Après plusieurs décennies de lutte, la pratique de l’excision a pris du recul au Burkina Faso. Les avancées dans le domaine sont notables, mais le phénomène perdure. Il est entretenu, aujourd’hui, par des auteurs exerçant dans la clandestinité. Dans le Zoundwéogo, région du Centre-Sud, on trouve ces hors-la-loi qui continuent de manier leurs lames nuisibles au droit et à la santé des femmes et des filles.
L’ambiance est lourde, à l’entame des débats sur la seconde affaire du procès de ce mercredi 13 janvier 2022, dans la salle d’audience du Tribunal de grande instance (TGI) de Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo et de la région du Centre-Sud. La présence des familles, silencieuse et pressante, alourdit la charge émotive.
Le président de la Cour, d’un air impassible, présente les faits reprochés aux accusées, cinq femmes dont deux quinquagénaires et trois octogénaires. Elles sont poursuivies pour infraction portant sur un cas d’excision, à Sidtenga, dans la commune de Béré, en décembre 2021. Les victimes sont quatre filles dont l’âge est compris entre 4 et 12 ans.
Pour la secrétaire exécutive de AZLY, Aimée Yaméogo, le renforcement des actions de sensibilisation va contribuer à réduire la pratique clandestine de l’excision (crédit photo: BAKALA Edith).
La mutilation opérée au niveau de leur appareil génital a consisté à l’ablation du clitoris, encore appelée clitoridectomie en milieu scientifique. Il s’agit du type 1, le plus répandu au Burkina Faso, selon la classification du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE). Le type 2 concerne, lui, la coupure du clitoris et des petites lèvres. Le type 3 : la coupure du clitoris, des petites et des grandes lèvres. Le type 4 : les autres formes de Mutilations génitales féminines (MGF) non classées, regroupant, entre autres, l’insensibilisation, la piqûre, l’allongement ou l’étirement.
Une vingtaine de jours environ après leur supplice, la vie des quatre infortunées est hors de danger. Elles ont échappé au pire, contrairement à cette autre fillette de la Boucle du Mouhoun qui a rendu l’âme à la suite d’une hémorragie post opératoire, évoqué par le quotidien Sidwaya dans son numéro du 23 mars 2022.
Pour le substitut du procureur du Faso près le TGI de Manga, Ali Tarpaga, l’état actuel « rassurant » des quatre « suppliciées » de Sidtenga ne change rien à la gravité de l’affaire. « L’excision est une infraction qui est réprimée par la loi parce qu’elle porte atteinte aux droits et à la santé de la femme », confie le juge. Il ne cache d’ailleurs pas sa satisfaction de voir le dossier porté au tribunal. La raison est que les auteures et leurs complices ont agi dans la clandestinité, donc conscientes de l’infraction à la loi.
Mais face aux juges, la première des intervenantes, l’exciseuse, feint d’ignorer l’interdiction de la pratique avant de se raviser. Sur le banc des accusés, les dos ployés et les regards régulièrement fixés au sol, les réponses des quatre présumées innocentes durant l’interrogatoire du tribunal ont tourné surtout à des excuses, chaque prise de parole s’achevant par : « nous demandons seulement pardon ».
Au verdict final, l’exciseuse se verra infligé la même peine que la génitrice des filles soit 12 mois de prison dont six fermes et une amende de 500 000 francs CFA assortie de sursis. Les trois autres femmes poursuivies pour complicité écoperont, elles, de 500 000 francs CFA d’amende avec sursis et de douze mois de prison dont trois fermes pour une d’entre elles et deux fermes pour les autres.
Les peines infligées à Azèta et ses complices par la cour visent à donner l’exemple (photo d’illustration)
Quand l’exciseuse accepte de se confier à nous, au sein de la maison d’arrêt et de correction de Manga, le 10 mars 2022, elle insiste pour garder l’anonymat. De stature moyenne, le visage marqué par les premières rides de l’âge, Azèta (nom d’emprunt) ne s’accommode toujours pas à son nouvel environnement. Ses rapports avec ses geôliers sont emprunts d’amabilité, assure-t-elle, mais le train-train, l’espace de circulation réduit entre quatre murs, les insomnies répétitives et la séparation d’avec les siens lui pèsent sur le moral.
Dans sa cellule, la quinquagénaire partage son quotidien avec la mère des excisées, les trois autres complices ayant déjà purgé leur peine d’emprisonnement ferme. Avec une pointe de regret et toujours fidèle à son aveu devant les jurés, elle soutient n’avoir réalisé dans sa vie que deux opérations d’excision. La première était sur sa fille, aujourd’hui en couple dans un pays voisin, et la seconde celle de décembre 2021 qui l’a conduite en détention.
Un mal à la peau dure
Malgré l’âge avancé de Azèta et ses complices, le procureur a appliqué la loi et n’a pas opté pour une relaxe dans le traitement de leur cas. Et ce n’est pas fortuit s’il a décidé d’avoir la main ferme. « C’est pour dissuader les autres qui sont sur place. Les rumeurs nous parviennent qu’il y a des cas d’excision, surtout dans la zone de Béré où la pratique a la peau dure. Mais dès que la police judiciaire se lance dans l’enquête les auteurs disparaissent. Vous n’allez pas savoir qui a été excisée ni qui l’a excisée », précise le substitut du procureur, Ali Tarpaga.
Le commissaire de police du District de Béré, Yves Ouédraogo, est aussi formel sur la persistance de la pratique de l’excision dans la localité. Travailleur acharné et à cheval sur la loi et les règlements, selon sa hiérarchie, c’est à lui et ses hommes que la justice doit l’arrestation de Azèta et ses quatre complices. Une opération savamment menée après une dénonciation anonyme et qui lui a valu les félicitations des premiers responsables régionaux de son service.
Mais dans ses tiroirs, des dossiers similaires sont en instance. Il compte bien les conduire également à terme. L’un d’eux ne pêche pas de petits « poissons » comme pour sa récente prise mais une « baleine », selon ses termes. Il n’en dira pas plus sur la question, préférant miser sur l’effet de surprise pour accomplir sa mission.
Au Zoundwéogo, Béré n’est pas la seule à abriter ces hors-la-loi parmi les sept communes qui composent la province. Bindé, Guiba, Gogo, Manga, Nobéré et Gon-Boussougou cachent tous leurs lots d’exciseuses qui opèrent de temps à autre quand les conditions leur permettent d’agir incognito.
En saison hivernale 2021, une affaire concernant une dizaine de filles excisées dans la clandestinité, à Nobéré, a fini par être révélée au grand jour, conduisant à l’arrestation des auteurs et des complices. En 2020, la police judiciaire de Manga a manqué également de peu de mettre la main sur des présumés auteurs d’excision.
« C’était une petite fille qui avait été admise au Centre médical de Manga et qui portait des stigmates d’une récente excision. Mais le temps de se lancer à la trousse des auteurs, les parents sont venus faire sortir l’enfant en cachette et le dossier n’a pas pu être instruit », confie le substitut du procureur, Ali Tarpaga.
Le substitut du procureur près le TGI de Manga, Ali Tarpaga, souhaite que les Officiers de police judiciaire soient plus outillés pour mieux faire face à la pratique de l’excision (crédit Photo : ZANGO Mamady).
Les intermèdes durant lesquels les auteurs d’excision passent en actions au noir sont même connus de certains acteurs de lutte. La manœuvre est subtile de sorte à se donner plus de chance de réussite. Il s’agit principalement des périodes de congés scolaires et en saison hivernale pendant la montaison des cultures, explique la secrétaire exécutive de l’Association Zak La Yilgemdé (AZLY), Aimée Yaméogo.
« C’est durant ces périodes qu’on excise les enfants, souvent en pleine brousse de sorte que même leurs pleurs n’alertent pas. Pour les élèves, les plaies se cicatrisent généralement avant la reprise des cours donc les gens ne courent pas le risque d’être démasqués si les enfants obéissent à leurs injonctions de ne pas parler », détaille Mme Yaméogo dont la structure, créée depuis 2009, s’illustre dans le combat contre les MGF et pour le bien-être des enfants au niveau local.
Avec autant d’astuces, les auteurs et complices d’excision garantissent leur anonymat, rendant difficiles leur identification et leur arrestation par la police judiciaire. La chance ne nous sourira pas non plus quand nous nous lançons aussi en quête d’entretiens avec les praticiennes, dans le cadre du présent travail.
« Comme les gens sont conscients que la pratique est passible de condamnation, ils n’acceptent pas se déclarer. C’est tout à fait compréhensible », souligne, amusée, la première responsable de AZLY après que nous lui avons fait part de nos déboires.
Du faux et sans fondements
Nos efforts, finalement, ne seront pas vains. Avec la nonagénaire Billa Yerbanga du village de Nongrin, dans la commune de Gogo, à une dizaine de kilomètres de Manga, nous aurons des bribes d’informations sur les motivations des exciseuses « récalcitrantes ».
Toujours alerte pour son âge et arborant régulièrement le sourire, elle atteste avoir été l’exciseuse attitrée de sa bourgade durant plusieurs décennies. Mais avant d’engager la conversation, la veille Billa a tenu à lever tout équivoque : « J’ai suivi une formation initiée par AZLY sur les dangers de l’excision, il y a quelques années, et depuis cet instant j’ai arrêté de le faire. L’année dernière, on m’a même proposé un vélo et de l’argent en récompense mais j’ai refusé catégoriquement ».
Avant d’être avertie des revers de l’excision qui l’ont incitée à ranger ses outils, la vieille Billa pensait agir pour la bonne cause. « On disait que l’excision facilitait l’accouchement et évitait les maladies », soutient l’ex-exciseuse. En termes de gains, ses opérations lui rapportaient aussi entre 2 000 francs CFA et 3 000 francs CFA par fille excisée, c’est selon la bourse du demandeur. Une rétribution qui lui garantissait régulièrement quelques sous dans son gousset.
« Aujourd’hui, moi j’ai arrêté mais il y a des gens qui continuent à pratiquer l’excision pour ces mêmes raisons », fait-elle savoir. Et elle est loin d’avoir tort. Pour la première opération d’excision réalisée par Azèta, il s’agissait, soutient-elle, de donner la propreté et la santé à son enfant.
« Quand ma fille était petite, elle souffrait de démangeaisons chroniques au niveau du sexe et c’est pour cela que je l’ai l’excisée », explique-t-elle. La génitrice des dernières victimes de Azèta, confie aussi qu’elle était animée de la même volonté quand elle a insisté pour les exciser contre la somme de 2000 francs CFA chacune.
« On m’a rassurée qu’avec l’excision, ma petite fille de quatre ans n’allait plus se gratter le sexe. Elle avait ce mal durant des mois et j’ai essayé plusieurs soins, je suis même allée dans une formation sanitaire sans avoir gain de cause. Mais pour les trois plus grandes, je voulais éviter que plus tard, elles n’aient le même problème », confesse-t-elle. Jusqu’à son arrestation, elle croyait encore aux vertus curatives de l’excision, surtout après qu’on lui a présenté les « responsables des démangeaisons qu’on venait de couper au niveau du sexe de l’enfant ».
« Ils étaient au nombre de deux à trois, de forme allongée, et qui ressemblaient à des vers comme ceux qu’on trouve sur les feuilles de karité », raconte-t-elle.
Outre les raisons de santé, le CNLPE informe que les auteurs d’excision s’appuient sur d’autres motifs pour se convaincre du bienfondé de leur acte. Aussi, ils avancent fréquemment qu’ils veulent « assurer la fidélité de la femme », « empêcher le clitoris de rendre l’homme impuissant », « éviter la mort de l’enfant par le contact avec le clitoris à la naissance », « préserver la virginité de la fille » et « respecter les recommandations de la religion ».
Selon l’ex-exciseuse Billa Yerbanga, l’un des motifs de l’excision est la maternité (crédit: photo BAKALA Edith)
Sauf que toutes ces raisons sont fausses et sans fondements, assure le directeur provincial du Zoundwéogo du ministère du Genre, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Mahamadi Soulga. « Les motifs avancés concernant la maternité et l’effet du clitoris sur la performance sexuelle des hommes sont complètement faux. La preuve, il y’a des couples où la femme n’est pas excisée mais ils n’ont aucun souci à ce niveau », dit-il.
Il bat également en brèche les raisons sur la prétendue hypersexualité des non excisées, soulignant que l’aspect comportemental tient plus à l’éducation reçue qu’à la composition des organes génitaux. Quid des vertus de l’excision au niveau de la santé sexuelle ? Le docteur Inoussa Sawadogo, Médecin-chef du district sanitaire (MCD) de Manga est catégorique : « Ce sont des allégations. Tout élément de l’appareil génital de la femme qu’on enlève porte un coup à la victime parce que ce sont des organes qui ont chacun une fonction bien déterminée ».
A propos des supposés « vers » présentés à la mère des victimes d’Azèta, Dr Sawadogo assure qu’il n’en est rien. « Je n’ai pas vu ce qu’elles ont vu pour pouvoir le confirmer mais si c’est le clitoris qu’on a coupé, ça ne peut pas être un ver. C’est peut-être la forme du clitoris sectionné qu’elles ont pris pour un vers parce qu’étant un organe érectile, la membrane a cette physionomie un peu allongée comme un petit vers », soutient-il.
La tradition, un argument fallacieux
Concernant les dangers qui découlent de l’excision, le MCD de Manga note des inconvénients d’ordre psychologique comme la douleur, social comme les mésententes dans le couple et financier comme les dépenses liées aux soins. Il ajoute aussi des complications au niveau sanitaire comme le saignement, la transmission du VIH, les fistules, l’accouchement difficile et les douleurs et le manque de plaisir lors des rapports sexuels.
Toutefois, ces problèmes ne sont pas méconnus de certains auteurs de la pratique. Pour ces derniers, l’excision répond surtout au besoin de perpétuer la coutume. A écouter l’enseignant-chercheur en sociologie au Centre universitaire de Manga, docteur Moubassiré Sigué, la survivance de l’excision réside surtout dans cet ancrage culturel. Pour les communautés qui la pratiquent encore, dit-il, l’excision est perçue comme une norme sociale, un rite initiatique à respecter pour l’honneur de la fille et de la famille.
D’ailleurs, cette perception de l’excision comme une obligation sociale explique, d’après lui, que les femmes se résignent à être, à la fois, victimes et actrices. L’excision est même une activité par excellence féminine et compte très peu d’hommes « exciseurs », souligne le CNLPE. S’appuyant sur certaines littératures, Dr Sigué évoque la raison de la figuration de la femme au-devant de la pratique malgré les mesures législatives édictées pour l’éliminer.
« La femme se sent plus préoccupée par les jugements moraux et les sanctions sociales qui pèseraient sur la fille non excisée, comme par exemple l’impossibilité pour cette dernière de trouver un mari du fait de ses pulsions érotiques difficilement contrôlables. Par conséquent, bien qu’elles soient conscientes des répercussions sur la santé physique et psychologique de leurs filles, les femmes préfèrent perpétuer la pratique pour ne pas ‘’faire subir’’ à ces dernières, les conséquences de la non observation de l’excision », informe le sociologue.
Mais la tradition invoquée pour justifier la pratique de l’excision est aussi un autre argument fallacieux, estime le Naaba Kouanga de Nobéré qui s’inscrit en faux contre cette idée. « On ne peut pas assimiler l’excision à la tradition parce qu’aucune tradition, dans mon terroir en tout cas, ne parle d’une obligation de l’excision », soutient le chef traditionnel.
Zéro cas d’excision d’ici à 2030 ?
Par ignorance ou indifférence, les auteurs de la pratique clandestine de l’excision perpétuent le drame au Zoundwéogo en particulier et au Burkina Faso en général. Ils sapent les efforts du pays pour l’atteinte de l’objectif qu’il s’est fixé à savoir : zéro cas d’excision d’ici à 2030.
Pourtant, les indicateurs présentent des résultats salutaires depuis le 18 mai 1990. La date est charnière car correspondant à la mise en place du CNLPE et à la manifestation de la volonté du Burkina Faso d’entreprendre des actions visant l’élimination de la pratique dans le pays. Après plus de trois décennies de lutte, les avancées sont significatives.
Le comportement des filles tient plus à l’éducation qu’à la composition de l’appareil génital, insiste le directeur provincial du Zoundwéogo en charge du genre, Mahamadi Soulga (crédit photo : BAKALA Edith)
Selon l’Enquête démographique et de la Santé de 2010 (EDS / IV de 2010) et l’Enquête multisectorielle continue (EMC) de 2015, la prévalence de l’excision est passée, au plan national, de 75,8% à 67,6% pour les femmes de 15 à 49 ans et de 13,3% à 11,3% pour les filles de 0 à 14 ans. L’absence d’études récentes ne permet pas d’apprécier l’évolution du phénomène, ces sept dernières années.
Néanmoins, à la période sus-citée, les données désagrégées par région indiquent pour le Centre-sud, une prévalence passée de 68,2% à 65,8% pour les femmes de 15 à 49 ans respectivement pour l’EDS IV de 2010 et EMC de 2015. Dans le classement, le Centre-sud se tient relativement à distance des zones à forte prévalence qui sont, entre autres, le Nord, le Centre-nord et les Cascades avec respectivement des taux de 78,8%, 83,8% et 89,8%, selon l’EMC de 2015.
Pour une pratique séculaire et profondément ancrée dans les mœurs, les résultats sont encourageants, estime le directeur provincial en charge du genre du Zoundwéogo. La position relativement moins alarmante du Centre-sud est à mettre au compte des actions multiformes de lutte assurées par les différents acteurs du public et du privé sur le terrain. Elle tient, sans doute aussi, du fait que la région, notamment la province du Zoundwéogo, a abrité les activités de sensibilisation, aux premières heures de la lutte.
Béré est l’une des zones du Burkina Faso où se sont déroulées les toutes premières séances foraines de sensibilisation contre les MGF dans les années 1990, informe, à ce sujet, Mahamadi Soulga. Fort de ces résultats positifs à l’échelle nationale, l’ancien président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, s’est même vu sacré, depuis février 2019, champion de l’Union africaine pour la promotion de l’élimination des MGF.
Mais l’objectif de zéro cas d’excision d’ici à 2030, même s’il se dessine, reste lointain, de l’avis de Aimée Yaméogo de AZLY. Pour réduire l’échéance de ce résultat envisagé, il faudrait poursuivre encore la sensibilisation sur les dangers de la pratique à l’endroit de toutes les couches sociales et encourager les enfants à la dénonciation, soutient-elle.
La répression serait aussi un levier à actionner dans ce sens, se convainc le substitut du procureur, Ali Tarpaga. Le juge trouve qu’il s’agit en l’occurrence du langage auquel sont plus sensibles les hors-la-loi et qui visiblement aurait été déterminant dans les acquis de la lutte. « Il faut veiller aussi à ce que des tiers ne puissent pas intervenir pour faire échouer les procédures judiciaires à l’encontre des exciseuses démasquées ou arrêtées. Sans quoi, le travail que nous menons sur le terrain sera vain », renchérit la secrétaire exécutive de AZLY.
Pour sa part, Mahamadi Soulga estime que l’élimination complète de la pratique de l’excision peut être précipitée pour peu que des moyens et l’accompagnement nécessaires soient accordés aux acteurs de veille et de lutte.
Qu’à cela ne tienne, M. Soulga et les autres défenseurs des droits des filles à l’intégrité physique et à la santé peuvent déjà rayer un nom de leur liste d’exciseuses « clandestines », à en croire l’intéressée. Dans sa cellule, Azèta se dit entièrement résolue à abandonner la pratique.
Elle confie même être prête à accompagner les séances publiques de sensibilisation pour témoigner des risques encourus, à la fois par les victimes et les exciseuses. « Pour moi, c’est terminé », promet-elle. Pourra-elle seulement tenir le pari une fois hors de vue du juge et des gardiens de la loi ?
Mamady ZANGO
mzango18@gmail.com
L’article Excision dans le Zoundwéogo : Ces mains clandestines qui perpétuent le drame est apparu en premier sur Quotidien Sidwaya.
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