Stéréospermum kunthianum Cham. var. kunthianum, de la famille des bignoniacées est appellee stéréospermum de Kunth, bâton de sorcier en français, nin-yilenga (qui donne des vertiges), vulga en mooré, anmil en lyele, tamedurust en tamasahq, danegobo en sonraï, mogojiri, mogokolo, so jirani en bambanan, et sumpurgo wirini, fumege en sénoufo, buambako, nikilenga, vulga en gulmantchema, ngolobi en fulfuldé, anmil, lele, tamedurust en tamashaq. Les graines (sperma en grec) ont la partie centrale dure (stereos en grec) et cylindrique, les extrémités seules sont ailées. Le nom de la plante est dédié au botaniste allemand Kunth (1788-1850) selon Berhaut (1974).
Description de la plante
Stereospermum kunthianum Cham. est originaire d’Afrique tropicale. Elle mesure généralement 3 à 15 mètres de haut avec une couronne légère et arrondie. Il atteint sa pleine hauteur dans les zones les plus humides de son aire de répartition, dépassant rarement 6 mètres dans les zones plus sèches. Le fût est rarement droit et a souvent des fourches et des branches tordues (photo 1). Les feuilles sont opposées et imparipennées et sont caduques. Elles possèdent trois à 6 paires de folioles ovales elliptiques à bords entiers ou crénelés-dentés, ovales à sommet pointu. Les rameaux sont gris clair avec lenticelles allongées. L’inflorescence en panicule terminale lâche atteint 25 cm de long. Les fleurs de couleur rose strié de pourpre ont des corolles en tube de 2,5 à 5cm de long avec 5 lobes frisés sur les bords. Les fleurs apparaissent en mars-avril (photo 2). Le fruit est une silique longue de 25 à 30 cm, ou davantage, large de 7 à 8 mm, tordue, contenant des graines plates ailées à chaque extrémité.
Utilisations de la plante
L’arbre est récolté dans la nature pour une utilisation locale comme aliment, médicament et source de bois.
Utilisations alimentaires et fourragères
Les fruits longs et frêles sont comestibles. Les feuilles sont consommées par le bétail (par chevaux, bœufs, moutons, chèvres (Malzi, 1954).
Utilisations médicinales
Les feuilles en macération sont recommandées en bains dans les cas d’asthénie et de fatigue générale. L’écorce du tronc est hémostatique et cicatrisante. On mâche l’écorce contre la dysenterie sanglante. En infusion, les écorces sont employées contre la blennorragie. La décoction tiède d’écorces est utilisée en lavages pour le traitement des plaies qui suppurent et des blessures: puis on fait une application du jus d’écorces fraîches pilées, ou on saupoudre la plaie d’écorces pilées et tamisées. La décoction d’écorces du tronc est utilisée en boisson dans les bronchites, les pneumonies. Les racines et les feuilles seraient actives dans les maladies sexuellement transmises. Dans les amygdalites, on fait bouillir la racine et on boit un litre par jour de cette décoction (Berhaut, 1974). Les décoctés aqueux à la dose de 25ml/kg, administrés par voie intra gastrique, présentent une significative activité analgésique et anti-inflammatoire dans le cas de dysménorrhée (règles difficiles et douloureuses). L’activité analgésique obtenue avec les feuilles de Stereospermum kunthiamum est une inhibition de 84 % selon Sanogo et al, (2006). Au Nigeria, l’arbre fournit des frotte-dents. L’écorce jeune est mâchée par les filles pour teindre leurs lèvres en brun-rougeâtre, probablement pour imiter l’effet de la noix de cola, mâchée ou bien comme un remplacement de cette dernière; et cet usage est très largement répandu (Dalziel 1937). Les gousses sont mâchées avec du sel comme traitement contre la toux. Ils sont également utilisés dans le traitement des ulcères, de la lèpre, des éruptions cutanées et des maladies vénériennes. La décoction tiède d’écorces est utilisée en lavages pour le traitement des plaies qui suppurent et des blessures: puis on fait une application du jus d’écorces fraîches pilées, ou on saupoudre la plaie d’écorces pilées et tamisées. La décoction d’écorces du tronc est utilisée en boisson dans les bronchites, les pneumonies et les toux rebelles.
Dans les amygdalites, on fait bouillir la racine et on boit un litre par jour de cette décoction (Berhaut, 1974). Le bois, assez dur, peut servir à faire des mortiers, des poteaux fourchus. Au Nigeria, l’arbre fournit des frotte-dents. Par ailleurs, l’écorce jeune est mâchée par les filles pour teindre leurs lèvres en brun-rougeâtre, probablement pour imiter l’effet de la noix de cola, mâchée ou bien comme un remplacement de cette dernière; et cet usage est très largement répandu (Dalziel 1961 et 1937). Au Bénin, l’association de racines de Stéréospermum kunthianum Cham., de Annona senegalensis Pers. et de Trichilia emetica Vahl soigne les morsures de serpent selon Adjanohoun et al. (1989). Au Nord-Ouest de l’Ethiopie, les écorces de racines de Stéréospermum kunthianum sont utilisées en application locale contre les morsures de serpents et de scorpions (Mirutse, 2007). Au Tchad, Stéréospermum kunthianum Cham est utilisée en décoction, tous les jours pendant 3 jours pour soigner des maladies cardiovasculaires (Nguemo Dongock et al., 2018). L’activité anti plasmodiale, contre le paludisme, des naphthoquinones et de l’anthraquinone issues de l’extraction lipophilique des écorces de racines de Stereospermum kunthianum, a aussi été rapportée par Onegi et al (2002).
Utilisations magico-religieuses
Dans certaines régions d’Afrique, le bois est considéré comme un mauvais présage. Les fumées sont considérées comme toxiques par la population locale et la source de mauvais sentiments dans le ménage. En effet au Burkina Faso, le bois de Stereospermum kunthianum transporté dans une concession est source de malheurs aux dires des enquêtés chez les Mossé. C’est ce qui explique bien son appellation «Widig-zaka» (destructeur de famille) ou «Nin-yilinga» (qui donne des vertiges, hallucinations) ou encore «Yiiga» (vision flou). C’est pourquoi dans cette ethnie du Plateau central, le bois de l’espèce n’est pas transporté à la maison, à plus forte raison utilisé comme bois de chauffe. C’est aussi pourquoi la plante est préservée des coupes du fait que son bois est considéré comme destructeur de familles pour certains Mossé. Selon certaines personnes, la fumée issue de la combustion du bois de cette espèce provoque des hallucinations. Pour d’autres, les feuilles de l’espèce seraient également susceptibles de provoquer des hallucinations d’où son appellation Ninyilinga (vertige). C’est également pour cette même raison que plusieurs personnes défendent aux membres de leurs familles de s’assoir à l’ombre de cette plante (Savadogo et al, 2017). Par contre au Nord Cameroun, on prête également à cette plante des pouvoirs magiques. Ainsi, une branche plantée dans l’entrée d’une concession ferait venir visiteurs et amis ; l’écorce d’un arbre isolé permettrait de se débarrasser d’une femme ; les fruits montés en ceinture éloigneraient les maladies (Malzy, 1954)
Autres utilisations
L’écorce mâchée tache les lèvres en rouge-brun et est utilisée comme cosmétique. Le bois est blanchâtre avec une coloration jaune ou rose. Il a une texture moyenne à grossière, est moyennement dur, solide et moyennement durable. Il est utilisé pour les meubles, les étagères, la fabrication de modèles, les manches d’outils et d’outils, les poteaux, les ustensiles, les crosses, les mortiers et les plateaux et peut servir à faire des mortiers et des poteaux fourchus. Le bois est utilisé comme combustible ou pour fabriquer un charbon de bois de mauvaise qualité qui se désintègre directement en cendres (Fern, 2021).
Culture
Les graines sont difficiles à obtenir, mais lorsqu’elles sont intactes, elles germent facilement sans prétraitement. Les plantules germées sont plantées après environ 4 semaines. La reproduction peut se faire également par les drageons de racines (von Maydel, 1983). L’arbre est souvent cultivé comme plante ornementale, les fleurs abondantes, parfumées, roses ou violacées sont produites pendant la saison sèche lorsque l’arbre est sans feuilles, ce qui en fait une caractéristique spectaculaire.
Conclusion
Malgré sa beauté avec son port dressé, sa robe jaune verdâtre et ses belles fleurs violettes en saison sèche, la plante est repoussée comme plante d’habitation chez les Mossé. Ainsi, elle est généralement située en dehors de concessions pour être admirée de loin.
Par Souleymane GANABA,
CNRST/INERA, Département Environnement
et Forêts, BP 7047 Ouagadougou 03, Burkina Faso,
email : ganabasouley@gmail.com
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