vite pour s’attaquer aux nombreuses urgences, notamment les crises sécuritaire et humanitaire sans précédent que traverse le pays. Une des questions, hautement importantes à trancher à présent est celle relative aux émoluments des membres de l’ALT.
Selon la Charte, « un décret du Président du Faso fixera les émoluments et indemnités dus aux membres de l’Assemblée législative de Transition ». Cela ne saurait trainer, d’autant plus que des propositions existent déjà dans ce sens. Par ailleurs, étant donné que l’expérience se forge sur les erreurs, on peut croire que l’ALT saura tirer leçon du Conseil national de la Transition (CNT) mis en place à la chute de l’ex-président Blaise Compaoré en 2014. Cette fois-ci, le mandat du législatif est assez long, comparativement à celui de 2014 qui n’a duré qu’une année. Les représentants du peuple disposent donc de plus de temps pour murir la réflexion et poser des actes qui leur survivront. Cette prise de fonction de l’ALT vient consolider le processus de mise en place des organes de la Transition amorcée depuis quelques semaines en attendant le dernier organe, le Conseil d’orientation et de suivi de la Transition. En tous les cas, l’essentiel est là pour un fonctionnement normal des institutions, donc pour une relance de la marche du pays.
La Rédaction
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