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Politique : le président Damiba annonce cinq (5) mesures pour lutter contre les terroristes.

Le président du Faso, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba s’est adressé hier soir à ses compatriotes dans un message diffusé sur les antennes de la télévision nationale, peu après le JT de 20 heures.

Un message qui vise à rassurer les Burkinabè que l’équipe qu’il conduit poursuit l’objectif majeur qui a justifié la prise du pouvoir par les armes le 24 janvier 2022, à savoir, la restauration de l’intégrité du territoire aujourd’hui occupé en partie par des groupes terroristes, le retour de la paix et la cohésion sociale alors que les assassinats, destructions de biens, enlèvements qui rythment le quotidien des Burkinabè depuis plusieurs années ont mis à rude épreuve le vivre-ensemble.
Le message intervient aussi en pleine polémique sur la pertinence et la justesse ou pas du maintien de l’ex président Roch Marc Christian Kaboré en résidence surveillée.
Une bonne partie de l’opinion burkinabè, d’organisations des droits de l’homme et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) réclament la libération pure et simple, sans délais et sans conditions du président Kaboré.
Une délégation de cette organisation régionale ouest-africaine conduite par le président de la commission l’ivoirien Jean-Claude Brou est d’ailleurs arrivée hier dans notre pays pour s’entretenir avec les dirigeants sur plusieurs points liés à la Transition. Mais sur la libération du président Kaboré, le message d’hier du président Damiba est assurément une déception : pas un mot à l’endroit de ceux qui réclament son élargissement, comme pour dire que le sujet n’est pas une priorité du MPSR et que si une décision devait être prise sur ce point, elle le sera en toute liberté, sans pression et au moment souverainement choisi.
Le président Damiba a d’ailleurs invité  » les partenaires du Burkina Faso et la communauté internationale à accompagner et à soutenir le peuple burkinabè dans sa lutte contre le terrorisme afin que soient réunies le plus rapidement possible les conditions d’organisation d’élections libres, transparentes et sécurisées ». Une réponse à la CEDEAO qui n’apprécie que très modérément la durée de la Transition fixée à trois ans. Sur ce point, le président Damiba laisse la porte ouverte : « Aucune fixation ne doit être faite sur la durée retenue pour la Transition parce qu’elle pourrait être révisée si la situation sécuritaire s’améliorait dans les mois à venir dans les zones à forts défis sécuritaires », a t-il déclaré. La CEDEAO ne devrait pas tarder à faire connaitre sa position définitive sur ce point, mais il est fort peu probable qu’elle s’écarte de la durée prévue par les textes communautaires qui est de 18 mois maximum.
Si les Burkinabè ont réservé un accueil bienveillant au coup d’Etat du 24 janvier, c’est en raison de la situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader depuis des années. Les nouvelles autorités sont conscientes qu’elles sont attendues au tournant : sans résultats probants dans un délai raisonnable, c’est à dire le retour des déplacés internes chez eux ainsi que de l’administration dans les zones occupées, la légitimité du MPSR risque d’être remise en cause. « Si l’impatience des Burkinabè est légitime, elle ne doit pas se convertir en doute, ni en peur parce que notre stratégie pour recouvrer l’intégralité de notre territoire ne souffre d’aucune imprécision », a tenté de rassurer le président Damiba.
On ne cesse de le dire, la guerre se gagne sur les champs de bataille, avec les armes, mais aussi sans les armes, dans les esprits par la négociation.
Alors que le président Kaboré avait exclu tout dialogue avec ceux qui tuent et violent, son successeur a choisi d’explorer la voie de la concertation, de la discussion avec ceux qui ont pris les armes contre leur pays. Car, faut-il le rappeler, ceux qui nous attaquent ne sont pas tous des étranger, mais beaucoup d’entre eux sont des compatriotes en rupture de ban avec leur pays. Le président du Faso souhaite donc aménager  » des passerelles pour permettre à ceux qui par naïveté, par appât du gain, par contrainte ou par désir de vengeance, ont été entraînés dans une spirale extrémiste qui ne leur procurera ni le salut, ni la gloire des héros ».
D’où la création bientôt « de Comités Locaux de Dialogue pour la Restauration de la Paix, dont la mission est d’initier des approches avec les membres des Groupes en rupture de dialogue avec la Nation », une des cinq mesures phares annoncées par le président dans son discours, l’autre mesure étant « l’interdiction formelle aux populations civiles de résider ou de mener des activités dans certaines zones d’opérations militaires ».
La troisièmement, de nature purement politique et qui va sans doute susciter des inquiétudes quand au respect des dispositions constitutionnelles sur les libertés publiques, porte sur « la restriction des manifestations à caractère politique ou associatif de nature à perturber l’ordre public ou à mobiliser des forces de sécurité dont la contribution serait plus opportune au front ».
Autrement dit, les marches-meetings sur la voie publique seront limitées, sans que l’on sache pour l’instant les limites qui seront imposées à ce droit garanti par la constitution et les engagements internationaux auxquels notre pays a souscrits.

Déjà annoncé, l’opération des audits dans l’administration publique et dans les sociétés d’Etat est maintenant lancée depuis hier 1er avril selon le président. Les résultats permettront de lutter contre la mauvaise gouvernance et de punir ceux qui ont pris des libertés dans le respect de la loi en matière de gestion des entreprises publiques. Enfin, dernière mesure décidée par le président Damiba, « l’organisation d’une journée de prière pour la paix et la réconciliation dans notre pays ». Cette mesure préfigure t-elle le contenu de la feuille de route qui sera celle du ministère chargé des Affaires religieuses et coutumières ?
Aux sceptiques qui attendent toujours les résultats du MPSR dans la lutte contre les groupes terroristes, le président Damiba leur donne « rendez-vous dans cinq (05) mois pour un premier bilan de la mission de reconquête de notre territoire ».

Joachim Vokouma
Kaceto.net

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