Pour cette première conférence de presse depuis sa perte du pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a également misé sur la mobilisation de ses partisans. Ce décor populaire, de ce qui devait être un face-à-face de la direction politique avec la presse, a rendu la tâche difficile aux journalistes, dont l’un a même essuyé des propos désobligeants de militants pour avoir interpellé les conférenciers sur le constat de la contrainte.
Pour cette première sortie du désormais ex-parti au pouvoir, et au regard de l’actualité, les journalistes se sont massivement mobilisés au siège national du parti.
Forte mobilisation des professionnels de l’information, mais aussi et surtout des partisans. Ce qui n’a pas été facile sous ce hangar réservé à la cause et d’où se tiennent les conférences du parti. Inutile de décrire donc le décor qui ne donne plus de marge de manœuvre aux cameramen, aux photographes et preneurs d’éléments sonores.
En plus des applaudissements fréquemment adressés aux conférenciers, ces « militants » ne se réservent pas de manifester leur hostilité aux journalistes, selon qu’ils jugent une question difficile, titillante ou pas pertinente à leur entendement. Et c’est sur ces entrefaites qu’un confrère interpelle, une fois de plus, les conférenciers sur la nécessité de tenir compte désormais du format conférence de presse pour permettre aux journalistes de travailler dans un minimum de conditions requises. Une situation que la direction politique (les conférenciers) a justifiée par le besoin symbolique de remobilisation…, en cette période difficile pour le parti.
Qu’à cela ne tienne, et comme si cela ne suffisait pas, des militants trouvent l’intervention du confrère mal à propos. Certains pestent, menacent et lancent des propos injurieux.
Malheureusement, cette situation de conférences de presse aux allures d’assemblées générales ou de meetings n’est pas un cas isolé, pour le MPP et pour tous les partis dits grands. La même observation a été faite, il n’y a pas longtemps, notamment au CDP (où le phénomène est aussi récurrent) et à nombre de partis politiques de premier plan.
Hélas, la pratique a la peau dure. Pourtant, c’est une situation qui ne rend pas service aux directions politiques, car c’est la qualité même de leurs sorties qui en pâtit (mauvaise qualité des images, mots et expressions parfois insaisissables, etc.).
Si les directions politiques ne peuvent se passer de mobilisations, dans leur face-à-face avec les médias (cela peut se comprendre pour les enjeux politiques), elles doivent néanmoins limiter la participation à de telles activités à l’élite militante de leur parti et dans une proportion acceptable.
Cela sera bénéfique à tout le monde, à commencer par eux-mêmes, responsables politiques, aux lecteurs, téléspectateurs et auditeurs par la qualité des images et rendus.
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
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