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Fonds minier de développement local à Houndé : Environ un milliard F CFA investi

Sidwaya est allé sur les traces des infrastructures socio-économiques réalisées dans la commune de Houndé grâce aux ressources du Fonds minier de développement local (FMDL). Zoom sur ces investissements et leur impact sur l’amélioration de l’offre de services sociaux de base, et partant, sur les conditions de vie des populations bénéficiaires.

Dans la commune urbaine de Houndé, région des Hauts-Bassins, le Fonds minier de développement local (FMDL) commence à produire ses effets en termes d’amélioration de l’offre des services socio-économiques de base. En effet, l’éducation, la santé, l’eau, le secteur marchand, l’énergie, etc. ont bénéficié, ces trois dernières années, d’investissements d’environ un milliard FCFA grâce aux ressources financières issues du FMDL. Commune minière, Houndé compte deux mines industrielles (Houndé Gold Operation S.A et Bouéré Dohoun Gold Operation S.A) et trois compagnies d’exploration, toutes filiales du Groupe Endeavour Mining. Depuis l’opérationnalisation du Fonds minier en 2018, la municipalité a reçu plus de 4,5 milliards F CFA destinés à financer des investissements.

Le directeur de la performance sociale du Groupe Endeavour Mining, Nestor Boulou : « l’enjeu est de réaliser des investissements durables ».

Dans le secteur de l’éducation primaire, 5 nouvelles écoles de 3 classes, 12 salles de classes pour la normalisation de 4 écoles et 2 écoles franco-arabes de 3 trois classes ont été construites ou sont en cours de l’être. A cela s’ajoutent l’acquisition de mobiliers scolaires et des travaux d’achèvement (réhabilitation de bâtiments, murs de clôture, latrines, etc.) des centres d’éveil et d’éducation préscolaire des secteurs 3 et 4. Ces réalisations ont coûté plus de 401 millions FCFA.

Au post-primaire, deux collèges d’enseignement général (CEG) de 4 classes à Dankari et à Siéni et le bloc administratif du lycée municipal de Houndé sont réalisés ou en cours ; le tout à environ 68 millions F CFA.

Dans le secteur de la santé, plus de 285,2 millions FCFA ont été injectés dans l’acquisition d’équipements sanitaires et la construction de 3 centres de santé et de promotion sociale (CSPS) au secteur 3 de Houndé, à Dankari et à Laho ; les deux derniers ne sont pas achevés.

Le secteur de l’approvisionnement en eau potable a, lui aussi, bénéficié d’investissements grâce au fonds minier de développement local.  Dans l’objectif de réduire la pénibilité de la corvée d’eau aux populations, 19 postes d’eau autonomes équipés de plaques solaires, châteaux d’eau et de bornes fontaines, dont 6 dans la ville de Houndé et 13 dans les villages environnants ont été réalisés, à plus de 212 millions FCFA. Dans ce même objectif, avant l’opérationnalisation du Fonds minier, la mine Houndé Gold Operations avait injecté plus de 300 millions F CFA dans l’extension du réseau de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), a fait savoir le directeur du Groupe de la performance sociale de Endeavour, Nestor Boulou.

Le CSPS de Dankari en cours de finition, financé par le Fonds minier à hauteur de 96,2millions F CFA.

Des projets en attente

Le secteur des infrastructures marchandes a également été impacté par les investissements du FMDL à travers la construction d’une cinquantaine de boutiques de rue.

Sur le plan du renforcement des capacités institutionnelles, les ressources du fonds ont également permis à la commune d’acquérir des équipements audiovisuels, une radio municipale, un véhicule au profit de la police municipale et 7 motos. Ces acquisitions ont coûté plus de 56,6 millions FCFA.

Comme autres réalisations, on note des investissements en énergie solaire au niveau de 9 CSPS, estimés à environ 22 millions F CFA, et la construction du parc à vaccination à Bouendé à 4,4 millions FCFA.

A ces infrastructures achevées ou en cours de réalisation, il convient d’ajouter, au titre du versement de la 3e tranche du FMDL, des projets évalués à plus de 1,2 milliards F CFA qui n’ont pas encore démarrés, du fait de la crise politico-administrative qui a conduit au blocage du fonctionnement du conseil municipal de Houndé. Il s’agit de la construction de 7 écoles de trois classes, 3 CEG, un CSPS à Doufian, un bitume superficiel de 3km, 100 boutiques de rue, l’extension du réseau de la SONABEL et l’équipement de la maison de la Femme de Houndé.

Le chef de la circonscription d’éducation de base de Houndé, Maxime Gnoumou : « les infrastructures réalisées grâce à ce fonds minier ont permis de réduire les effectifs dans les classes qui étaient ingérables ».

La crise n’a pas permis non plus de budgétiser les versements des dernières tranches du FMDL de 2020 et 2021, estimées à plus 2,3 milliards F CFA. Aujourd’hui, la municipalité de Houndé totalise dans ses comptes, environ 3 milliards F CFA de ressources du fonds minier non encore consommées. Le vœu des différents acteurs est de voir la reprise rapide et la poursuite des investissements dont bon nombre est en arrêt, compte tenu de la crise.

En tout état de cause, les acteurs du développement local se réjouissent des investissements déjà réalisés, qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations de la commune. Pour l’ancien député-maire de Houndé, Dissan Boureima Gnoumou, la réalisation de ces infrastructures répond aux besoins et attentes réels de ses administrés. Le rayon d’accès des populations aux soins de santé, qui, par exemple, était autour de 11 km, va passer à 4 km avec les réalisations en cours, souligne-t-il.

Selon l’ancien député-maire de Houndé, Dissan Boureima Gnoumou, les infrastructures réalisées grâce au fonds minier répondent aux besoins des populations.

« Le fonds minier est le bienvenu »

Mais l’ancien bourgmestre ne perd pas de vue les dommages collatéraux de l’exploitation minière sur le pouvoir d’achat de la population. « Bien que les services sociaux de base soient disponibles, l’économie familiale a pris un coup. La vie est plus chère à Houndé qu’à Ouaga. Fort heureusement que certaines mesures comme la gratuité des soins a permis d’atténuer le choc, de sauver la situation. Il faut noter aussi que certains jeunes ont vu leurs conditions de vie s’améliorer nettement grâce à l’emploi minier », relative-t-il.

A Dankari, village situé à 15km de Houndé, on se réjouit d’avoir bénéficié d’un CSPS, composé d’un dispensaire, d’une maternité et d’un poste d’eau autonome. « Cela fait des années que nous avons sollicité la construction de ce centre de santé, qui est en cours de finition. Nous sommes contents qu’aujourd’hui, il soit une réalité. Les populations de Dankari et des villages environnants parcourent 7 à 10 km pour se faire soigner. Notre souhait est que les constructions s’achèvent rapidement et que l’on nous affecte des infirmiers », plaide le président du comité villageois de développement (CVD) de Dankari, Lassina Pehan.

Le président du CVD de Dankari, Lassina Peha : « les populations de Dankari et des villages environnants parcourent 7 à 10 km pour se faire soigner ».

Ce soulagement se ressent également au niveau de l’éducation, où l’on enregistrait des effectifs moyens par classe variant entre 110 et 120 élèves, avec des pics de 180 élèves par moment.

« Le fonds minier est le bienvenu car les attentes sont énormes en matière de besoin d’infrastructures et d’équipements scolaires. Les infrastructures réalisées grâce à ce fonds ont permis de réduire les effectifs dans les classes qui étaient ingérables. Très souvent, nous étions obligés de suspendre les recrutements. Ce qui fait que beaucoup d’élèves n’ont pas la chance d’aller à l’école », souligne le chef de la circonscription d’éducation de base de Houndé, l’inspecteur Maxime Gnoumou. Il souhaite qu’une solution soit trouvée à l’arrêt de certains chantiers, mais aussi que les équipements des écoles soient davantage pris en compte.

Tout en saluant la réalisation des boutiques de rue, les acteurs du secteur informel déplorent l’absence d’électricité qui constitue un handicap au développement de leurs activités. Ils souhaitent la réduction du coût du loyer fixé à 10 000 F CFA, qu’ils trouvent élevé au regard de la morosité de l’activité économique.

La couturière à Houndé, Abibata Zongo : « nous souhaitons que la mairie baisse le prix de la location des boutiques de rue ».

La durabilité des investissements

Si la pertinence des projets inscrits dans le cadre du fonds minier n’est plus à démontrer, une attention soutenue doit cependant être portée sur la qualité, la durabilité des infrastructures.

« Les projets retenus s’inscrivent dans l’ordre des priorités de la commune, notamment en matière de santé, éducation, eau. Pour nous, la pertinence des projets ne se discutent pas. L’enjeu est de réaliser des investissements durables. C’est là que le suivi doit être rigoureux de sorte que les réalisations du FMDL s’inscrivent dans la durée. Les acteurs locaux, notamment la société civile, à travers le comité de veille, le comité communal de suivi du FMDL, doivent assurer ce suivi citoyen pour permettre que les différents projets, en plus d’être pertinents, s’inscrivent dans une logique de durabilité », préconise Nestor Boulou, Directeur de la Performance Sociale du Groupe Endeavour Mining.

Dans la même veine, Mamadou Bonkian, membre de la société civile de Houndé, estime que ce travail de veille doit être un maillon essentiel.  Car sans cela, on aura eu un fonds minier à coût de milliards qui n’aura servi à rien, si la durée maximale de vie des infrastructures est de 5 ans, renchérit-il.

Pour le représentant de la société civile de Houndé, Mamadou Bonkyan, la veille citoyenne est un maillon essentiel dans le processus de réalisation des investissements.

La communication sur le fonds minier et les réalisations qui en découlent constitue également un défi que la mine, la commune et l’administration centrale doivent relever pour une appropriation du FMDL par les populations, soulignent MM. Boulou et Bonkian.

La société civile plaide aussi pour une consultation des populations et des services techniques déconcentrés dans la définition des projets de développement. Tout le monde est unanime sur la nécessité de relire les textes régissant le FMDL en vue de prendre en compte le financement de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, l’investissement dans le capital humain, etc.

Pour plus de redistribution des revenus miniers, il est impérieux que le fonds minier soit effectif dans toutes les communes, surtout celles minières, insiste Nestor Boulou. Car, il est inconcevable que des milliards F CFA du fonds dorment dans les comptes des communes alors que les populations ont des besoins pressants en matière de services socio-économiques.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

 

Ressources du FMDL versées à la commune de Houndé 

Tranches de versement
Montants (en F CFA) versés à la commune
Observations

2018
189 070 753
 

2019 (1er semestre)
 747 756 821
 

2019(2e semestre)
1 213 233 041
 

2020
1 015 190 760
Non budgétisé

2021  (1er semestre)
1 355 346 298
Non budgétisé

Total des versements
4 520 597 673
 

Montant disponible dans les comptes de la commune
Environ 3 000 000 000
 

 

Source : Mairie de Houndé

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