Ce n’était donc pas un poisson d’avril : le président du Faso, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba s’est bel et bien adressé à la nation ce soir 1er avril sur les antennes de la télévision nationale, peu après le journal de 20 heures.
Un discours dans lequel il a rappeler l’engrangement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) à vaincre le terrorisme et à ramener la paix.
Voici en intégralité le discours du président Damiba en attendant d’y revenir.
DISCOURS DE MONSIEUR LE PRESIDENT DU FASO,
CHEF DE L’ETAT
Chers compatriotes
Burkinabè de l’intérieur et de la diaspora
Voici plus de deux mois (02) que notre pays a entamé sa marche résolue vers la refondation. Nombre de nos concitoyens ont pu interpréter cette période comme un temps de latence ou même comme une déviation de nos objectifs et engagements originels. Je comprends ces opinions qui sont la preuve que les attentes de nos concitoyens sont particulièrement fortes.
Je voudrais cependant rassurer l’ensemble des Burkinabè que jamais nous ne trahirons la cause pour laquelle nous nous sommes engagés.
Ce qui est en jeu est beaucoup plus important que nos petites personnes.
Nos motivations, nos convictions et nos idéaux n’ont pas régressé. Mieux, ils se sont décuplés. Il est important de comprendre que cette étape était incontournable parce que la préparation d’une mission est aussi importante que l’exécution de la mission elle-même.
Peuple du Burkina Faso
Il était absolument nécessaire, au cours de ces deux (02) mois écoulés, d’asseoir un minimum de cohérence interne de l’administration centrale, tout comme il était capital de rassembler les Burkinabè autour d’organes et d’instances consensuels pour faire de l’œuvre de refondation une construction collective. C’est dans ce sens que se sont tenues les Assises nationales qui ont abouti à l’adoption d’une Charte de la Transition, d’une Charte des valeurs et d’un agenda de la Transition.
L’installation de l’Assemblée Législative de Transition et la mise en place d’un gouvernement était un pan important de ce processus.
La durée de la Transition, décidée de façon consensuelle par l’ensemble des Forces vives de notre Nation, tient compte d’une réalité qui est la seule vraie préoccupation du peuple Burkinabè actuellement à savoir la situation sécuritaire.
Plus vite nous arriverons à juguler cette situation et plus vite nous amorcerons un retour à un ordre constitutionnel normal.
Chers compatriotes
Une nouvelle gouvernance s’ouvre avec une équipe composée de femmes et d’hommes appelés à servir et non à se servir.
Je m’adresse à tous les Burkinabè : femmes, hommes, jeunes, scolaires, notables de tout milieu, de tout âge, de toutes régions de notre chère patrie, pour vous traduire mon engagement, ma détermination à respecter et à faire respecter l’esprit et la lettre de la Charte de la Transition. Cette Charte qui engage les premiers responsables de l’Etat, est aussi un socle de valeurs sur lequel nous devons fonder une nouvelle façon de vivre ensemble. Elle nous oblige tous à envisager l’avenir dans le respect des libertés individuelles et collectives, dans le respect de l’intérêt général, dans la prise en compte de toutes les catégories socioprofessionnelles de notre pays.
C’est pourquoi, j’invite les partenaires du Burkina Faso et la communauté internationale à accompagner et à soutenir le peuple burkinabè dans sa lutte contre le terrorisme afin que soient réunies le plus rapidement possible les conditions d’organisation d’élections libres, transparentes et sécurisées.
Aucune fixation ne doit être faite sur la durée retenue pour la Transition parce qu’elle pourrait être révisée si la situation sécuritaire s’améliorait dans les mois à venir dans les zones à forts défis sécuritaires.
Chers compatriotes
La sécurité est le premier objectif de nos actions et restera notre combat de tous les jours pour un retour de la paix et de la stabilité. Notre détermination dans ce combat contre l’insécurité et le terrorisme est indéfectible.
Les opérations de sécurisation en cours avec la réorganisation de nos forces de défense et de sécurité promettent de meilleurs résultats avec le concours de toutes les forces vives des localités et des régions.
C’est pourquoi j’adresse à l’ensemble de nos Forces de Défense et de Sécurité et aux Volontaires pour la Défense de la Patrie qui poursuivent inlassablement et courageusement leur mission de sécurisation, tous mes encouragements.
Même s’il nous arrive de prendre des coups comme cela a été le cas encore récemment, les coups que nous portons et porterons en retour à l’ennemi seront plus redoutables. C’est la raison pour laquelle nous devons résolument porter notre action vers une marche en avant pour combattre et reprendre le terrain.
Conscient des difficultés que rencontrent nos Hommes sur le terrain, j’ai donné instruction pour la mise en route d’importants projets d’équipements dans différents secteurs afin de renforcer davantage les capacités opérationnelles des Forces engagées.
La recrudescence des attaques terroristes ces derniers temps ne peut pas et ne doit pas être lue comme le signe de l’inaction ou de l’inefficacité de ce que nous sommes en train de déployer sur le terrain.
Si l’impatience des Burkinabè est légitime, elle ne doit pas se convertir en doute, ni en peur parce que notre stratégie pour recouvrer l’intégralité de notre territoire ne souffre d’aucune imprécision.
Les premières actions pour agir directement sur les facteurs du terrorisme dans notre pays sont déjà en cours. Il s’agit d’une combinaison d’actions civiles et d’actions militaires qui vont mobiliser et impliquer des acteurs importants de la vie de nos communautés.
Le but est d’aménager des passerelles pour permettre à ceux qui par naïveté, par appât du gain, par contrainte ou par désir de vengeance, ont été entraînés dans une spirale extrémiste qui ne leur procurera ni le salut, ni la gloire des héros.
Comme nous l’enseignent nos traditions ainsi que les Saintes Ecritures, seuls les justes et ceux qui se battent pour des causes nobles peuvent prétendre au salut éternel.
Je formule le vœu que nos frères qui se sont perdus entendent et comprennent le sens et la portée de ce message. Aucune raison n’est suffisante pour justifier le fait que des fils ou des filles de la Terre de nos ancêtres perdurent dans des logiques de violence qui risquent de provoquer l’effondrement du pays.
La stabilisation du Faso ne passera pas seulement par des combats. Il nous faut surtout réapprendre à vivre ensemble dans la tolérance, l’acceptation de nos différences culturelles, communautaires, ethniques et religieuses.
Burkinabè des villes et des campagnes
Ces temps de guerre nous imposent des sacrifices qu’il nous faut assumer collectivement.
Pour créer les conditions d’un engagement total de tous autour de l’essentiel qui est de recouvrer l’intégrité de notre territoire, en plus des mesures déjà en cours, j’ai décidé :
Premièrement, de la création de Comités Locaux de Dialogue pour la Restauration de la Paix, dont la mission est d’initier des approches avec les membres des Groupes en rupture de dialogue avec la Nation.
Deuxièmement, de l’interdiction formelle aux populations civiles de résider ou de mener des activités dans certaines zones d’opérations militaires ;
Troisièmement, de la restriction des manifestations à caractère politique ou associatif de nature à perturber l’ordre public ou à mobiliser des forces de sécurité dont la contribution serait plus opportune au front ;
Quatrièmement, du démarrage effectif de l’opération des audits dans l’administration publique et dans les sociétés d’Etat. Les travaux d’audits ont d’ailleurs commencé ce jour 1er Avril 2022.
Et enfin, de l’organisation d’une journée de prière pour la paix et la réconciliation dans notre pays.
Mes chers compatriotes
Il n’est dans l’intérêt de personne de restreindre volontairement les libertés chèrement acquises par notre peuple. Certaines mesures déjà édictées et d’autres à venir susciteront probablement des grincements de dents. Mais c’est le prix à payer pour sortir notre pays de l’ornière.
Il me semble plus sage d’accepter de céder une petite partie de notre liberté aujourd’hui pour que nos enfants puissent en jouir pleinement demain plutôt que d’adopter une démarche individualiste ou partisane qui nous précipiterait collectivement dans l’abîme.
J’appelle une fois encore l’ensemble des Burkinabè, à faire preuve d’intelligence collective et à se mettre en ordre de bataille derrière les Forces de Défense et de Sécurité.
Plus d’une fois, notre Nation a démontré que rien ne peut lui résister si toutes ses filles et tous ses fils mettent leurs forces ensemble.
Que chacun, dans son domaine de compétence, d’action et d’influence, oriente ses efforts vers le seul combat qui vaille aujourd’hui à savoir la survie de notre Nation.
Je suis fier de notre peuple, confiant dans ses capacités à vaincre l’adversité, d’où qu’elle vienne, confiant dans le sursaut salvateur que j’attends de toutes et de tous pour un avenir radieux.
Je voudrais vous donner l’assurance, que le navire Burkina Faso, ira à bon port avec le soutien et l’abnégation de tous, pour la restauration de la sécurité, de la paix et de la stabilité dans une gouvernance vertueuse et apaisée.
Sur ce, je vous donne rendez-vous dans cinq (05) mois pour un premier bilan de la mission de reconquête de notre territoire.
Vive le Burkina Faso !
La Patrie ou la mort, nous vaincrons.
Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba
Président du Faso