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Burkina/Politique : Abdoulaye Mossé sur sa lancée

L’actualité politique nationale de ce week-end, 2-3 avril 2022, sera sans doute dominée par la constitution du nouveau parti du désormais ancien secrétaire chargé des relations avec les mouvements associatifs du MPP, Abdoulaye Mossé. Depuis quelques jours, ce sont de gros moyens qui sont déployés pour le lancement de cette nouvelle organisation politique qui se veut un brassage de personnel venant de tous les bords. Mais à la veille de cette assemblée générale constitutive, des interrogations se font entendre…

C’est la suite de l’actualité politique de ces dernières semaines, marquée par la vague de départs de l’ancien parti au pouvoir (le MPP), quelques semaines après sa perte du pouvoir. Depuis l’annonce de leur départ, les dissidents ont pris d’assaut le terrain, en multipliant les rencontres de mobilisation à travers le pays. « Il y a un grand travail qu’on a fait, tout le territoire est déjà pris », décrit un des membres.

Fort de ses positions de responsable chargé de la jeune du MPP, puis de chargé des mouvements associatifs et ce, après avoir occupé des responsabilités au sein du CDP (d’où il a démissionné en 2014), Abdoulaye Mossé a donc un avantage, qui est cet acquis antérieurement engrangé. C’est dans un esprit d’efficacité dans la discrétion, que s’est préparée l’assemblée générale constitutive de ce samedi 2 avril 2022.

« Même les rencontres que nous avons jusque-là tenues, c’est dans la plus grande discrétion. Lors des réunions, il y a des dispositifs que nous mettons en place pour veiller à ce qu’on ne filme ou n’enregistre ce qui se dit. Dès que quelqu’un est aperçu avec un téléphone dans une position suspecte, les éléments commis à la veille font effacer l’enregistrement. On n’est pas dupe, on sait que dans ce genre de situations, il y a toujours des infiltrés », explique une source interne au comité national d’organisation de l’assemblée générale constitutive.

Pour le lancement, on veut faire le plein du Palais des sports (environ 4 600 places )… « Comme Mossé (Abdoulaye) lui-même était le patron du MAVO (Mouvement des associations de la ville de Ouagadougou), la mobilisation est très facile. Pour cette assemblée générale, nous avons confié à chaque arrondissement, la mobilisation de 300 personnes. Il y a également un quota pour les cinq communes rurales de la région du Centre. Notre objectif, c’est de remplir le Palais des sports. Et nous sommes sûrs de le faire, parce qu’on sait comment faire, on n’échoue jamais. Nous avons mis les moyens financiers qu’il faut pour cela. De 200 responsables d’associations conviés jeudi (31 mars, ndlr), on se retrouve en cette veille avec plus de 500 responsables d’associations. Ils sont venus volontiers pour se proposer de mobiliser », se réjouit une autre source de l’organisation.

Mais, si la mobilisation pour la mise sur rails de cette locomotive politique se passe comme sur des roulettes, la configuration de cette organisation politique à venir fait déjà des grincements de dents. Ceux qui émettent cette inquiétude partent du fait qu’en de pareils cas, la composition du comité national d’organisation reflète, à des détails près, l’organe dirigeant du parti à créer. Si fait que la composition de la structure d’organisation de l’assemblée générale constitutive (voir au bas de page) fait l’objet d’attention particulière. « Malheureusement, il y a une division de super-hommes, ils n’ont pas tiré leçons de ce qui s’est passé avec la création du MPP. Les 46 personnes qui ont démissionné se considèrent déjà comme les leaders naturels du parti à naître, comme des super-hommes. Ce qui pose déjà problème, parce que ce n’est pas un bon esprit, et certains d’entre eux sont en difficultés dans leur milieu », révèle-t-on.

Outre ce problème ‘’congénital », la source semble vivre avec du scepticisme. Elle fonde sa crainte sur des éléments précis : « La principale inquiétude aujourd’hui à notre sein, c’est l’attitude du MPP et du CDP. Si ces partis (peu importe l’aile du CDP) se mettent ensemble, ça ne va pas être bon pour notre nouveau parti. La deuxième hypothèse, c’est le sort même de la transition, il faut compter avec tout ce qui peut arriver au cours de cette période d’exception. En plus de tout cela, il faut tenir compte du fait que le MPP est en train de se réorganiser, des rencontres se tiennent actuellement pour cela. Si ceux qui sont restés au MPP se réorganisent sérieusement, avec les personnes qui y sont, telles que Salifo Tiemtoré (2ème vice-président chargé des relations extérieures, ndlr), Marchal Laurence Ilboudo (3ème vice-président chargé de la politique du genre, ndlr) …, ça peut nous causer des soucis. Or, notre objectif est clair : accéder au pouvoir dès la fin de la transition avec le candidat du parti ».

Selon les interlocuteurs, des interrogations existent donc aujourd’hui dans les rangs. « Il y a des gens qui sont partis du MPP ou qui sont en attente de démissionner, mais hésitent de s’engager pour le moment. Trop de choses sont pour le moment gardées en secret. (…). Un des principaux problèmes de ce parti (en gestation, ndlr), c’est la gourmandise. Des gens se disent que ça ne va pas marcher, donc il faut bouffer vite », se confie-t-on dans le comité d’organisation.

L’ambiance politique est aujourd’hui faite de piques entre anciens camarades d’hier du MPP (un coup sur d’oeil sur certaines pages Facebook de certains d’entre eux montre bien l’esprit qui prévaut). Aussi, l’on annonce, pour incessamment, une « longue liste » de démissionnaires à venir du MPP et d’autres partis politiques pour renforcer ce nouveau parti politique, dont Abdoulaye Mossé se présente comme le métronome. Au-delà de cet aspect, c’est une recomposition même du paysage politique qui semble s’enclencher, des bruits de bottes persistent…, et des surprises, il y en aura.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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